La Grèce et la Russie signent un accord pour un gazoduc russe en Grèce. Ce projet constitue un double camouflet pour les Occidentaux.
Une sortie de la Grèce de l'euro (Grexit) signerait "le début de la fin de la zone euro", estime le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, dans une interview parue vendredi dans le quotidien autrichien Kurier, avant un sommet exceptionnel à Bruxelles lundi.
"Le fameux Grexit ne peut pas être une option, ni pour les Grecs, ni pour l'Union européenne. Ce serait un processus irréversible, ce serait le début de la fin de la zone euro", déclare-t-il dans cet entretien présenté comme exclusif.
"Jusqu'à présent, l'Europe s'est toujours orientée vers davantage d'unité. Prendre la direction opposée signifierait l'échec de l'idée européenne", estime le dirigeant grec.
Selon lui, le débat autour d'un Grexit, qui a pris de la consistance ces derniers jours faute d'accord entre Athènes et ses créanciers, "a commencé quand on a commencé à appliquer le programme rigide d'économies imposé par l'UE et le Fonds monétaire international".
Malgré les sacrifices consentis par sa population, "la Grèce n'est pas devenue plus compétitive, et la dette de l'Etat ne s'est pas réduite. Le concept tout entier doit être revu", souligne M. Tsipras.
Après un nouvel échec des discussions jeudi soir, un sommet exceptionnel des chefs d'Etat et de gouvernement des 19 pays de la zone euro consacré à la Grèce sera organisé lundi soir à Bruxelles.
Faute d'accord d'ici à la fin juin, la Grèce pourrait être dans l'incapacité de rembourser au FMI quelque 1,5 milliard d'euros de prêts arrivant à échéance et pourrait alors être en défaut de paiement.
La Grèce et la Russie signent un accord pour un gazoduc russe en Grèce
Sur un autre plan, le ministre grec de l'Energie, Panagiotis Lafazanis, et son homologue russe, Alexandre Novak, ont signé vendredi un accord pour la construction d'un gazoduc russe en Grèce avec financement russe, a indiqué à l'AFP le ministère russe de l'Energie.
Le document, au stade encore du protocole d'entente, prévoit la création d'une coentreprise détenue à parts égales grecques et russes et chargée de la construction de ce gazoduc entre 2016 et 2019, selon M. Novak, cité par les agences de presse russes lors de la cérémonie au Forum économique de Saint-Pétersbourg.
Ce projet constitue un double camouflet pour les Occidentaux. Pour Bruxelles d'abord, qui, en pleines inquiétudes sur une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, voit Athènes se rapprocher de Moscou. Pour Washington ensuite qui s'oppose à la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne et qui voit d'un mauvais oeil Moscou envisager de renforcer sa capacité de livraison de gaz au marché européen.
M. Novak a estimé quant à lui qu'il s'agissait d'"un événement très important". Ce gazoduc "nous permet de continuer nos projets de constructions d'infrastructures dans le cadre du gazoduc passant par la mer Noire, la Turquie et la construction d'un hub en Turquie", s'est félicité le ministre russe.
"Ce protocole d'entente prévoit la création d'une coentreprise, qui mettra en oeuvre la construction du gazoduc sur le territoire grec, que nous avons appelé dans notre protocole le gazoduc South European", a-t-il précisé.
La coentreprise, South European Gas Pipeline, sera financée à 50% par la partie russe et à 50% par la partie grecque, qui a contracté à cet effet un prêt auprès de la banque russe Vnesheconombank, a annoncé M. Lafazanis, cité par l'agence TASS.
Le ministre grec a ajouté que le coût total de la construction du gazoduc s'élève à deux milliards d'euros. Il aura une capacité de livraison de 47 milliards de mètres cubes de gaz à ses clients européens, a ajouté M. Novak sur son compte Twitter.
Cette annonce intervient alors que le géant russe Gazprom a déjà créé la surprise jeudi en annonçant la signature d'une lettre d'intention avec l'allemand EON, l'anglo-néerlandais Shell et l'autrichien OMV pour un projet de gazoduc vers l'Allemagne.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, doit rencontrer vendredi à 13H30 GMT le président russe Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), où se tient jusqu'au 20 juin le Forum économique international de Saint-Pétersbourg.