La Grèce est le premier pays industrialisé à faire défaut vis-à-vis du FMI.
La Grèce doit une nouvelle fois tendre la main à ses partenaires de la zone euro qui vont examiner mercredi ses propositions afin d'obtenir une aide financière, au lendemain de son défaut vis-à-vis du FMI.
A court d'argent, Athènes n'a pas pu honorer mardi le remboursement de 1,5
milliard d'euros dus au Fonds monétaire international, devenant ainsi le
premier pays industrialisé à faire défaut vis-à-vis de l'institution.
"Je confirme que le remboursement (...) dû au FMI par la Grèce aujourd'hui
n'a pas été reçu", a indiqué mardi le porte-parole du FMI Gerry Rice dans un
communiqué.
Conséquence immédiate : Athènes est privé d'accès aux ressources
financières du FMI et le restera tant qu'il n'aura pas apuré sa dette envers
l'institution qui essuie, elle, le plus lourd défaut de son histoire.
Parallèlement, le volet européen du plan d'aide à la Grèce a comme prévu
pris fin à 22H00 GMT, privant le pays de 16 milliards d'euros d'aide en tout
genre (prêts, bénéfices sur les obligations détenues par la BCE, fonds pour les
aides).
L'Eurogroupe doit reprendre mercredi matin pour examiner les propositions
d'Athènes qui a demandé mardi un nouveau plan d'assistance financière.
Privé d'argent frais des institutions (FMI, UE, BCE) qui l'ont mis sous
perfusion financière depuis 2010, le pays ne doit désormais plus sa survie
financière qu'à l'aide d'urgence apportée à ses banques par la BCE.
Les conséquences sont difficiles à prévoir mais le président américain
Barack Obama a mis en garde mardi contre "un impact significatif" de la crise
sur la croissance européenne.
Les marchés asiatiques n'ont pas pâti du défaut de la Grèce et étaient pour
la plupart en hausse mercredi. En revanche, les cours du pétrole continuaient
de baisser en Asie.
"La crise de la dette grecque a pu alimenter les inquiétudes quant à un
effet de contagion dans la zone euro, ce qui signifie que l'on pourrait
assister à une baisse de la demande de brut couplée à un ralentissement
potentiel de la croissance", a commenté Bernard Aw, analyste chez IG Markets à
Singapour.
La Grèce avait certes prévenu qu'elle ne rembourserait pas le Fonds
monétaire international qu'elle accuse de "comportement criminel" pour avoir
imposé des cures d'austérité drastiques à sa population.
Mais les autorités avaient toutefois tenté un ultime tour de passe-passe en
tentant d'activer une clause exceptionnelle du FMI lui permettant d'obtenir un
report de son paiement.
Le conseil d'administration du FMI a bien commencé à examiner cette requête
mais devra se réunir ultérieurement pour l'approuver ou la rejeter.
"C'est une triste page d'un triste chapitre. Le FMI a pris des risques
énormes avec ce plan d'aide", a dénoncé auprès de l'AFP le représentant
brésilien au FMI, Paulo Nogueira Batista, s'exprimant à titre personnel.
Plus tôt mardi, la Grèce a demandé à l'Eurogroupe de pouvoir conclure avec
le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de soutien de la zone euro,
un accord sur deux ans permettant de couvrir ses besoins financiers, soit
environ 30 milliards d'euros, tout en restructurant sa dette, a fait savoir le
bureau du Premier ministre Alexis Tsipras.
La Grèce a même laissé entendre qu'elle pourrait suspendre l'organisation
du référendum prévu le 5 sur les propositions de ses créanciers si les
négociations reprenaient avec l'Union européenne, a indiqué une source
européenne proche des discussions.
Cette idée d'un troisième plan d'aide, via le MES, va être étudiée "via les
procédures normales", a affirmé Alexander Stubb, le ministre finlandais des
Finances, après une conférence téléphonique de l'Eurogroupe en début de soirée.
Plus tôt dans la journée, la chancelière allemande Angela Merkel avait
fermé la porte à toute discussion sur le sujet en affirmant que l'Allemagne
n'était pas prête à discuter d'une nouvelle demande d'aide d'Athènes avant
dimanche, jour du référendum.
Mme Merkel et son ministre des Finances Wolfang Schäuble doivent s'exprimer
mercredi devant les députés du Bundestag lors d'un débat sur la Grèce.
Le ministre de l'Economie allemand Sigmar Gabriel avait, lui, conditionné
de nouvelles discussions à l'annulation du scrutin.
Réunion cruciale à la BCE
La Grèce a désormais les yeux braqués sur une autre échéance cruciale : la
réunion mercredi des 25 membres du conseil des gouverneurs de la Banque
centrale européenne qui doivent évoquer la situation du système bancaire grec.
Il devrait notamment être question de maintenir ou non une ligne de prêts
d'urgence en faveur des établissements hellènes, fragilisés par des retraits
massifs de Grecs inquiets pour leur avenir et celui de leur pays.
Techniquement, l'institution pourrait décider de couper le robinet
financier à la Grèce, même si cela semblait peu probable.