23-11-2024 11:17 AM Jerusalem Timing

Les Kurdes d’Irak divergent sur l’indépendance du Kurdistan

Les Kurdes d’Irak divergent sur l’indépendance du Kurdistan

Les mesures effectives vers l’indépendance ont commencé avec la fin de la visite du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani aux Etats-Unis et à certains pays européens le mois dernier.

Depuis l’occupation par le groupe terroriste takfiriste Daech de larges pans de l’Irak, et à l’ombre des divergences entre Erbil à majorité kurde et Bagdad, les appels à l’indépendance de la province et à la proclamation de l’Etat kurde promis se sont multipliés.

C’est dans ce cadre que les partis kurdes ont commencé à étudier les options possibles, malgré des divergences internes sur le timing de l’annonce de l’indépendance et les frontières de l’Etat.

Les mesures effectives vers l’indépendance ont commencé avec la fin de la visite du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani aux Etats-Unis et à certains pays européens le mois dernier. Il a été question de la conjoncture actuelle et de l’avenir de l’Etat kurde.  

Barzani avait rapporté du président américain Barack Obama qu’il « comprenait les aspirations du peuple kurde ».

Dans une interview accordée à la chaine de télévision américaine CNN, ce dirigeant kurde a fait état de « mesures réelles vers l’indépendance », assurant que les kurdes poursuivront sur cette voie, qui est un droit naturel du peuple kurde ».

« Nous ne savons pas quand l’indépendance aura lieu, cette année ou l’année prochaine. Il est difficile de fixer un délai mais nous espérons que ceci aura lieu le plus rapidement possible », a déclaré Barzani, tout en se disant confiant que le « Kurdistan indépendant aura certainement lieu… c’est un processus continu. Nous n’allons pas cesser nos efforts, et nous n’allons pas reculer ».

Divergences sur le timing de l’annonce de l’Etat

Quelques jours après son retour, Barzani a rencontré les représentants des partis kurdes  pour se concerter sur l’avenir du Kurdistan à l’ombre des développements en Irak.

Selon le journal libanais al-Akhbar citant un participant à la réunion, les partis kurdes sont convenus d’étudier les options possibles et les résultats de l’indépendance du Kurdistan, ainsi que les obstacles à cette scission.

Ainsi, une chambre d’opération commune regroupant les partis kurdes sera mise en place pour présenter un projet clair sur deux dossiers : la stratégie qui sera adoptée pour traiter avec le gouvernement central dans le futur, et la position des différents partis sur l’indépendance de la province. Un référendum sera tenu au sujet de l’indépendance pour obtenir l’approbation de la population du Kurdistan.

Les réunions des partis se font simultanément avec des réunions de la commission chargée de l’élaboration de la première constitution de la province, qui sera différente de celle de l’Irak.

En effet, l’offensive menée par Daech a provoqué entre autre des problèmes pétroliers dans l’accord de l’an dernier entre les gouvernements d’Erbil et de Bagdad, au sujet de la vente du pétrole du Kurdistan, pilier essentiel de la force de l’économie du Kurdistan.

Selon l’expert des affaires politiques, Ribwar Karim, interrogé par al-Akhbar, « le scénario actuel proposé pour l’indépendance de l’Etat kurde commence par l’indépendance économique avant tout, et passe ensuite par l’indépendance politique et géographique ». 

Pour sa part, un membre du parlement du Kurdistan et du parti démocrate kurde, Pierre Doski, estime que les efforts de l’indépendance doivent commencer par le désengagement du gouvernement central et de la Constitution de l’Irak.

« La province est attachée au système fédéral comme le stipule la Constitution irakienne, mais Bagad continue de traiter avec nous à la base d’un gouvernement central. Si cette mentalité se poursuit, et que la province ne touche pas ses redevances financières, nous serons obligés de proclamer l’indépendance économique, et en cas d’entrave de la part du gouvernement central, nous nous dirigerons vers l’indépendance politique aussi », a-t-il averti.

Pendant ce temps, les partis kurdes divergent sur le timing de la proclamation de l’indépendance. Le parti démocrate kurde, dirigé par Massoud Barzani, est l’un des promoteurs d’une indépendance dans les plus brefs délais, sans trancher le statut de la province de Kirkouk, riche en pétrole, ou d’autres régions controversées entre Bagdad et Erbil.

Mais le parti de l’Union nationale kurde, dirigé par Jalal Talabani, émet des réserves sur le timing de la proclamation de l’Etat et tente de la reporter.

D’autres partis kurdes expriment des craintes sur les résultats d’une telle mesure à l’heure actuelle et son impact négatif sur la province du Kurdistan.

Delire Mostapha , député de l’union nationale, précise que le Kurdistan doit être prêt à l’indépendance sur le plan interne et externe. Pour lui, la conjoncture actuelle n’est pas favorable.

Les frontières de l’Etat kurde, autre point de divergence

Par ailleurs, les partis kurdes divergent sur les frontières de l’Etat attendu. Le mouvement du changement lie l’annonce de l’Etat à l’annexion de régions controversées avec le gouvernement central, surtout la province de Kirkouk.

Il a présenté un projet à Barzani pour annexer ces régions au Kurdistan via un référendum concernant la population de Kirkouk, qui représente un mélange de kurdes, d’arabes et de turkmènes. 

Mais il ne semble pas que le parti démocrate kurde insiste sur l’annexion de ces régions controversées. La raison serait la possibilité d’un changement de l’équilibre de forces dans la province en faveur de Jalal Talabani, très populaire à Kirkouk.

Le spécialiste de droit, Brant Oléry, avance que la meilleure solution passe par un accord avec le gouvernement fédéral qui garantisse la reconnaissance par Bagdad de la confédération et du droit à l’autodétermination du Kurdistan. « Sans l’approbation de Bagdad, il serait difficile de proclamer l’indépendance », a-t-il estimé.

Autre obstacle à cette indépendance : la position ambigüe des pays voisins du Kurdistan. A ce jour, le seul pays qui a publiquement affiché son soutien à un Etat kurde est la Hongrie, lors de la visite le mois dernier de Massoud Barzani. Cette position a soulevé un tollé politique avec le gouvernement central de Bagdad.
   
Traduit du site Al-Akhbar