Pour d’autres journalistes, les sunnites d’Irak se trouveront face à deux choix : le plan américain et la violence de Daech.
A chaque échéance en Irak, l’administration américaine s’évertue à trouver des « solutions » visant – publiquement-- à combattre les terroristes takfiristes du groupe Daech et à préserver l’unité de l’Irak, et -- implicitement-- à mettre fin aux critiques pour son échec dans la réalisation des objectifs annoncés.
Mais la dernière annonce sur l’envoi de 450 soldats américains supplémentaires à al-Anbar, n’était pas suffisante pour satisfaire les opposants. Au contraire, cette annonce a ouvert la voie à une longue liste de critiques concernant la politique US en Irak, avec l’envoi de 275 soldats en aout 2014, passant par la campagne aérienne contre Daech et arrivant à l’envoi de 1500 soldats en novembre dernier.
Plusieurs analyses américaines insistent sur l’idée selon laquelle les Etats-Unis s’embourbent de plus en plus dans une guerre ouverte en Irak, et se cachent derrière des mesures au « goutte à goutte » pour camoufler leur échec et l’absence de stratégie pour combattre Daech.
Selon Michael Nites, dans un article paru dans la revue « Foreign Affairs », la politique « au goutte à goutte » dans l’envoi des aides américaines en Irak ne réussira pas. « La campagne américaine en Irak en 2014 a pris la forme de demi-solutions survenues très en retard et qui n’assurent point la protection des ressources américaines à long terme », écrit-il.
Dans un autre article dans le journal The Washington Post, le journaliste Yujin Robinson souligne qu’Obama « ne connait pas ce que les Etats-Unis tentent de réaliser en Irak, ou bien il le sait mais il ne dira rien au public ».
Celui-ci s’est demandé sur l’objectif de l’envoi de soldats supplémentaires en Irak, et les moyens de la réalisation de cet objectif, quelques jours après l’aveu de l’administration US sur l’absence de stratégie complète pour entrainer les forces gouvernementales irakiennes.
Pour Robinson, Obama s’est vu obligé d’agir contre l’avancée de Daech. Mais en même temps, « il a fixé des limites à la mission des soldats américains. Donc, seules les personnes très optimistes pensent que cette stratégie vise à former des bataillons militaires ».
Pour sa part, Nancy Youssef a écrit dans le Daily Beast : « Le nouveau plan d’Obama pour préserver l’Irak est de le déchirer » !
« La décision d’Obama d’envoyer 450 soldats supplémentaires en Irak est un dernier exemple sur la double mesure de sa stratégie. Les Etats-Unis veulent préserver un Irak uni en renforçant les milices ethniques et religieuses censées déchirer le pays », a-t-il expliqué.
Et de poursuivre : « Quant aux combattants sunnites, la lutte contre Daech ne signifie pas seulement combattre leurs coreligionnaires, mais se tenir aussi aux côtés du gouvernement central de Bagdad ».
Citant un conseiller qui travaille avec l’armée américaine dans le cadre de la stratégie contre Daech, celle-ci a rapporté que « cette mesure ne vise pas à avoir un effet sur le terrain, mais juste pour répondre aux critiques ».
Mika Zino, autre journaliste US, a écrit que les Etats-Unis s’embourbent dans une guerre ouverte en Irak, se moquant de l’impact de l’envoi de 450 conseillers américains nouveaux. « Ce serait quelque chose de formidable que l’envoi de soldats ait un effet substantiel sur le déroulement du conflit », a-t-il ajouté.
Pour un autre journaliste, Stephen Walt, « la possibilité de la victoire de Daech est réelle. L’avancée de Daech ne reflète pas seulement l’échec des efforts américains dans l’entrainement des forces irakiennes, mais signifie aussi que la grande intervention internationale est la dernière option pour éliminer ce groupe ».
Et de poursuivre : « L’élimination de Daech ne se fera qu’à travers le déploiement de forces arabes dans le champ de la bataille, parce que les Etats-Unis ne doivent pas combattre par procuration ».
Pour d’autres journalistes, les sunnites d’Irak se trouveront face à deux choix : le plan américain et la violence de Daech. Selon le journaliste David Ignatius, écrivain dans le Washington Post, la violence de la campagne de Daech pourrait mettre à échec le plan de la coalition dirigée par les Etats-Unis.
Traduit du site Al-Akhbar