L’Iran a fixé trois lignes rouges liées au danger daechiste en Irak : la capitale Bagdad, les lieux saints à Najaf, Karbala et Samarra et les frontières irako-iraniennes.
Neuf mois se sont écoulés au lancement de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis contre le groupe terroriste takfiriste Daech (EI) en Irak. Il y a quelques jours, un responsable américain vient de déclarer que cette stratégie a besoin d’une « révision ».
En effet, les Etats-Unis ont pris la décision de libérer l’Irak en échange d’engagements de la part du gouvernement irakien. Des engagements qui garantissent les intérêts stratégiques US en Irak à long terme et qui ouvrent la voie à un remodelage du système politique irakien selon le principe du partage confédéral adopté par les Etats-Unis.
Cependant, l’aide logistique directe offerte par la République Islamique en Iran dans la lutte contre Daech a poussé les Américains à mettre en place des plans alternatifs basés sur deux points:
- Se réserver une place sur la scène irakienne pour empêcher le monopole iranien de la situation sur le terrain.
- Fixer des lignes rouges politiques aux dirigeants irakiens pour limiter l’action des factions de la résistance et des forces de la mobilisation populaire face à Daech, et les empêcher de pénétrer dans les provinces à majorité sunnite : Salaheddine, Ninive, et Anbar.
Imposer ces limites sert en premier lieu la politique américaine en Irak, basée sur le partage du pays. Pour cette raison, Washington craint que l’entrée des forces de la mobilisation populaire n’impose du fait accompli politique et démographique et n’entrave la mise en application de sa politique.
Alors que les forces de la mobilisation pourchassaient Daech d’une ville à une autre, avec l’intervention directe de l’Iran, la coalition internationale se contentait de dénombrer les raids menés contre le groupe terroriste et les morts présumés.
Effectivement, cette coalition n’a pas pu libérer un village et un seul à travers les frappes aériennes, bien que le commandement des opérations militaires US ait réclamé maintes fois de prendre part aux opérations des forces populaires et du général iranien Qassem Souleimani, dirigeant des brigades al-Qods.
Mais à chaque fois, les forces irakiennes concernées opposent un « non » catégorique, accompagné de menaces de traiter avec les avions de la coalition comme étant « une partie ennemie » en cas d’ingérence dans la zone d’action des forces populaires.
Avec l’entrée des forces de la mobilisation populaire dans la province de Salaheddine, et la finalisation des préparatifs pour libérer la ville de Tikrit, les avions de la coalition ont subitement lancé une série de raids dans la ville. Il s’est avéré ensuite que le Premier ministre Haidar Ebadi a donné le feu vert à la coalition US pour participer au processus de la libération, malgré l’opposition des forces de la mobilisation !
A travers cette mesure, les Américains ont tenté de fixer une nouvelle fois leurs lignes rouges, en poussant les forces de la mobilisation chiite à ne pas entrer dans la ville sunnite.
Mais face à la tergiversation et l’indécision de l’armée irakienne, des factions de la mobilisation populaire ont pris l’initiative et avancé avec force sur plusieurs fronts, pour aider les forces de la police et les soldats. En deux jours, Tikrit a été libérée.
La conquête d’al-Anbar
Ensuite, est survenue la chute de Ramadi aux mains de Daech, malgré le déploiement de six bataillons militaires de l’armée et de la police fédérale.
C’est ainsi que tout le monde a réalisé que la libération des villes irakiennes ne peut avoir lieu sans la participation des forces de la mobilisation populaire.
Et les Américains, qui aspiraient à reprendre le même scénario de Tikrit à Al-Anbar, en évinçant les forces de la mobilisation populaires, ont échoué
dans leur stratégie.
Au su et au vu des Américains !
Sachant que la chute de Ramadi et l’avancée de Daech à al-Anbar a eu lieu en présence de centaines de conseillers américains à la base d’Ain el-Assad et de Habbaniyeh, situés à quelques kilomètres du déploiement de Daech.
Echec stratégique américain
Les Américains ont ainsi réalisé avoir subi un échec stratégique face aux choix alternatifs consacrés par l’Iran et ses alliés irakiens.
Le porte-parole du Pentagone, Steve Warn, a alors rapporté que « Washington ne s’oppose pas à la participation des factions chiites aux combats tant qu’elles sont sous le commandement du ministère irakien de la défense. La Maison Blanche salue l’aide que ces factions fournissent aux forces sécuritaires, et ceci est positif en cas de lutte exclusive contre les miliciens de Daech ».
Pour bien comprendre l’ampleur de l’échec américain en Irak, il suffit de rappeler les propos de l’ancien chef de la CIA, le général David Petraeus, qui a affirmé haut et clair que « le danger des groupes chiites est plus grand que celui de Daech ». Selon lui, « les milices chiites représentent le plus grand danger sur la stabilité de l’Irak à long terme ».
Troisième défaite américaine
Du point de vue stratégique, Washington a perdu trois fois l’Irak, et à chaque fois, cette perte profitait à son ennemi juré dans la région, l’Iran.
La première défaite lorsque les Etats-Unis ont dû se retirer sous les frappes de la résistance liée à tous les plans à l’Iran.
La deuxième lorsque Washington n’a pas pu obtenir en échange de son retrait des engagements stratégiques qui garantissent leurs intérêts.
La troisième défaite américaine est survenue lorsque l’Iran a avorté le retour américain en Irak sous le prétexte de l’invasion de Daech, à travers la supervision iranienne de l’armement et du soutien aux forces de la mobilisation populaire.
Aujourd’hui, il est plus que jamais clair que les limites que Washington a tenté d’imposer sur les forces populaires se sont brisées suite aux développements à al-Anbar. Les forces d’al-Hached Chaabi (de la mobilisation populaire : ndlr) sont désormais la seule force capable de repousser et de vaincre Daech, aux yeux de l’opinion publique irakienne, régionale voire internationale.
Ces forces populaires s’apparentent de plus en plus aux gardiens de la révolution iranienne, ou au Hezbollah libanais ou encore au mouvement Ansarullah au Yémen.
Alors que la stratégie US a connu une défaite cuisante, l’Iran a fixé trois lignes rouges liées au danger daechiste en Irak : la capitale Bagdad, les lieux saints à Najaf, Karbala et Samarra et les frontières irako-iraniennes.
Source: Al-Akhbar