Une cité archéologique visée. Des centaines de bâtiments civils bombardés par la coalition saoudo-US, selon HRW.
L'ONU a décrété mercredi son niveau d'urgence humanitaire le plus élevé pour le Yémen, où une coalition saoudo-américaine mène des frappes depuis le 26 mars.
A New York, un porte-parole adjoint des Nations unies a indiqué que les responsables humanitaire de l'ONU avaient décidé de placer le Yémen au "niveau trois (d'urgence humanitaire) pour une période de six mois".
Les combats au Yémen avaient déjà fait à la fin du mois de juin 2.800 morts dont 1.400 civils et 13.000 blessés depuis mars, selon l'ONU.
Selon l'ONU, qui a réclamé en vain à de nombreuses reprises une trêve humanitaire, plus de 21,1 millions de Yéménites ont désormais besoin d'assistance humanitaire --soit 80% de la population--, 13 millions d'entre eux souffrent de pénurie alimentaire et 9,4 millions ont un accès réduit à l'eau.
Le médiateur de l'ONU croit en une trêve humanitaire rapide
Entre-temps, l'envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, s'est montré confiant mercredi quant à l'établissement d'une trêve humanitaire au cours des deux semaines restantes du ramadan, ce qui permettrait d'acheminer de l'aide à la population.
"Nous restons optimistes quant à nos chances de l'obtenir", a déclaré Ismail Ould Cheikh Ahmed à l'AFP dans la capitale saoudienne Ryad, au terme d'une deuxième journée de discussions avec le gouvernement yéménite démissionnaire pro-saoudien. "Nous en discutons avec toutes les parties prenantes".
Le médiateur prévoit de se rendre dans la capitale yéménite Sanaa pour mener des discussions avec les forces populaires d’Ansarullah (Houthis) et des membres d’autres partis yéménites.
Il existe "quelques garanties" selon lesquelles ce cessez-le-feu sera plus respecté que le précédent, selon le médiateur.
"Dans le meilleur des cas, nous aurons un accord global, avec des observateurs qui pourront constater le respect du cessez-le-feu", a ajouté M. Ould Cheikh Ahmed.
HRW: des centaines de bâtiments civils bombardés par la coalition
La coalition menée par l'Arabie saoudite au Yémen a tué des dizaines de civils et détruit des marchés et une école dans des raids aériens sur Saada, dans le nord du pays, selon l'ONG Human Rights Watch.
"Ces attaques constituent a priori de graves violations des lois de la guerre et méritent une enquête en bonne et due forme", estime Sarah Leah Whitson, directrice pour le Proche-Orient à HRW.
Les raids sur Saada ont tué au moins 59 personnes entre le 6 avril et le 11 mai, dont 14 femmes et 35 enfants, indique l'ONG de défense des droits de l'homme dans un rapport.
"Des centaines" de bâtiments ont été touchés, ajoute HRW qui a répertorié plus de 210 impacts de bombes dans toute la ville et interrogé 28 victimes et témoins.
Parmi les cibles figurent six maisons d'habitation mais aussi une école non occupée, un centre culturel, cinq marchés et une station essence.
Dans un de ces bombardements le 6 mai, 27 membres de la famille al-Ibbi, dont 17 enfants, ont péri.
Les raids sur des maisons ont fait à eux seuls 51 victimes, toutes civiles, précise HRW qui a envoyé deux enquêteurs sur place en mai.
"Non seulement ces attaques sont illégales parce qu'elles ne visent semble-t-il aucune cible militaire, mais elles aggravent les conditions de vie difficiles des civils qui manquent de nourriture, d'eau et de carburant", souligne le rapport.
HRW demande à la coalition militaire arabe menée par l'Arabie saoudite d'ouvrir une enquête, mais une lettre adressée au gouvernement saoudien est restée sans réponse.
L'ONG américaine demande aussi aux pays qui soutiennent la coalition, dont les Etats-Unis, de faire pression "pour qu'elle respecte ses obligations légales internationales" et minimise les pertes civiles.
Une cité archéologique visée
S’agissant des agressions saoudiennes, l'aviation de la coalition a bombardé en milieu de journée plusieurs régions dans la capitale Sanaa, ont rapporté des habitants les qualifiant des plus violents depuis le début du mois de jeûne musulman du Ramadan, le 18 juin.
Mercredi, les avions de chasse ont bombardé la ville archéologique de Baraqish dans le gouvernorat de Marib, au centre.
Des sources yéménites citées par l’agence SABA ont également rapporté qu’un pont sur la route principale Sanaa-Marib- AlJouf a été visée par un raid aérien saoudien.
A Taez (sud-ouest), quatre membres d’une famille ont été tués et blessés, suite à un raid aérien saoudien, a-t-on ajouté de même source.
La même source a expliqué que les raids aériens lancés par les avions de chasse de l'agression saoudo-américaine ont ciblé les installations militaires et sportives, ainsi que les résidences des citoyens dans le gouvernorat de Taez, dont le palais présidentiel, le siège des forces spéciales de sécurité, le siège de la 35e brigade blindée, le Club sportif d’Al-Saqr et l'un des bâtiments près de l'hôpital de la Révolution.
Vidéo d’un assaut contre une base saoudienne
En dépit des agressions saoudiennes, l’armée et les forces populaires d’Ansarullah (Houthis) ont pris d’assaut mercredi, la base militaire d’Al-Chorfa dans la région de Najrane. Deux véhicules militaires ont été détruits et des dizaines de soldats ont été tués ou blessés, a affirmé l’agence yéménite Marsad, citée par Yemeni Press.
Le média militaire des forces yéménites a publié une vidéo montrant la prise de contrôle de cette base attaquée pour la seconde fois, depuis le 9 juin.
Dans la région de Jazzane, l’artillerie yéménite a également pris pour cible plusieurs positions saoudiennes.
Par ailleurs, l’Arabie a annoncé qu’un soldat saoudien blessé par des tirs venus du Yémen, a succombé mardi, ce qui porte à au moins 46 le nombre des saoudiens tués depuis fin mars par des tirs à la frontière, selon Ryad.