Laurent Fabius essuie une rebuffade en Israël..
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu n'a pas attendu de rencontrer Laurent Fabius, hier, pour dire le fond de sa pensée.
En effet, Netanyahu a vivement critiqué l'intention de Paris de soumettre un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU : projet qualifié de « tentative de nous enfermer dans des frontières que nous ne pouvons défendre».
«Le seul moyen de parvenir à un accord, c'est à travers des négociations bilatérales (entre Israéliens et Palestiniens) et nous rejetterons toute tentative qui viserait à nous imposer des diktats internationaux», a affirmé Benjamin Netanyahou au cours de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres.
Et de poursuivre : « Ils essaient de nous enfermer dans des frontières que nous ne pouvons défendre à travers un mépris total de ce que se passe de l'autre côté de la frontière. Les résultats sont connus, à notre regret nous avons vécu l'experience de la bande de Gaza et du Liban. Et nous allons rejeter les tentatives de nous imposer des diktats internationaux , que ce soit pour la sécurité ou pour la paix ».
Selon le quotidien israélien Haaretz , Netanyahu compte affirmait sa position à Fabius lors de leur réunion et devant les caméras ajoutant que la visite de Fabius intervient dans un contexte de haute tension entre Tel Aviv et Paris en raison de la critique française envers la récente guerre israélienne contre la bande de Gaza et aussi contre la poursuite de la colonisation.
« Il n’est pas question d’imposer je ne sais quelle solution que personne n’accepterait », lui a répondu le ministre français lors d’une conférence de presse avec son homologue palestinien Ryad Al Malki, plaidant pour deux principes intangibles : « la sécurité d’Israël » et « le droit des Palestiniens d’avoir un État ».
Un peu plus tard, et une fois arrivé à Jérusalem, aux côtés du premier ministre israélien, Laurent Fabius affirmait vouloir clarifier des « erreurs d’interprétations». Il a dit plaider pour « un accompagnement international » tout en laissant les négociations « à la fois à Israël et aux Palestiniens ». Mais mettant en garde : « Si on n’arrive pas à résoudre la question israélo-palestinienne, on risque d’avoir des explosions de violence. »
Que propose la France ?
La diplomatie française affirme l’urgence d’une reprise des discussions de paix, soldées par un nouvel échec de l’initiative américaine de John Kerry en avril 2014. Mais estime qu’il faut changer de méthode et inclure les pays arabes concernés – d’où l’escale de Laurent Fabius en Jordanie et en Égypte avant son voyage en Israël et dans les Territoires –, l’Union européenne et le Conseil de sécurité de l’ONU.
Paris envisage de présenter, probablement en septembre 2015 à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies, une résolution au Conseil de sécurité qui énoncerait les paramètres de la solution du conflit avec un calendrier de négociations s’étalant de dix-huit à vingt-quatre mois.
Faute de parvenir à un accord de paix dans ce délai d'un an et demi, l'Organisation des Nations Unies reconnaîtra la Palestine comme un Etat indépendant dans les frontières de 1967 avec un échange de terres et Jérusalem comme capitale de deux Etats. Le projet de résolution francais appelle à la reconnaissance d'un Etat palestinien «sur la base des lignes du 4 Juin 1967, avec un échange équitable des terres et avec le consentement des deux parties.»
A vrai dire, la France estime qu'en raison de l'impasse dans laquelle les négociations entre Israëliesn et Palestiniens se trouvent, il est nécessaire à la communauté internationale, en particulier les pays d'Europe, d'intervenir plus efficacement en vue de relancer le processus de paix.
Le projet de la France est soutenu par des pays arabes et par l'Union européenne, mais les Israéliens et les Palestiniens résistent encore sur différents points.
D'une part, Israël est opposé par principe au projet français , et cela, le vice-ministre des Affaires étrangères Tzipi Hotbola l'a clairement exprimé dans journal Le Figaro où il a déclaré que «l'initiative française à l'ONU ne fait qu'empirer la situation, voire elle créé des illusions chez les Palestiniens qui vont penser pouvoir obtenir gain de cause auprés de la communauté internationale, sans qu'on leur demande de faire des concessions.»
D'autre part, les Palestiniens accepteraient le projet s'il comprend les conditions que le président palestinien Mahmoud Abbas a posé à savoir un Etat avec sa capitale à Jérusalem sur lesavec pour frontières les lignes de 1967, sauf que les Palestiniens refusent de reconnaître «la judéité d'Israël».
Il convient de noter que la France a essayé avant les élections israéliennes de présenter un projet similaire, mais elle a échoué en raison de l'insistance des Palestiniens de présenter leur version. La France a présenté un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité en Juin et Juillet, mais elle a ajourné la question en raison de la demande des États-Unis. En effet, le Secrétaire d'Etat américainJohn Kerry a demandé à son homologue français de reporter le projet à aprés la conclusion d'un accord dans les négociations nucléaires avec l'Iran. On parle dans les coulisses que Paris présentera son projet au Conseil de sécurité des Nations Unies en Septembre lors de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies. Notons qu'avant l'arrivée de Fabius au Moyen-Orient, ce dernier a discuté avec Kerry afin de coordiner leurs positions.
Bref, le site d'informations Wala a estimé que la visite de Fabius à Tel Aviv et Ramallah est une tentative pour dire aux Palestiniens et aux Israéliens que ceci est votre dernière chance pour la paix.