Ce sont les employés du secteur public qui cosntituent le gros lot des exécutions qu’ils ont commises.
Le journaliste britannique Robert Fisk s’est penché sur le sort des humains à Tadmor, ville syrienne du gouvernorat de Homs connue sous l’appellation Palmyre et victime le mois dernier de l’invasion de la milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique).
S’étonnant que les medias internationaux ne soient intéressés qu'aux monuments , il s’est rendu sur place pour recueillir les témoignages des rares personnes qui ont réussi à échapper aux envahisseurs, dans la ville voisine de Hayan, située sur les gisements de pétrole et de gaz du désert syrien.
Il raconte que sur les 50 ouvriers qui travaillaient dans l’usine de traitement du pétrole et du gaz d’Assad Sulieman, 25 on été assassinés, au milieu d’au moins 400 civils – y compris des femmes et des enfants – . Ils étaient en repos et ont été sortis de leurs maisons. Ils ont été simplement emmenés et mis à mort parce qu’ils étaient des employés du gouvernement (secteur public).
Le directeur de l’usine révèle avoir lui et ses employés fait l’objet de menaces par téléphone de la part des miliciens.
C’est le frère d’un ingénieur pétrolier rencontré par Fisk sous le couvert de l’anonymat, et qui donnait le jour funeste un cours à l’Université de Damas, qui a pris des photos des corps : tous des hommes décapités.
Selon Fisk, certaines photos sont trop horribles pour être publiées. On y voit des têtes séparées des torses, du sang qui coule en ruisseaux le long de la rue.
« Daesh a forcé les gens à laisser les corps dans les rues pendant trois jours.Les habitants ont dû attendre leur permission pour ramasser les corps ou les enterrer » a indiqué l’ingénieur.
Il rapporte que sa famille lui a raconté que deux hommes de Daesh ont tué trois infirmières : une dans sa maison, une autre dans la maison de son oncle, une troisième dans la rue. « Peut-être parce qu’elles avaient aidé l’armée [en tant qu’infirmières]. Le bruit a couru qu’elles avaient été décapitées, mais mon frère dit qu’elles ont été abattues d’une balle dans la tête », précise-t-il.
Il est également question de gens qui en s’enfuyant précipitamment ont péri lorsque leur voiture a roulé sur des explosifs que les miliciens daeshistes avaient placés sur les routes. Dont un général syrien à la retraite de la famille al-Daas et sa femme, une pharmacienne de 40 ans, et son fils de 12 ans. Selon des rapports ultérieurs, il y a eu aussi des exécutions dans l’ancien théâtre romain situé au cœur des vestiges de l’antique Palmyre.
Le journaliste britannique a aussi rencontré l’homme qui selon lui connait le mieux les dangers de la guerre en Syrie, le général Fouad.
Officier de carrière ayant enregistré sa plus grande victoire sur les rebelles dans une chaîne de montagnes voisine, au moment où son fils a été tué en combattant à Homs, il lui confie avoir ressenti un «grand choc » lorsque Tadmor est tombée. Il pense que les soldats qui se battaient depuis longtemps pour défendre la ville ne s’attendaient pas à une attaque d’une telle force. Selon d’autres militaires – pas le général – « l’État islamique » avançait à ce moment-là sur un front large de 75 km, ce qui a submergé l’armée.
« Ils n’iront pas plus loin », a affirmé le général Fouad. « Nous les avons repoussés quand ils ont attaqué trois sites d’exploitation l’an dernier. Nos soldats ont pris et fouillé quelques uns de leurs quartiers généraux locaux dans la montagne Shaer. Nous avons trouvé des documents sur nos installations de production, nous avons trouvé des livres religieux takfiris. Et nous avons trouvé de la lingerie. »
Fisk rapporte qu’une question taraudait ce général, comme presque tous les officiers syriens qu’il a rencontrés dans le désert – et tous les civils : « Les Américains, qui disent vouloir détruire Isis, savaient bien, grâce à leurs satellites, que des milliers d’hommes armés se massaient pour attaquer Palmyre. Pourquoi n’ont-ils pas prévenu les Syriens ? Et, même si Washington n’aime pas le régime d’Assad, pourquoi ne les ont-ils pas bombardés ? Ils étaient pourtant une cible facile pour l’armée de l’air des États-Unis pendant les jours qui ont précédé l’attaque sur Palmyre. C’est une question à laquelle il faudra un jour donner une réponse ».
Source : The Independant ; traduit par Info-Palestine