80% des Yéménites affectés par la guerre, affirme des ONG humanitaires quie appellent à un cessez-le-feu.
Plus de 11 personnes sont tombées en martyre et plusieurs autres blessées dans des raids saoudiens contre un marché populaire dans le gouvernorat de Baqem à Saada, a rapporté le correspondant d'AlManar. Les frappes de vendredi interviennent quelques heures après les propos du chef de la diplomatie qatarie sur le Yémen.
Une autre frappe saoudo-américaine a touché ce vendredi la vieille ville de Sanaa, faisant cinq morts et détruisant trois maisons dans ce secteur classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité. La chute du missile a cependant démoli des maisons de trois étages et tué cinq personnes, dont une femme et un enfant, ont indiqué des sources médicales et des témoins.
Dans un communiqué, la directrice générale de l'organisation onusienne basée à Paris, Irina Bokova, s'est dite "profondément affligée par les pertes de vies humaines et les dommages infligés à l'un des plus anciens joyaux de l'urbanisme islamique au monde".
La coalition dirigée par Ryad ne cessera pas ses frappes aériennes contre le Yémen, a affirmé jeudi Khalid al-Attiya.
La coalition "ne s'arrêtera pas sans application des résolutions du Conseil de sécurité (de l'ONU), et particulièrement la résolution 2216", a déclaré M. Attiya à des journalistes, selon l'AFP.
Cette résolution adoptée le 15 avril somme les forces populaires d’Ansarullah (Houthis) de négocier, et de se retirer des territoires qu'ils ont libérés des miliciens d’Al-Qaïda et de ceux du président démissionnaire en fuite Abed Rabbo Mansour Hadi.
La déclaration du ministre qatari des Affaires étrangères intervient après une réunion avec ses homologues des autres pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït et Oman.
Seul Oman ne participe pas aux frappes aériennes contre le Yémen, commencées le 26 mars.
Des renforts saoudiens pris en embuscade
De l’autre côté des frontières, l’armée saoudienne tente en vain de sauver son image face à la bravoure des forces yéménites. Pas un jour ne passe sans que l’armée appuyée par les forces populaire d’Ansarullah ne riposte sur les agressions saoudiennes.
Des dizaines de soldats saoudiens ont été tués lors des attaques yéménites contre leurs bases à Najrane et Jazzane.
Ce vendredi, l’agence yéménite Yemeni Press a publié une vidéo montrant l’échec des tentatives saoudiennes de reprendre la base de Touwaylek, conquise à maintes reprises par les forces yéménites.
Pour reprendre cette base, Ryad a dépêché des dizaines de blindés appuyés par des chars et des bulldozers, mais ces renforts ont été pris en embuscade par l’armée et les forces populaires yéménites.
80% des Yéménites affectés par la guerre, appel à un cessez-le-feu
Sur le plan humanitaire, treize organisations humanitaires ont appelé à un cessez-le-feu "immédiat et permanent pour sauver des millions" de vies au Yémen où 80% des civils sont affectés par la guerre et ont besoin d'assistance, selon un communiqué publié avant des pourparlers de paix dimanche à Genève.
Le conflit, qui a connu une nette escalade en mars avec les bombardements de l'aviation saoudienne, touche 20 millions de personnes au Yémen, estiment les 13 associations impliquées dans ce pays.
"Les Yéménites font partie de ceux qui ont les plus grands besoins humanitaires au monde", souligne le texte conjoint, signé entre autres par Action Contre la Faim (ACF), Care, Oxfam et Save the Children.
"Le Yémen a urgemment besoin d'un cessez-le-feu permanent", de la levée du "blocus économique initié par l'Arabie saoudite", de l'arrêt de "l'approvisionnement en armes de toutes les parties" et d'une "augmentation conséquente du financement des actions humanitaires et du développement à long terme", expliquent les ONG.
"Que le monde continue à regarder en toute indifférence le désastre humanitaire sans précédent qui se déroule actuellement au Yémen est inacceptable et irresponsable", a affirmé Hanibal Abiy Worku, directeur des opérations de Norwegian Refugee Council (NRC) dans ce pays.
Le NRC est également signataire du communiqué conjoint reçu par l'AFP à Dubaï.
L'ONU a prévu de réunir à partir de dimanche à Genève des représentants des parties yéménites en conflit, mais il est peu probable que ces "consultations" aboutissent à une cessation permanente des hostilités, estiment des experts.
L’agression saoudo-américaine contre Yémen a fait plus de 2.000 martyrs et près de 10.000 blessés, dont de nombreux civils.
Plus d'un demi-million de personnes ont été déplacées et la population de ce pays pauvre de la péninsule arabique manque de tout, en particulier de nourriture, d'eau potable, de médicaments et de carburant.