"Quand on a des choses importantes à se dire on ne le fait pas au téléphone", a-t-il dit.
Le ministre français de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a de nouveau jugé inacceptables jeudi à Washington les écoutes américaines des trois derniers présidents de la Ve République, tout en les dédramatisant.
"Il est difficile d'accepter qu'entre la France et les Etats-Unis, des
alliés dans le monde, il puissent y avoir ce genre de pratiques, surtout quand
les écoutes visent des Présidents de la République" française, a-t-il déclaré à
des journalistes, au premier jour d'une visite aux Etats-Unis surtout consacrée
au traité de libre-échange transatlantique (TTIP), en cours de négociation
entre Washington et l'Union européenne.
Mais il a rejeté avec force les appels de certains en France pour une
remise en question des relations avec les Etats-Unis et la suspension des
négociations du TTIP.
Des médias ont révélé mardi que les services de renseignements américains
avaient écouté les conversations des trois derniers présidents français entre
2006 à 2012: François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac.
"Il faut s'en tenir aux faits et il y aura des précisions qui seront
demandées aux Etats-Unis (...)afin que ce genre de choses ne se reproduisent
plus", a-t-il ajouté.
Lors d'un appel téléphonique initié mercredi par le président français
François Hollande, son homologue américain Barack Obama a "réitéré sans
ambiguïté son engagement ferme" contre tout espionnage de pays alliés.
Le ministre français a également fait valoir "qu'entre grandes nations,
(...) on a des responsabilités dans le monde" et beaucoup d'intérêts
économiques, évoquant les échanges commerciaux et le montant des
investissements en jeu pour la France.
Dans l'agriculture et l'agroalimentaire uniquement, cela représente trois
milliards d'euros d'exportations par an de la France vers les Etats-Unis,
montant qui devrait s'accroitre de 10% par ans sur les cinq prochaines années.
Interrogé sur la possibilité que des informations sensibles aient pu être
obtenues par Washington, il a répondu: "Nous ne sommes pas des neuneus, quand on a des choses importantes à se dire on ne le fait pas au téléphone".
Concernant le TTIP, la France ne souhaite pas précipiter les négociations,
rejetant l'idée américaine de fixer une date butoir pour conclure un accord.
Selon lui, il reste encore de "grandes différences", notamment sur l'usage
abusif des antibiotiques dans l'élevage aux Etats-Unis qui contribue à la
résistance microbienne.