Nourrir les gens de force est "contraire aux règles de l’éthique médicale reconnues dans le monde entier".
Le gouvernement israélien a relancé dimanche le processus d'adoption d'une loi qui autoriserait à nourrir de force les détenus palestiniens sous prétexte que leur vie est en danger, entraînant de sévères critiques de médecins et défenseurs des droits de l'Homme.
Le ministre de la Sécurité intérieure Gila Erdan, a indiqué en approuvant le projet de loi que les grèves de la faim menées par des prisonniers, en l'occurrence palestiniens, étaient une "menace" pour « Israël ».
Selon lui, elles sont semblables aux tentatives de boycotter et délégitimer « Israël ».
En juin 2014, en pleine grève de la faim collective de prisonniers palestiniens en « Israël », lorsque 80 d'entre eux ont dû être hospitalisés, le Parlement avait voté ce projet de loi.
Le texte avait été validé par le gouvernement et devait faire l'objet d'un nouveau débat et d'un vote en deuxième puis troisième lecture au Parlement, mais ce dernier avait été dissous avant la fin du processus.
Le vote du cabinet dimanche permet à la Knesset, le Parlement israélien, de reprendre son examen de la loi là où il l'avait laissé en 2014.
Le président de l'Association médicale israélienne (IMA), Dr Leonid Eidelman, a critiqué le texte, estimant que nourrir les gens de force était "contraire aux règles de l'éthique médicale reconnues en Israël comme dans le monde entier".
Dans une lettre communiquée à Erdan ainsi qu'au ministre de la Justice Ayelet Shaked, le Dr Eidelman a aussi souligné que l'IMA "ordonnerait aux médecins d'agir uniquement en fonction du code éthique et de ne pas nourrir ou alimenter des grévistes de la faim contre leur volonté".
L'Association de défense des droits civils en « Israël » a souligné qu'une telle façon de faire était interdite.
"Toute décision sur une procédure médicale, y compris l'alimentation d'une personne, doit être prise par une équipe médicale indépendante, dans le respect des droits légaux du patient", ce qui implique son consentement, a souligné l'Association.
La majorité des détenus en grève de la faim dans l’entité sioniste sont des Palestiniens emprisonnés sous le régime de la détention administrative, qui permet de les retenir sans les inculper pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment, a rappelé l'Association.
Le gouvernement palestinien a averti la semaine passée qu'il tenait « Israël » pour responsable du sort de Khadar Adnan, un prisonnier palestinien en grève de la faim depuis plus de 40 jours.
Un porte-parole des services pénitentiaires israéliens a indiqué à l'AFP qu'outre M. Adnan, un autre détenu palestinien était en grève de la faim, depuis environ une semaine.