Les instructions du président chinois "ont été renouvelées en mai par les planificateurs de la stratégie de l’APL" dans un livre blanc.
La Chine entend doter son armée d'un bombardier stratégique furtif, capable d'assurer des frappes en profondeur, notamment dans le Pacifique, a rapporté mardi la presse officielle chinoise.
L'idée aurait reçu le soutien du président Xi Jinping, partisan de bâtir une force aérienne de nature "stratégique", autrement dit "dotée de capacités offensives et non plus simplement défensives comme c'était le cas dans le passé", selon un spécialiste cité par le China Daily, Wang Yan'an, rédacteur-en-chef adjoint de la revue chinoise Aerospace Knowledge.
L'aviation de l'Armée populaire de libération (APL) "doit donc posséder un bombardier stratégique à long rayon d'action, sans lequel on ne peut pas parler de force stratégique", selon cet expert.
Les instructions du président chinois "ont été renouvelées en mai par les planificateurs de la stratégie de l'APL" dans un livre blanc, selon le journal.
Le qualificatif de "stratégique" était jusqu'à présent réservé au "Deuxième corps d'artillerie" de l'APL, en charge des missiles nucléaires.
Sur une pleine page, le quotidien officiel développe les défis et les enjeux du projet, qui devrait prendre des années, au vu du retard de l'aéronautique militaire chinoise.
Le "cahier des charges" du futur appareil devrait lui assurer un rayon d'action de 8.000 kilomètres et une charge de 10 tonnes de bombes.
Il serait ainsi à même de frapper jusqu'à la "deuxième chaînes d'îles", qui définit aux yeux des stratèges chinois "le périmètre de défense maritime du pays", selon le journal.
La première chaîne "désigne une série d'îles allant du Japon au nord jusqu'à Taiwan et les Philippines au sud", tandis que la seconde "va, au nord,
des îles Bonin (ndlr: l'archipel japonais d'Ogasawara) jusque, vers le sud, les îles Mariannes et Caroline", précise le China Daily, invoquant "une acceptation communément admise", bien que "les frontières exactes de ces chaînes d'îles n'aient jamais été officiellement définies".
La Chine, qui entend contester l'hégémonie américaine sur le Pacifique, nourrit de vives rivalités avec le Japon sur l'archipel disputé des Senkaku (Diaoyu en chinois) en mer de Chine orientale et suscite l'inquiétude de ses voisins en mer de Chine méridionale, où elle est en train d'achever une piste d'atterrissage longue de 3.000 mètres dans l'archipel disputé des Spratleys.
Les forces aériennes chinoises ne disposent pour l'heure que d'un modèle de bombardier stratégique, le H-6, inspiré de l'antique Tu-16 soviétique des années cinquante, le "Badger" dans son appellation Otan. Sa version chinoise modernisée (H-6K), subsonique, est capable d'emporter six missiles de croisière.
Le journal évoque la possibilité de s'inspirer pour son futur appareil du Tu-160 russe, un bombardier lourd supersonique à géométrie variable.
Mais il n'est pas furtif et le journal exclut la possibilité de concevoir un équivalent du B-2 américain de Northrop Grumman, qui représenterait "un défi technologique et financier" insurmontable pour la Chine.
D'autres médias chinois avaient estimé à une dizaine d'années le temps nécessaire à la mise au point d'un tel appareil.