August Hanning a dirigé le dossier du premier échange de détenus entre l’Entité sioniste et le Hezbollah en 2004
L'ancien patron du renseignement extérieur allemand (BND), August Hanning, a affirmé que la division du Moyen Orient selon de nouvelles frontières n’est pas une simple spéculation, mais c’est plutôt un projet mûr.
Dans une interview accordée au journal libanais Assafir depuis Bruxelles où il participe à un congrès sur la sécurité, Hanning s’est demandé : « A quel point le Moyen-Orient constitue une région stable ? Qu’en est-il de la situation régionale depuis l’accord de Sykes-Picot ? Cette région est-elle stable ou non depuis la Première guerre mondiale ? ».
« A mon avis, cette région n’est pas stable effectivement, et nous devons repenser une nouvelle structure sécuritaire », a-t-il répondu.
Interrogé sur la nature de cette nouvelle structure, Hanning a dit : « C’est une question très compliquée. Depuis la Première guerre mondiale, des frontières très factices ont été mises en place. Regardez l’Irak, c’est un pays factice. La Syrie, je pense qu’elle est différente. Mais maintenant, en Irak, des combats ont eu lieu entre sunnites, chiites et kurdes. Je pense qu’il est difficile de se figurer que ces communautés puissent cohabiter en fin de compte ».
Faisant le jeu de l’Occident, cet ancien responsable de renseignement allemand défend l’idée selon laquelle le conflit en Irak est sectaire, et omet de mentionner le rôle occidental et américain dans l’aiguisement des haines confessionnelles et dans le soutien aux groupes terroristes qui suivent une politique ségrégationniste.
Lui-même partisan du projet de la division du Moyen-Orient, ce responsable allemand tente de justifier sa position : « Citons l’exemple des Balkans, là où nous avons obligé les différents groupes ethniques à bâtir un pays unique, à coexister et à être tolérants. J’ai quelques doutes à ce sujet. Je pense que les frontières actuelles peuvent ramener la paix en quelque sorte mais nous devons envisager de tracer de nouvelles frontières au Moyen-Orient. La chancellerie allemande n’est pas prête pour soutenir ces nouvelles idées, mais en fin de compte, ceci nous aidera à aller de l’avant vers une solution pacifique. Nous devons retracer de nouvelles frontières dans la région ».
Grand connaisseur de la situation politique et sociale libanaise, August Hanning, a dirigé le dossier du premier échange de détenus entre l’Entité sioniste et le Hezbollah en 2004.
Interrogé sur la place du Liban sur l’échiquier international, celui-ci a répondu: « Le Liban peut se mettre à l’abri bien que le feu de la région l’atteigne. La question libanaise est très délicate. Dans les années 90, il y avait un équilibre entre les différents groupes religieux et ethniques. Aujourd’hui, un grand nombre de réfugiés y ont afflué. Je pense que la plupart d’entre eux resteront au Liban. Tout le système libanais est sous pression, compte tenu des différents poids des groupes ethniques. J’espère que les dirigeants de ces groupes ethniques au Liban pourront aboutir à un consensus pour garder la structure libanaise spéciale. Cette structure a permis au pays de vivre en paix par le passé. J’espère que ce système fragile actuellement puisse vaincre les difficultés en provenance du voisinage ».
S’exprimant sur la Syrie, le dirigeant sécuritaire allemand déplore que ce pays ait été jadis très tolérant sur les questions religieuses, « mais non politiques ».
« Nous nous demandons quelle serait la meilleure alternative en Syrie. Nous avons cru que l’opposition laïque pourra être une bonne solution. Il s’est avéré que c’était de l’imagination pure. Actuellement, nous sommes déçus. La meilleure solution passe par l’arrêt des combats et la relance d’un véritable processus de paix regroupant toutes les parties. L’opposition laïque n’est pas réaliste pour l’instant ».
Bref, l’Occident est déçu, contrarié et acculé au mur sur le conflit en Syrie. Celui-ci a révélé que le groupe du G7 réuni en Allemagne a débattu d’une transaction stipulant la destitution du président syrien et l’entente avec son régime, sans fournir de détails supplémentaires.
Partant toujours de la logique du sectarisme, ce responsable allemand avait considéré en 2005 que le groupe d’Abou Mossab Zarqaoui, dirigeant de la branche d’al-Qaïda en Irak à l’époque de l’occupation américaine du pays, constituait un « exemple à suivre pour les groupes sunnites qui se disent avoir l’honneur de commettre des attentats sous sa bannière ».
Au sujet de la fin imminente de la milice wahhabite takfiriste Daech, Hanning doute fort d’un sort pareil à court terme. « Je ne trouve aucun groupe sur le terrain, capable ou désireux de mettre fin à ce phénomène. J’ai même posé la même question au ministre turc des Affaires étrangères sans obtenir de réponse ».
Quel est le rôle de l’Iran dans les combats contre Daech ? Hanning insiste sur le refus du camp adverse de soutenir la lutte iranienne. « Ils ont peur de la puissance iranienne. La Turquie fait certes partie des pays sunnites dans la région. Et en quelque sorte, Daech défend les intérêts sunnites dans la région, et certains pays sunnites éprouvent de la sympathie envers lui. Nous devons réaliser ce fait parce que ça fait partie du problème », a-t-il avancé.
Traduit du site Assafir