Gazprom règle maintenant toutes ses ventes de brut à la Chine en yuan.
Gazprom règle maintenant toutes ses ventes de brut à la Chine en yuan.
Les deux sujets que nous avons jugés très importants pour une compréhension approfondie de la finance mondiale, mais aussi le glissement du paysage géopolitique, sont la mort du pétrodollar et l’idée de l’hégémonie du yuan.
En novembre dernier, dans l’article How The Petrodollar Quietly Died And No One Noticed, nous avons dit la chose suivante au sujet de la disparition au ralenti du système qui a servi à perpétuer des décennies de domination du dollar.
Il y a deux ans, à voix basse au début, puis de plus en plus fortement, le monde financier a commencé à discuter de ce qui ne sera jamais débattu publiquement – la fin du système qui selon beaucoup a encadré et facilité le statut de monnaie de réserve du dollar américain : le pétrodollar, ou le monde dans lequel les pays exportant du pétrole devaient recycler les dollars qu’ils avaient reçus en échange de leurs exportations de pétrole, par l’achat d’actifs libellés en dollar US, augmentant la solidité financière de la monnaie de réserve, et conduisant à des prix encore plus élevés des actifs et encore plus d’achats libellés en dollars US, et ainsi de suite, dans un cercle vertueux (surtout si l’on détenait des actifs libellés en dollars américains et en monnaie US imprimée).
La principale poussée pour cet éloignement du dollar, lancée dans les médias non traditionnels, venait de la Russie et de la Chine, ainsi que du reste des pays des BRICs, qui cherchaient de plus en plus à se distancier du leadership US, du statu quo du monde développé mené par le FMI.
Ces pays aspirent à un commerce mondial qui aurait lieu de plus en plus grâce à des accords bilatéraux qui contournent entièrement le (petro-) dollar. Et bien sûr, cela a certainement eu lieu, avec d’abord la Russie et la Chine, puis l’Iran, et de plus en plus de pays en développement, qui traitent entre eux, en contournant entièrement le dollar US, et s’engagent dans des accords commerciaux bilatéraux.
La chute des prix du pétrole brut a servi à accélérer la disparition du pétrodollar et, en 2014, les pays de l’OPEP ont drainé des liquidités depuis les marchés financiers pour la première fois en près de deux décennies.
Goldman Sachs estime qu’un nouveau prix du pétrole à l’équilibre (soit un ralentissement durable) pourrait entraîner une fuite nette de pétrodollars de $24 Mds par mois soit près de $900 Mds d’ici à 2018.
Les implications, comme le note Bank of America, sont considérables : «… la fin de la chaîne de recyclage des pétrodollars va avoir un impact sur tous les sujets, de la géopolitique russe, à la liquidité globale du marché des capitaux, à la demande de refuge pour les bons du trésor, aux tensions sociales dans les pays en développement, à la stratégie de sortie de la Fed.»
En se projetant vers l’idée de l’hégémonie du yuan, la Chine pousse de façon agressive son fonds d’investissement de la Route de la Soie et la Banque asiatique d’investissement.
Ce fonds de $40 Mds est soutenu par China’s FX reserves, par la Banque Export-Import de Chine et la Banque de développement de Chine et cherche à augmenter le ROIC [Retour sur investissement du capital] pour les entreprises publiques chinoises en investissant dans des projets d’infrastructure à travers le monde en développement, tandis que les $50 Mds de l’AIIB sont financés par les 57 pays membres fondateurs (les États-Unis et le Japon n’ont pas adhéré) et serviront à bouleverser les institutions multilatérales occidentales [FMI, entre autres] traditionnellement dominantes qui ont échoué à répondre à l’influence économique croissante de leurs membres.
La Chine va pousser pour que le yuan joue un rôle de premier plan dans le règlement des transactions de l’AIIB et pourrait chercher à établir des réserves spéciales, tant dans l’AIIB que dans le fonds pour la Route de la Soie pour émettre des emprunts libellés en yuans.
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