Les violences en Egypte n’ont pas connu de répit jeudi puisqu’un policier a été abattu par deux hommes armé à bord d’une moto à Fayoum, au sud du Caire.
L'Egypte se disait ce jeudi déterminée à éradiquer les terroristes du groupe Etat islamique (EI, Daech) dans la péninsule du Sinaï, au lendemain d'une vague d'attentats sans précédent qui a fait des dizaines de morts, dont des militaires.
Mais les opérations de l'armée dans le Sinaï (est), lancées il y a deux
ans, n'ont jusqu'à maintenant pas réussi à enrayer les attaques visant les
forces de l'ordre, qui se sont multipliées depuis la destitution par les
militaires du président Mohamed Morsi en juillet 2013.
La série d'attaques coordonnées lancées mercredi dans le Nord-Sinaï par des
combattants affiliés à l'EI contre des positions de l'armée constitue un second
coup dur pour les autorités, après l'assassinat lundi au Caire dans un attentat
à la bombe du procureur général d'Egypte, plus haut représentant de l'Etat à
être tué depuis 2013.
A la suite de cette attaque encore non revendiquée, le président Abdel
Fattah al-Sissi a promis une législation antiterroriste plus dure et dès
mercredi, le gouvernement a approuvé une nouvelle loi qui doit "offrir une
justice rapide et venger nos martyrs", selon un communiqué.
Après les attaques de mercredi, des affrontements sans précédent ont éclaté
entre soldats et terroristes dans la localité de Cheikh Zouweid, tandis que les
chasseurs F-16 de l'armée ont bombardé des positions de l'EI.
L'armée a fait état de 17 soldats et 100 terroristes tués dans ces combats.
Mais des responsables avaient auparavant annoncé la mort de 70 soldats et
civils.
Ces violences interviennent alors que l'Egypte marque vendredi le deuxième
anniversaire de la destitution de M. Morsi par M. Sissi, à l'époque chef de
l'armée.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'armée a affirmé dans un communiqué être
"déterminée à arracher les racines du terrorisme noir". "Nous ne nous
arrêterons pas avant d'avoir purifié le Sinaï des foyers terroristes", a-t-elle
ajouté.
Un porte-parole militaire a publié sur sa page Facebook des dizaines de
photos montrant les cadavres ensanglantés de "terroristes".
La presse égyptienne, qui a largement relayé ces photos, a en grande
majorité affiché son soutien aux militaires: "Revanche" titrait ainsi le
quotidien étatique Al-Akhbar. "La victoire ou le martyre", affirmait le
quotidien étatique Al-Gomhoureya.
Dans un communiqué, la Maison Blanche a condamné les attaques au Sinaï,
assurant que les Etats-Unis "continueraient d'assister l'Egypte face aux
menaces touchant sa sécurité".
Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a de son côté pressé
la communauté internationale de "soutenir les efforts du gouvernement égyptien
à faire face aux groupes terroristes", selon un communiqué.
Affrontements 'inédits et uniques'
Les terroristes en Egypte disent attaquer les forces de sécurité en
représailles à la sanglante répression qui s'est abattue sur les pro-Morsi, et
dans laquelle plus de 1.400 personnes, en majorité des manifestants islamistes,
ont été tuées.
Des milliers d'autres sympathisants ont également été emprisonnés et des
centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs qualifiés par
l'ONU de "sans précédent dans l'histoire récente".
Les dernières attaques ont été revendiqués par le groupe "Province du
Sinaï", qui a précisé que trois kamikazes avaient participé aux assauts contre
une quinzaine de barrages de l'armée.
Se faisant autrefois appeler Ansar Beït al-Maqdess, ce groupe a changé de
nom pour bien marquer son allégeance à l'EI qui a proclamé il y a un an un
"califat" sur les territoires conquis en Irak et en Syrie.
L'une des attaques de mercredi, menée avec une voiture piégée contre un
check-point au sud de Cheikh Zouweid, près d'Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï,
a coûté la vie à quinze soldats.
Avant de se retirer, les terroristes ont miné les abords d'un commissariat
du Cheikh Zouweid pour empêcher l'arrivée de renforts, prenant position sur des toits d'immeubles pour attaquer le bâtiment avec des lance-roquettes.
"Durant des heures, les terroristes se déplaçaient librement dans les
rues", a raconté à l'AFP Aymen Mohsen, un habitant qui a assisté aux combats.
Jeudi, le téléphone, l'internet et l'électricité étaient coupés à Cheikh
Zouweid, selon un correspondant de l'AFP.
Ces affrontements et attaques dans le Sinaï "sont inédits et uniques à la
fois par leur intensité, leur nombre, leur qualité et leur force de frappe", a
estimé Mathieu Guidère, spécialiste français des mouvements jihadistes.
Les violences en Egypte n'ont pas connu de répit jeudi puisqu'un policier a
été abattu par deux hommes armé à bord d'une moto à Fayoum, au sud du Caire.