La congruence Daech-OTAN passe aisément le test du canard : « Si ça a l’air d’un canard, que ça se dandine comme un canard, que ça fait coin-coin, alors ça a toutes les chances d’être un canard. »
La Syrie de 2011 était un pays financièrement indépendant (pas de dette) – un scandale en soi pour notre oligarchie -, officiellement en état de guerre avec Israël et hostile aux projets gaziers du Qatar sur son territoire.
Conformément au droit d’ingérence planétaire des armées du bien, le petit État rebelle est donc passé dans le viseur du Pentagone car il est notoire que le complexe militaro-industriel, clef de voûte de l’économie américaine, ne vit que de guerres sans fin et de carnages récurrents.
Terrorisme et chaos sont des alternatives low cost au contrôle direct et ils fleurissent là où les interventions occidentales ont détruit les structures étatiques : Afghanistan, Somalie et, pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, Libye, Irak et la majeure partie de la Syrie.
La providence veut en outre que le terrorisme produise de toute pièce un remodelage du Proche-Orient conforme aux vœux de Washington de créer un abcès salafiste entre l’Iran et ses alliés arabes.
Les hordes mises en scène de façon hollywoodienne dans le désert syrien ne sortent pas du néant et leurs conquêtes militaires coïncident avec les intérêts de l’État profond américain.
Daech est la franchise irakienne d’Al-Qaïda, qui fut l’armée arabe de la CIA des années de guerre froide. Al-Nosra qui, Fabius dixit, « fait du bon boulot en Syrie», en est la franchise syrienne.
Daech fut dépêché en Syrie quand il est devenu patent qu’Al-Nosra était impuissant à renverser seul le régime de Bachar el-Assad.
La nouvelle Internationale de la terreur recrute tous azimuts : racailles de nos banlieues, ex-officiers baasistes irakiens, ex-séparatistes tchétchènes qui combattent Moscou jusqu’à Palmyre.
Ces derniers combattent également dans les bataillons néonazis ukrainiens, et les décapitations sont devenues tendance en Ukraine.
Les États-Unis prétendent avoir lancé une campagne militaire contre Daech, mais les faits racontent une autre histoire : dans un rapport récemment déclassifié, le Pentagone – doué d’une incroyable préscience – prévoyait dès 2012 la création d’un État islamique qu’il jugeait d’ailleurs conforme aux intérêts américains dans la région.
75 % des avions américains qui « bombardent » les positions de Daech en Syrie rentrent à leur base sans avoir tiré le moindre missile.
Armes et munitions sont régulièrement larguées « par erreur » derrière les lignes salafistes.
Il est prouvé que les services secrets de la Turquie, pilier oriental de l’OTAN, ont acheminé des armes aux combattants de l’État islamique début 2014.
Le pétrole de Daech, négocié en dollars, est acheminé vers l’Occident via le port de Ceyhan en Turquie ; c’est en toute connaissance de cause qu’Européens, Américains et Israéliens s’y approvisionnent.
Les transactions financières de l’État islamique suivent leur cours en dépit du Terrorist Finance Tracking Program.
Les comptes Facebook et Twitter de l’État islamique sont actifs.
Les armées du chaos se défoncent au captagon, drogue de synthèse élaborée dans les laboratoires de l’OTAN et naguère distribuée aux foules exaltées des printemps arabes.
La congruence Daech-OTAN passe aisément le test du canard : « Si ça a l’air d’un canard, que ça se dandine comme un canard, que ça fait coin-coin, alors ça a toutes les chances d’être un canard. »
Depuis 2008, l’Occident solde sa crise financière en se décomposant de l’intérieur et en semant la désolation à l’extérieur.
Jusqu’où Poutine tolérera de voir ses intérêts bafoués au Levant et sur la marche ukrainienne par les hordes déchaînées de mercenaires ?
Au seuil de l’apocalypse, les peuples américains et européens jugeront peut-être bon d’arracher leur destin des mains criminelles qui les oppriment et les conduisent à l’abîme.
Par Thierry Thodinor
Source: Boulevard Voltaire