L’attaque contre le célèbre musée de Tunis avait profondément choqué la Tunisie, en proie à une progression de la mouvance "jihadiste" depuis la révolution de 2011.
La Tunisie a annoncé ce jeudi l'arrestation de huit personnes en "lien direct" avec l'attentat revendiqué par le groupe terroriste Etat islamique (EI, Daech) qui a tué 38 touristes étrangers, dont 30 Britanniques, la semaine dernière dans un hôtel en bord de mer.
Les autorités ont procédé à l'"arrestation de huit éléments en relation
directe avec l'exécution de l'opération (attentat), dont une femme", a affirmé
le ministre chargé de la société civile, Kamel Jendoubi, lors de la première
conférence de presse consacrée à l'enquête, affirmant que "le réseau qui est
derrière cette opération" avait été "découvert".
"Actuellement, il y a huit personnes qui sont arrêtées", a dit le ministre
qui dirige l'équipe de communication de crise mise en place par le gouvernement
après la pire attaque terroriste qu'ait jamais connue la Tunisie, sans préciser
si d'autres suspects avaient été identifiés sans être arrêtés.
Lundi, le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli avait déjà annoncé des
arrestations sans toutefois préciser leur nombre ou l'identité des personnes
interpellées.
En outre, "dans le cadre de la coopération sécuritaire entre la Tunisie et
la Grande-Bretagne, 10 enquêteurs britanniques enquêtent sur l'attentat", a dit
Jendoubi.
Avec 30 morts parmi les 38 victimes, la Grande-Bretagne paie le plus lourd
tribut dans cet attentat. Une partie des dépouilles a quitté la Tunisie
mercredi, neuf doivent être rapatriées jeudi et les autres vendredi et samedi.
Perpétré selon les autorités par un étudiant de 23 ans identifié comme
Seifeddine Rezgui, l'attentat de Port El Kantaoui, près de Sousse, a été
revendiqué par l'EI tout comme celui contre le musée du Bardo à Tunis le 18
mars (22 morts: 21 touristes et un policier tunisien).
Selon les autorités tunisiennes, Seifeddine Rezgui s'est formé au maniement
des armes dans un camp en Libye, pays livré au chaos et séparé de la Tunisie
par une frontière poreuse. Il est possible qu'il y ait rencontré les deux
auteurs de l'attentat du Bardo, d'après le secrétaire d'Etat chargé de la
sûreté nationale, Rafik Chelly.
L'attaque contre le célèbre musée de Tunis avait profondément choqué la
Tunisie, en proie à une progression de la mouvance jihadiste depuis la
révolution de 2011 qui a chassé le dictateur Ben Ali.
Déjà en alerte après le Bardo, les autorités ont annoncé de nouvelles
mesures après l'attaque contre l'hôtel Riu Imperial Marhaba, dont l'armement de
la touristique - une première selon les autorités - et l'arrivée de
renforts.
"Il y a eu un déploiement de 1.377 agents sécuritaires armés
supplémentaires dans les établissements hôteliers et sur les plages", a précisé Jendoubi jeudi, dans le cadre d'un "plan exceptionnel" qui était censé
entrer en vigueur le 1er juillet.
Mais dans des zones touristiques autour de Tunis comme Carthage, Sidi Bou
Saïd et Gammarth, les renforts promis n'étaient pas encore arrivés mercredi,
selon des journalistes de l'AFP.
Dans une vidéo diffusée merdredi soir sur le site de la radio privée Cap
FM, le ministre de l'Intérieur lui-même, venu faire une inspection à Hammamet,
station balnéaire au sud de Tunis, s'emportait face à l'absence d'agents.
"Nous nous étions mis d'accord sur la protection des plages. Où sont-ils,
tes agents chargés de sécuriser les plages? Et je les veux armés. Où sont-ils?
Ils sont en train de boire un café?" lance-t-il à un responsable.
"Je veux que tu me sécurises les clients de la Tunisie, les invités de la
Tunisie(...) J'ai fait ce que j'avais à faire" en déployant près de "1.300
agents spécialement pour les zones touristiques" (...), ajoute-t-il, furieux
face au responsable qui tente d'expliquer que "si Dieu le veut, dès demain, les choses seront à 100%" en ordre.
"Demain il va falloir que nous revenions. On reviendra dans une voiture banalisée et on verra", répond le ministre.
Jeudi, à Gammarth (nord-est de Tunis), les renforts n'étaient pas plus visibles que la veille, selon un journaliste de l'AFP sur place. Mais aucun touriste n'était non plus venu profiter de la la Méditerranée.