22-11-2024 11:40 PM Jerusalem Timing

Nucléaire iranien: enquêtes en Suisse sur des actes d’espionnage israéliens

Nucléaire iranien: enquêtes en Suisse sur des actes d’espionnage israéliens

"Israël doit défendre ses intérêts en matière de sécurité (...) Mais nous n’espionnons pas les Etats-Unis. Il y a suffisamment de participants à ces négociations, y compris les Iraniens".

Les autorités suisses et autrichiennes ont indiqué jeudi avoir ouvert, séparément, des enquêtes sur des soupçons d'espionnage informatique dans des hôtels où se déroulaient des négociations sur le nucléaire iranien, « Israël » étant pointé du doigt par des experts informatiques.

Le parquet suisse a ouvert en mai une enquête pénale contre X pour soupçon d'espionnage, a indiqué jeudi à l'AFP le ministère public, confirmant des informations de la radio-télévision suisse RTS.

"Du matériel informatique a été saisi dans le cadre d'une perquisition le 12 mai", a-t-il ajouté, sans dire où celle-ci avait été menée.

Le gouvernement suisse a donné son feu vert à cette procédure le 6 mai et le parquet a agi sur la foi d'"un rapport officiel du Service de renseignements de la Confédération".

Selon la RTS, trois des hôtels en Suisse qui avaient accueilli ces négociations ont été infectés par un virus informatique.

Ces discussions entre diplomates et experts des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France plus l'Allemagne) et de l'Iran ont donné lieu à de nombreuses sessions de négociations, pour la plupart en Suisse et en Autriche, depuis novembre 2013.

"Des investigations sont en cours" concernant notamment le Palais Coburg, où se sont tenues plusieurs sessions de discussions à Vienne, a déclaré à l'AFP Karl-Heinz Grundböck, un porte-parole du ministère autrichien de l'Intérieur, confirmant une information de l'agence nationale APA.

Les négociateurs iraniens ont toujours été "prudents" face aux risques d'espionnage et d'écoutes, a assuré jeudi un membre de l'équipe iranienne cité par l'agence officielle Irna.

"Les négociations ont des ennemis qui emploient tous les moyens", a-t-il ajouté, assurant que les négociateurs iraniens avaient réussi à "préserver le secret".

Le porte-parole du département d'Etat, Jeffrey Rathke, a expliqué de son côté que le gouvernement américain était "au courant" de ces enquêtes, sans toutefois se prononcer sur une éventuelle entraide judiciaire entre Washington, Vienne et Berne.

M. Rathke a exprimé la confiance de Washington dans le secret des tractations. "Nous avons pris et prenons des mesures pour être sûrs que les détails confidentiels et sensibles des négociations restent dans le secret du huis clos", selon lui.

Le Wall Street Journal avait le premier affirmé en mars que ces négociations avaient été espionnées, en accusant « Israël ».

Le journal avait cité des responsables américains, affirmant que l'opération israélienne visait à recueillir des informations pour s'opposer aux termes de l'accord.

« Israël » avait nié avoir espionné les négociateurs américains

"Bien évidemment, Israël doit défendre ses intérêts en matière de sécurité (...) Mais nous n'espionnons pas les Etats-Unis. Il y a suffisamment de participants à ces négociations, y compris les Iraniens", avait déclaré en mars Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie israélienne.

De son côté, la société russe de sécurité informatique Kaspersky Lab a indiqué avoir découvert dans son propre réseau interne un virus baptisé Duqu, soupçonné d'avoir été utilisé pour espionner les négociations.

Duqu, que l'on pensait éradiqué depuis 2012, est un logiciel d'espionnage sophistiqué similaire au virus Stuxnet, considéré par nombre d'observateurs comme venant d' « Israël ».

"Notre analyse technique indique que ces nouvelles attaques incluent une version mise à jour du virus Duqu de 2011, que l'on considère parfois comme +un beau-frère+ de Stuxnet", indique Kaspersky.

Stuxnet était un virus développé par les Etats-Unis ou "Israël" en 2007, ou même avant. Il avait attaqué à l'automne 2010 le programme nucléaire iranien, en particulier ses centrifugeuses.

Les spécialistes de Kaspersky ont souligné que le nouveau Duqu était très difficile à détecter car il ne change aucun des réglages des ordinateurs et des réseaux informatiques auxquels il s'attaque.

Les saisies de matériel informatique en Suisse ont visé à "mettre à l'abri des informations et à constater si des systèmes informatiques ont été infectés par des virus", a précisé André Marty, porte parole du parquet de la Confédération aux médias suisses.

L'Iran et les grandes puissances, engagés depuis plus de 20 mois dans d'intenses tractations, ont conclu en avril à Lausanne un accord intermédiaire, mais un responsable américain a jugé jeudi que les négociations pour aboutir à un accord final pour la date butoir du 30 juin seraient "difficiles".

L'accord final doit garantir le caractère pacifique de ce programme nucléaire, et lever en contrepartie les sanctions internationales imposées contre l'Iran.

Avec AFP