Pour provoquer des élections anticipées
L'opposition turque a vivement dénoncé mardi le retard "anormal" pris par le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan pour nommer un nouveau Premier ministre, un mois après le revers essuyé par son parti aux élections législatives
"Le président doit rapidement confier à quelqu'un la tâche de former un gouvernement. Ce retard n'est pas normal", a déclaré le président du principal parti d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, devant la presse.
Le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), qui a obtenu 25,1% des suffrages et 132 sièges de députés, a clairement suggéré que le chef de l'Etat souhaitait ainsi provoquer des élections anticipées. "Si de nouvelles élections doivent être convoquées, il est inutile d'attendre plus longtemps", a-t-il dit.
Lors du scrutin du 7 juin, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan a été pour la première fois privée de sa majorité absolue au Parlement depuis son arrivée au pouvoir en 2002, ouvrant la voie à un gouvernement de coalition. L'AKP a recueilli 40,6% des voix et 258 des 550 sièges du Parlement.
Le coprésident du principal parti prokurde, qui a raflé 12,9% des voix et 80 sièges, a lui aussi jugé que le retard pris par M. Erdogan n'était "pas normal". "L'AKP dirige illégalement le pays depuis un mois alors qu'il n'en a pas le droit", a déclaré Selahattin Demirtas, du Parti démocratique des peuples (HDP).
Le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus a tenté de calmer les esprits en assurant que M. Erdogan chargerait formellement le Premier ministre sortant Ahmet Davutoglu, dont l'AKP est arrivé en tête, de former une coalition "dans le courant de cette semaine".
M. Davutoglu avait remis sa démission à M. Erdogan deux jours après les élections et expédie depuis les affaires courantes.
Si aucun gouvernement n'est formé dans un délai de 45 jours après la nomination officielle de M. Davutoglu, M. Erdogan peut convoquer des élections anticipées.