Solana estime que le conflit n’est pas non seulement « entre sunnites et chiites» mais aussi entre les sunnites eux-mêmes
L'ancien Haut Représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne, Javier Solana a appelé depuis Bruxelles à "une alliance stratégique avec l'Iran".
S'exprimant lors d'une conférence organisée par le centre de recherche "le Conseil européen pour les relations étrangères", à laquelle a participé un groupe d'universitaires et de politiciens bien connus, Solana a estimé que "l'Iran est le seul pays capable de combattre Daesh", surtout qu'"il a mis en garde contre l'expansion de l'organisation terroriste vers Damas".
«En fin de compte, si nous voulons être honnêtes avec nous-mêmes, nous ne pouvons qu'admettre que l'Iran est le seul capable de se battre contre Daesh» a-t-il indiqué.
Et de souligner : " Daesh provoque une situation complexe qui exige une stratégie à long terme, car il a été créé pour rester et donc il faut planifier et calculer à long terme. Or, le pays le plus exposé à cette menace est la Syrie et non l'Irak . Je vous parie même que Daesh ne peut pas contrôler l' Irak, mais je ne peux pas affirmer que Daesh ne pourra pas mettre la main sur Damas".
Et donc concernant l'absence d'un partenaire stratégique dans la lutte contre le terrorisme, Solana a estimé que "l'Arabie saoudite n'est pas prête à jouer un rôle crucial contre Daesh", invoquant le changement de position récemment adopté par Ryad.
"Ainsi, si l'Arabie est apparu au début du conflit comme un élément essentiel dans la coalition internationale menée par les États-Unis, la situation s'est inversée plus tard puisqu'actuellement les dirigeants saoudiens ne sont pas intéressés par la défaite de Daesh mais plus par leur guerre au Yémen", a-t-il ajouté.
De même, "l'Égypte n'est pas capable selon Solana, de participer réellement et activement dans une coalition contre Daesh, étant trop préoccupée par sa conjoncture interne".
Et donc pour Solana il ne reste que Téhéran d'autant plus que "la signature éventuelle d'un accord nucléaire renforcera son rôle en tant qu'acteur régional stratégique".
Et d'ajouter : " si l'accord est conclu, la situation changera radicalement pour l'Iran et aussi pour la région dans son ensemble. Et ce , pas seulement en raison de l'accord, mais aussi en raison des réactions que cet accord risque de provoquer . La première celle de Riyad que Solana s'attent à être " très mauvaise " face à l'accord nucléaire.
Toujours selon Solana, "la réaction saoudienne comprendrait deux volets. Un volet politique qui s'est déjà déclenché à travers la pression qu'exerce l'Arabie Saoudite sur les Etats-Unis et l'Union européenne afin d'empêcher l'Iran de devenir un acteur régional majeur ", notant que " cela représente pour l'Arabie la grande bataille ".
Dans le volet économique, Solana s'attend à ce que Ryad noie probablement le marché du pétrole pour empêcher l'Iran de profiter de ses revenus pétroliers après la levée des sanctions qui hausseront certainement ses exportations énergetiques".
Toutefois, "il faut encore que cet accord nucléaire soit signé", précise Solana.
Or, selon ses informations, sachant qu'il entretient des relations avec les décideurs de l'Occident, "l'accord ne sera pas conclu à la fin du mois de Juin , voire les négociations risquent fort de se prolonger plus longtemps. Car, deux problèmes ont surgi, suite au discours du guide suprême de la Révolution islamique Ali Khamenei dans lequel il a défini de nouvelles lignes rouges: le premier problème est l' inspection des sites militaires, et le deuxième problème l'interrogatoire des scientifiques iraniens qui ont lancé le programme nucléaire de l'Iran".
Un conflit entre les Sunnites
Cela dit, Solana estime que le conflit n'est pas non seulement « entre sunnites et chiites»- avis partagé par de nombreux participants à ladite conférence- mais aussientre les sunnites eux-mêmes.
Il a évoqué les problèmes auxquels sont confrontés les Etats du golfe Persique, et les tentatives d'un certain Islam politique de les régler.
A ce titre, rappelons les propos du président américain Barack Obama qui a mis en garde les dirigeants du Golfe de la menace qui provient de l'intérieur de leurs commuanutés et non de l'Iran.
Concernant le premier conflit, Solana estime qu'il vaut mieux que "personne ne gagne" , sachant que l'Occident tente de parvenir à un règlement dans ce conflit en dépit de ses difficultés.
Pour ce qui est du second conflit, il estime que «l'extrémisme sunnite ne doit pas l'emporter".
A cet égard, il rappele la visite du secrétaire d'Etat américain John Kerry à Moscou et sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le mois dernier, commentant que " le voyage de Kerry à Sotchi a soulevé un point: celui de la façon de traiter avec les Alaouites".
Et de conclure: " des progrès ont été réalisés dans cette direction".