26-11-2024 08:35 PM Jerusalem Timing

Les USA ont espionné les trois derniers présidents français (WikiLeaks)

Les USA ont espionné les trois derniers présidents français (WikiLeaks)

Paris dénonce un espionnage "inacceptable entre alliés".

Les trois derniers présidents français ont été espionnés par les Etats-Unis, au moins de 2006 à 2012, selon des documents de WikiLeaks publiés mardi soir par deux médias français.

 Après la publication de ces documents par le site Mediapart et le quotidien Libération, le président François Hollande a convoqué un Conseil de défense mercredi à 09H00 (07H00 GMT) pour "évaluer la nature" des informations du lanceur d'alerte.

La Maison Blanche, qui s'était dans un premier temps refusée à commenter ces informations, a finalement assuré que les Etats-Unis n'écoutaient pas les communications de M. Hollande.

"Nous ne ciblons pas et nous ne ciblerons pas les communications du président Hollande", a indiqué à l'AFP Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), sans autres précisions sur les opérations qui ont pu être menées dans le passé.

Les écoutes de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande par l'agence de renseignement américaine NSA constituent en elles-mêmes la principale information délivrée par les deux médias, le contenu des documents publiés ne contenant pas de révélation fracassante.

"Les Français ont le droit de savoir que le gouvernement qu'ils ont élu fait l'objet d'une surveillance hostile de la part d'un allié supposé", assure sur le site de WikiLeaks, son fondateur Julian Assange, reclus dans l'ambassade d'Equateur à Londres depuis trois ans.

"Nous sommes fiers du travail que nous avons mené avec des médias français de premier plan, Libération et Médiapart, afin de rendre publique cette information. Les lecteurs français peuvent s'attendre prochainement à d'autres révélations précises et importantes", ajoute-t-il.

L'entourage de M. Sarkozy a fait savoir que l'ancien président jugeait "ces méthodes" d'espionnage "inacceptables en règle générale, et plus particulièrement entre alliés". L'entourage de M. Chirac n'a pas souhaité réagir "à ce stade".

Ces documents, classés "Top-Secret", consistent notamment en cinq rapports de l'agence de la NSA, basés sur des "interceptions de communication". Ils étaient destinés à la "communauté du renseignement" américaine et à des responsables de la NSA, selon le quotidien Libération.

Ils émanent d'un bureau identifié comme étant celui des "Summary Services", le "service des synthèses".

Le document le plus récent date du 22 mai 2012, soit quelques jours après l'entrée en fonction de François Hollande.

Paris dénonce un espionnage "inacceptable entre alliés"

En réaction, la France a dénoncé mercredi un espionnage "inacceptable entre alliés".

"C'est inacceptable entre alliés", a déclaré le porte-parole du gouvernement français Stéphane Le Foll dans une première réaction officielle de Paris.

"Ce qui s'est passé n'est pas acceptable mais ce n'est pas pour autant que l'on va entrer dans une crise", a-t-il toutefois ajouté.

M. Le Foll s'exprimait sur la chaîne d'informations I-Télé, peu avant la tenue au palais de l'Elysée, siège de la présidence française, d'une réunion d'urgence autour de François Hollande consacrée au scandale.

"Des précisions" vont "sûrement" être "demandées" aux Etats-Unis à l'issue de ce Conseil de défense, a ajouté le porte-parole.

La réunion de l'Elysée vise à formuler la réponse de Paris à Washington.

Elle doit rassembler à partir de 07H00 GMT autour de M. Hollande le Premier ministre Manuel Valls, le chef de la diplomatie Laurent Fabius, les ministres de la Défense et de l'Intérieur, Jean-Yves Le Drian et Bernard Cazeneuve.

Y participent également les plus hauts responsables militaires et des services de renseignement du pays.

La révélation de l'espionnage par les services américains des trois derniers présidents français suscitait mercredi en France la condamnation unanime de la classe politique, tant dans la gauche au pouvoir qu'au sein de l'opposition de droite.