"C’est la première fois que nos partenaires non seulement en Europe, mais partout dans le monde, réexaminent la coopération avec le BDN. Les signaux que nous recevons ne sont pas positifs"..
Les révélations concernant l'affaire d'espionnage de responsables européens par les services secrets américains et allemands provoquent la colère non seulement en Europe, mais aussi outre-Atlantique.
Plus de 2.000 hommes politiques et institutions des pays membres de l'UE ont été la cible des services de renseignement américain et allemand, rapporte le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.
La divulgation de certains détails concernant l'espionnage mené par le Service fédéral de renseignement de l'Allemagne (BND) sur l'initiative de l'Agence nationale de la sécurité des Etats-Unis (NSA) a provoqué la colère en Europe. Ainsi, le gouvernement belge a déjà lancé une enquête préliminaire. Pourtant, ce n'est pas l'Europe qui risque de causer le plus de problèmes à Berlin.
"Le scandale ne peut pas être oublié. Il est désagréable. D'un côté, la chancelière Angela Merkel devrait faire face au mécontentement de ceux qui ont été espionnés, de l'autre côté il existe une menace pire que cela: la colère des Etats-Unis. La chancellerie fédérale et le BND s'attendent à une réaction brusque de Washington au cas où les détails de l'espionnage mené par les services de renseignement américains seraient rendus publics", remarque le journal.
Selon des diplomates allemands, Washington ne réalise pas de déclarations directes. Néanmoins, leurs collègues américains s'inquiètent. En cas de révélations plus détaillées, ils tireront la conclusion que les services allemands ne sont pas fiables.
Au total, le document secret de la NSA et du BDN contient une liste de noms de 7.089 personnes et établissements européens. Selon Süddeutsche Zeitung, certaines personnes ont fait l'objet d'un espionnage plus intense que d'autres.
"Cela signifie que presque chaque pays d'Europe est concerné. Il est évident qu'avec l'aide du BDN, la NSA essayait d'espionner de hauts fonctionnaires", constate le quotidien.
"C'est la première fois que nos partenaires non seulement en Europe, mais partout dans le monde, réexaminent la coopération avec le BDN. Les signaux que nous recevons ne sont pas positifs", a fait savoir le chef du BDN Gerhard Schindler.
En avril 2002, la NSA et le BND ont signé un accord sur la surveillance dans le domaine des communications électroniques. Les Américains s'engageaient à n'entreprendre aucune action qui entrerait en contradiction avec le droit allemand. En 2005, le BND a découvert que la NSA réalisait des demandes concernant la surveillance de corporations européennes (EADS, Eurocopter). En 2008, le BND a envoyé à la chancellerie fédérale une note avertissant que les Américains "poursuivaient en Europe leurs propres objectifs". Par la suite, le BND a bloqué jusqu'en 2013 près de 40.000 requêtes de recherche de la NSA. En mars 2010, le BND a présenté à la chancellerie fédérale des avertissements similaires pour la deuxième fois.
Pendant l'été 2013, l'ancien employé de la NSA Edward Snowden a divulgué des informations sur les pratiques des services de renseignement américains en Europe. La même année, le BND a bloqué encore 2.000 requêtes. En mars 2014, une commission spéciale a commencé son travail au Bundestag sur les activités du BND en matière de la coopération avec la NSA.
Il est incontestable que les Américains ont violé le document signé entre les deux parties en 2002 censé règlementer les activités conjointes au Centre d'écoutes à Bad Aibling (ville allemande). Ainsi, selon l'annexe 1 du document, "les objectifs européens" ne peuvent être mis sur écoute que dans des cas exceptionnels concernant le terrorisme, la prolifération des armes nucléaires ou le trafic de drogues. L'espionnage politique est interdit, souligne Süddeutsche Zeitung.
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