Londres fournit des armes à Riyad.
Les négociations de paix pour le Yémen se sont achevées vendredi à Genève sans accord sur une trêve et aucune date n'a été fixée pour de nouvelles discussions, a annoncé l'émissaire de l'ONU.
Un cessez-le-feu au Yémen "a besoin de plus de consultations, mais peut être conclu assez rapidement", a déclaré vendredi devant la presse à Genève l'envoyé spécial des Nations unies pour ce pays, le sous-secrétaire général Ismail Ould Cheikh Ahmed.
Il a va se rendre à New York pour rendre compte au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon et au Conseil de sécurité et compte ensuite se rendre dans la région pour poursuivre ses efforts de paix.
Le diplomate a qualifié les consultations de Genève de "préliminaires", mais a admis qu'aucune nouvelle date n'avait été fixée.
"Ce n'est pas à l'ONU de décider s'il y aura de nouvelles consultations, c'est aux Yéménites de le faire", a-t-il dit.
Ismail Ould Cheikh Ahmed a ajouté que ces discussions à Genève, où les consultations ont duré de lundi à vendredi, avaient permis de constater qu'il y avait "un terrain favorable" à un accord sur le cessez-le-feu.
"Le climat est plutôt propice à de nouvelles consultations", a-t-il encore dit, ajoutant qu'il allait "redoubler d'efforts" ces prochains jours sur ce dossier.
"Les consultations de Genève ne sont pas le bout du chemin, mais le début d'un chemin long et difficile", a poursuivi le diplomate.
Un des membres de la délégation des différentes parties de Sanaa, Hamza al-Houthi s'est déclaré "déçu, nous avons tout fait pour que ces discussions soient un succès mais il y avait trop d'obstacles, en particulier la demande pour un retrait".
"Nous ne pouvons pas nous retirer et laisser un vide mais j'espère que nous pourrons parler à nouveau rapidement", a-t-il dit à l'AFP.
Le retrait de l’armée yéménite et des forces populaires d’Ansarullah est une des conditions mises par la délégation de Ryad (gouvernement démissionnaire) pour un cessez le feu.
De nouveaux massacres saoudiens
Sur le terrain, les raids meurtriers menés par la coalition saoudo-américaine se sont poursuivis vendredi et samedi contre les différentes régions du pays.
Vendredi, au moins 12 civils, dont des enfants et des femmes, ont été tués par de nouvelles frappes aériennes contre la région de Ghamar dans le district de Razeh à Saada (nord), a affirmé l'agence yéménite Saba'.
Les frappes saoudiennes ont également ciblé la capitale Sanaa, la ville portuaire d'Aden et les gouvernorats de Lahj et d’Al-Jawf.
Catastrophe humanitaire imminente
L'ONU a fortement révisé à la hausse vendredi son appel de fonds pour aider la population du Yémen, demandant désormais 1,6 milliard de dollars et mettant en garde contre une "catastrophe humanitaire imminente".
Stephen O'Brien, coordonnateur des opérations humanitaires des Nations unies, a dénoncé "le mépris du droit international humanitaire par les parties au conflit" et le bilan humain élevé, les raids saoudiens lancés depuis le 26 mars ont fait plus de 2.600 morts, pour moitié des civils, depuis la mi-mars, selon l'ONU.
L'ONU estime que pas moins de "21 millions de personnes ont besoin d'aide et/ou de protection au Yémen, soit 80% de la population", a déclaré un porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke.
Le Pakistan menace Ansarallah!
Sur un autre plan, le président pakistanais a menacé Ansarullah de représailles, au cas où il s’infiltre dans les frontières saoudiennes.
"Nous rencontrons régulièrement les autorités saoudiennes, et surveillons de près les agissements des Houthis. Si ces derniers attaquent l'Arabie saoudite, le Pakistan la défendra, car l’intérêt des Saoudiens fait partie de nos intérêts", a affirmé le President Mamnoun Hossein, cité par l’agence iranienne Irib.
"Le Pakistan sera le premier pays à défendre l'Arabie saoudite, si les Houthis l'attaquent", a-t-il encore dit.
Le président a aussi évoqué les récentes rencontres entre les Premiers ministres turcs et pakistanais, laissant entendre que son pays et la Turquie sont prêts à faire bloc contre les Houthis, en cas des ripostes terrestres d'Ansarullah et de l'armée yéménite contre les raids saoudiens.
Londres fournit des armes à Riyad
De son côté, le gouvernement britannique a fourni des armes à l’Arabie pour attaquer le Yémen.
Selon un rapport publié par la chaine iranienne anglophone Press TV, le porte-parole du ministère britannique de la Défense a confirmé vendredi que les aides britanniques (soutien technique et armes téléguidées de haute précision) accordées à l’Arabie entrent dans le cadre de l’offensive saoudienne contre le Yémen.
Ce porte-parole a cependant estimé que les responsables saoudiens l’ont assuré qu’ils s'en serviraient dans le cadre des lois internationales.
D’autre part, des militants opposés à cette transaction ont accusé le gouvernement britannique de soutenir une guerre jugée illégale par les experts des droits internationaux.