Bien que le scandale ne cesse de peser sur le Premier ministre, il n’y a qu’une poignée de hauts responsables qui ont été impliqués jusqu’à présent, ce qui ne va guère changer la politique du pays.
Le Premier ministre britannique David Cameron, empêtré dans le scandale des écoutes, a dû écourter son voyage en Afrique pour faire face à un feu roulant de questions des députés lors d'une séance parlementaire convoquée d'urgence par le Parti travailliste (parti d'opposition).
La session, tenue juste avant l'intersession de trois semaines, vise à mettre la lumière sur les liens du Premier ministre avec le groupe de Rupert Murdoch, propriétaire du tabloïd, News of the World (NotW), soupçonné d'avoir pratiqué des écoutes à grande échelle dans les années 2000.
L'administration Cameron est confrontée à des pressions d'autant plus grandes que deux responsables de haut rang de la police, dont le chef de Scotland Yard, Paul Stephenson, et le patron de l'antiterrorisme, John Yates, ont successivement démissionné à cause du scandale.
CONTRE-ATTAQUE DE CAMERON
La première accusation contre M. Cameron porte sur la nomination comme directeur de la communication du gouvernement Andy Coulson, ancien rédacteur du tabloïd fermé, qui a dû démissionner pour son rôle présumé dans le scandale des écoutes.
Pendant la séance, M. Cameron a regretté, devant le comité de la culture, des médias et du sport, avoir embauché M. Coulson, déclarant qu'il était désolé du tollé que cette nomination avait provoqué.
Contraint d'admettre qu'il n'aurait pas dû choisir comme collaborateur M. Coulson, M. Cameron s'est toutefois justifié de sa décision, car il n'y avait aucune preuve montrant un lien de M. Coulson avec le scandale des écoutes au moment où il s'est vu attribuer le poste.
"Avec le recul et au vu de ce qui s'est passé ensuite, je ne l'aurais pas recruté [...] Mais vous ne prenez pas de décision avec du recul, vous les prenez sur le moment", a reconnu le chef du gouvernement.
Une autre interrogation majeure des députés concerne les liens de M. Cameron avec les hauts responsables du groupe News International de Rupert Murdoch.
A ce sujet, M. Cameron a rétorqué que ses prédécesseurs Tony Blair et Gordon Brown avaient maintenu une relation encore plus étroite avec l'empire médiatique de Murdoch, tout en faisant valoir l'initiative dont il faisait preuve pour demander un changement au rapprochement traditionnel du pays entre la politique et la presse.
PAS DE GRAND CHANGEMENT
Bien que le scandale ne cesse de peser sur le Premier ministre, il n'y a qu'une poignée de hauts responsables qui ont été impliqués jusqu'à présent, ce qui ne va guère changer la politique du pays.
Selon un sondage de Sky News, les opinions sur le fait que le scandale entache la crédibilité de M. Cameron sont passées de 58% à 47%.
De surcroît, bien que le scandale reste à la une des médias pour le moment, les soucis publics devraient s'orienter vers des sujets concernant la vie quotidienne, notamment les mesures d'austérité ainsi que les réformes médicales qui vont être prises en charge.
En fin de compte, c'est le niveau de vie dont se soucient le plus les électeurs, a noté le commentateur Philip Stephens dans un article. Il a souhaité que l'affaire "légendaire" des écoutes était plutôt "un événement secondaire" qu'un glissement vers la décadence nationale" lors du prochain scrutin.
Son argument est, dans une certaine mesure, partagé par un autre sondage publié mardi par Populus, selon lequel le scandale des écoutes ne serait pas une occasion pour le Parti travailliste de récupérer des voix.
D'après le sondage, s'il y avait une élection générale immédiate, le Parti travailliste aurait obtenu des intentions de vote de 39%, en baisse d'un point par rapport au mois précédent.