23-11-2024 11:22 AM Jerusalem Timing

Yémen: Ban appelle à une trêve, les tribus saoudiennes sortent de leur silence

Yémen: Ban appelle à une trêve, les tribus saoudiennes sortent de leur silence

Retard dans l’arrivée de la délégation yéménite à Genève en raison des entraves saoudiennes. Libération de la province de Jawf par les forces yéménites.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à une trêve humanitaire de deux semaines au Yémen à l'occasion du mois béni du Ramadan, à l'ouverture lundi de négociations de paix à Genève malgré l'absence de la délégation des parties yéménites, dont à leur tête Ansarullah (Houthis).

La délégation des forces yéménites opposées à l’agression saoudienne contre le Yémen n'était toujours pas arrivée lundi matin à Genève, son avion ayant eu du retard en raison des entraves saoudiennes, selon des sources locales citées par le correspondant d’AlManar.

"J'ai souligné l'importance d'observer une trêve humanitaire de deux semaines à l'occasion du mois de Ramadan", le mois de jeûne musulman qui commence cette semaine, a déclaré le secrétaire général après avoir rencontré une délégation du gouvernement démissionnaire soutenue par l’Arabie saoudite.

"J'espère que cette semaine marquera le début de la fin des combats", a ajouté le secrétaire général devant les journalistes.

Le gouvernement démissionnaire yéménite et les différentes parties yéménites, dont Ansarullah doivent entamer ce lundi à Genève des consultations séparées sous l'égide de l'ONU mais sans grand espoir de pouvoir mettre fin aux raids saoudo-américains meurtriers.

Il s'agit du premier dialogue entre les deux parties depuis que le président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi a fui en février la capitale Sanaa pour se réfugier en Arabie saoudite, après l’avancée de l’armée et des forces populaires d’Ansarullah dans les différentes régions yéménites.

La rencontre de Genève intervient alors que les combats s'enlisent deux mois et demi après le début, le 26 mars, des frappes aériennes d'une coalition arabo-américaine dirigée par Ryad.

"Il est très peu probable que les négociations aboutissent", estime Laurent Bonnefoy, analyste spécialiste du Yémen.

"Malgré tout, Genève pourrait offrir à quelques jours du mois de Ramadan une opportunité pour les Saoudiens pour annoncer une trêve qui permettrait d'amorcer des discussions plus sérieuses et dans le même temps leur donnerait la possibilité de sauver les apparences en interrompant une offensive qu'ils sont clairement dans l'incapacité de gagner sur le terrain", estime ce chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po, cité par l'AFP.

Un responsable iranien en Arabie pour une réunion de l'OCI  

Dans une tentative de trouve une issue à cette crise, un responsable iranien s'est rendu lundi en Arabie saoudite pour une réunion de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) consacrée à la situation au Yémen, a annoncé le ministère iranien des Affaires étrangères alors que les tensions sont vives entre Téhéran et Ryad.

Le vice-ministre Hossein Amir-Abdollahian, chargé des affaires arabes et africaines, doit participer à Jeddah à cette réunion extraordinaire d'une journée qui se déroule parallèlement aux pourparlers de paix inter-yéménites organisés à Genève.

Il s'agit du premier dialogue entre Téhéran et Ryad depuis l’agression militaire saoudo-américaine lancée contre le Yémen depuis le 26 mars.

Des bombardements avant les pourparlers

Or, quelques heures avant l'ouverture de ces pourparlers des avions de la coalition sous commandement saoudien ont bombardé ce lundi un marché dans la région d’al-Hazm, principale ville de la province de Jawf, dans le nord. Selon l’agence yéménite Yemeni Pressi, des dizaines de personnes ont été tués ou blessés par ces frappes.

Des dizaines de raids ont également visé des régions à Sanaa, la province d'Amrane, plus au nord, et celles de Hajja et de Saada, près de la frontière saoudienne, ainsi que la ville portuaire d’Aden (sud).

L’agression saoudo-américaine a déjà fait plus de 2.500 martyrs et quelque 11.000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Plus d'un demi-million de personnes ont en outre été déplacées.

Les bombardements intensifs de cette coalition n’ont toujours pas fait plier l’armée et Ansarullah dans leur lutte contre les takfiristes d’Al-Qaïda et les miliciens de Hadi.  

Libération de la province de Jawf

Dimanche, l’armée et les forces d’Ansarullah ont libéré la région d'al-Hazm des miliciens takfiristes d’Al-Qaïda et du parti Al-Islah (pro-saoudien).

Des dizaines de miliciens ont été tués par les forces yéménites lors de violents affrontements qui ont abouti à la sécurisation d’une des plus grandes bases militaires de cette région et des principales installations gouvernementales.

Et puis, dans la région pétrolière de Marib (centre), les forces yéménites ont libéré la base militaire de Nakhla des takfiristes d’Al-Qaïda et d’Al-Islah.

Les tribus saoudiennes de Yam et Najran se démarquent de Ryad

Par ailleurs, dans un acte sans précédant, les tribus saoudiennes à la frontière avec le Yémen sont sortis de leur silence.

Dans un communiqué signé par Cheikh Aziz ben Mahzel al-Soukour au nom des tribus saoudiennes de Yam et Najran, les tribus ont condamné la barbarie de l’Arabie saoudite à l’encontre du Yémen. Elles ont qualifié de « forces d’occupation et d’agression » tous les militaires saoudiens participant au bombardement du peuple yéménite.