"Les découvertes archéologiques et les écrits bibliques montrent sans ambiguïté que la Palestine était habitée par des sémites non-juifs bien avant que les juifs ne la réclament comme étant leur terre promise".
Je suis sûre qu’à la fin de cet article je vais être cataloguée d’antisémite. Qu’importe, car en tant qu’Américaine d’origine africaine, je sais ce que c’est que le racisme.
Auset Marian Lewis/journaliste américaine
Mais comme j’ai moralement condamné l’apartheid en Afrique du Sud, oppression au « pays de l’homme libre », et le génocide de la population autochtone d’Amérique, je dois dénoncer l’apartheid en Palestine.
Les juifs et les Africains-Américains savent ce qu’est le racisme. Nous avons les uns et les autres subi notre propre holocauste. Les juifs dans l’Allemagne nazie pendant la deuxième guerre mondiale et les noirs américains lors du « Passage du Milieu » à bord des bateaux négriers en route pour l’Amérique. Les juifs dans l’Allemagne nazie et les noirs en Amérique furent également exploités comme main d’œuvre gratuite.
Bien que les relations entre noirs et juifs aient été ténues au cours des siècles, je reconnais que la population juive a été une alliée constante dans la bataille pour la justice raciale. Julius Rosenwald, Lillian Wald, Rabbi Emil Hirsch, et le rabbin Steven Wise furent parmi les fondateurs originels de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP).
L’antisémitisme, c’est une réalité. Il y a eu, en 2013, 625 cas d’agressions haineuses à l’encontre de juifs faisant 737 victimes selon les rapports du FBI. On souhaiterait qu’il en soit autrement. Je soutiens le droit des juifs à exister. Bien sûr. Mais pas au détriment d’autres personnes, qui, il se trouve, ont la peau foncée comme moi. Non.
Depuis leur arrivée à Ellis Island, les juifs ont connu en Amérique un succès inégalé. Il a été calculé qu’en 2012 les juifs représentaient 34% des 400 (plus riches Américains) de la liste Forbes, bien qu’ils ne constituent que 1,8% de la population adulte. Il a aussi été estimé qu’ils étaient cent fois plus susceptibles de devenir milliardaires que le reste du monde. D’après Wikipédia l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) est le plus puissant groupe de pression à Washington. Ils possèdent la majorité des médias du monde entier et façonnent l’opinion publique.
Les juifs exercent un pouvoir énorme en Amérique et dans le monde. Ils ont matière à se réjouir. J’apprécie la riche culture de ce groupe ethnique, toutefois je n’écris pas pour faire les louanges de l’état d’Israël. Bien que la culture de haine à l’égard des juifs me répugne, je ne soutiens pas le sionisme.
En période de récession économique, de déficits énormes, et de coupes dans les programmes sociaux, le maigre argent des contribuables sert à financer l’état d’Israël. Cela me pose problème, et pas qu’à moi. Miko Peled, antisioniste juif a fait les remarques suivantes lors d’une présentation de son livre en 2012. Il dit qu’on le qualifie souvent de « juif qui se hait lui-même » et répond : « Bien, mais pouvez-vous m’expliquer pourquoi les enfants palestiniens n’ont pas d’eau ; pouvez-vous m’expliquer comment vous justifiez le fait de déverser des centaines de tonnes de bombes sur des enfants ; pouvez-vous m’expliquez comment on peut expulser des gens de chez eux et les jeter à la rue ; pouvez-vous m’expliquez comment on peut tirer des enfants de leur lit à deux heures du matin, les jeter en prison et les torturer ; pouvez-vous m’expliquer tout ceci ? Je suis peut-être antisémite, mais maintenant expliquez-moi tout ceci. Qu’est-ce que cela fait de vous ?
Peled a écrit un livre intitulé Le fils du général. Il est issu d’une éminente famille militaire sioniste, fils d’un général de l’armée israélienne. Toutefois, après les atrocités de la guerre de 1967, le père de Peled est devenu un artisan de la paix pro-palestinien prônant le droit des Palestiniens à leur propre terre.
Aussi inhabituel que cela puisse être, ce n’est qu’un détail de toute cette incroyable histoire. Peled est devenu militant comme son père, mais en 1997 sa nièce, Smadar fut tuée dans un attentat suicide. C’était une excellente opportunité de propagande pour les sionistes, mais Peled et sa famille tinrent bon. Alors que les gens en deuil s’attendaient à entendre la mère de Smadar réclamer vengeance pour cette tragédie épouvantable, ils entendirent ces mots, « Une vraie mère ne voudrait pas qu’une chose terrible comme celle-ci puisse arriver à une autre mère. »
Peled n’est pas raciste, ni moi non plus. Bien que les juifs jouent la carte du racisme en ce qui concerne leur « droit d’exister », toute leur puissance économique et militaire leur permet non seulement d’exister mais d’être en position de domination. Les Etats-Unis menacent d’attaquer l’Iran s’il ose ne serait-ce que d’envisager de se doter d’un armement nucléaire, mais l’arsenal nucléaire d’Israël échappe à tout contrôle. Mohammed Elbaradei, directeur général de l’Agence Internationale d’Energie Atomique (AIEA) a déclaré, « Ce n’est pas une situation viable d’avoir dans cette région Israël doté d’un armement à capacité nucléaire, tandis que tous les autres pays adhèrent au principe de non-prolifération »
En 2014, l’AIEA a de nouveau rejeté une résolution pour l’inspection des installations nucléaires d’Israël. Bien que 26 nations se soient abstenues, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France et l’Allemagne ont voté contre les inspections. Lorsque Saddam Hussein a soi-disant refusé les inspections, les Etats-Unis envahirent l’Irak. Les Etats-Unis financent l’arsenal nucléaire d’Israël qui n’est soumis à aucun contrôle, et ils sont son plus grand fournisseur d’armes. Nous sanctionnons et envahissons l’Irak ; à Israël, nous envoyons de l’argent.
Bien sûr qu’Israël a le droit de se défendre, mais il a le plus important arsenal militaire du Moyen Orient. La question qui se pose est la suivante, les Palestiniens ont-ils le même droit ? Les Palestiniens se prévalent de 1300 ans d’histoire sur leur terre, interrompue seulement par les croisades chrétiennes (1099-1187).
Selon « Albalagh »(site web, offrant des articles sur des sujets relatifs à l’islam et sur des questions d’actualité) :
« La conquête de la Palestine par les musulmans mit fin à des siècles d’instabilité et de persécutions religieuses et de domination coloniale … Finalement, en 1187 de notre ère, la Palestine fut libérée par les musulmans … La paix et la justice régnèrent à nouveau en Palestine, et tout le monde, quelle que soit sa religion, avait le droit d’y vivre en paix. »
Puis en 1917 la Déclaration Balfour, (une lettre) affirma que la Grande Bretagne soutenait l’occupation sioniste de la Palestine. Un blog sur le sujet fait un commentaire de bon sens très astucieux qui reflète ma propre façon de penser :
Si l’on feuillète le grand livre de l’Histoire, il est clair que les musulmans, les chrétiens, et les juifs se font la guerre depuis les temps bibliques pour la possession de la Palestine et de Jérusalem sans jamais parvenir à un accord. Les découvertes archéologiques et les écrits bibliques montrent sans ambiguïté que la Palestine était habitée par des sémites non-juifs bien avant que les juifs ne la réclament comme étant leur « terre promise », et même longtemps après. Les juifs disent qu’ils revendiquent la terre parce qu’elle leur appartenait il y a 3300 ans et qu’ils l’ont perdue par la guerre, mais c’est une justification absurde parce que si ce raisonnement était juste l’Amérique devrait rendre les territoires du sud-ouest aux Mexicains et le reste du pays aux Indiens.
Ce qui me dérange, c’est que de nombreuses églises chrétiennes noires soutiennent le sionisme comme étant un commandement de Dieu. Ils avancent allégrement que Dieu bénira quiconque bénit Israël. Et pourtant les israélites éthiopiens (noirs) sont victimes de discriminations qui feraient rougir de honte des militants des droits civiques juifs et descendre dans la rue la population noire.
Dans un article intitulé « Le malheur d’être juif éthiopien », une femme témoigne qu’on l’appelle couramment la « négresse ». Selon un rapport de l’Institut Myers-JDC-Brookdale les Israéliens noirs constituent une communauté instruite de 125 000 personnes. Lors des Évaluations nationales pour l’année scolaire 2009-2010 le niveau des résultats des Israéliens d’origine éthiopienne se situaient entre 80 et 90 pourcent des résultats de la population juive.
Par ailleurs, le rapport liste des disparités économiques flagrantes parmi lesquelles les inégalités salariales : les femmes israéliennes d’origine éthiopienne ont un revenu mensuel moyen de 3900 shekels et leurs homologues blanches de 6400 shekels.
Les Israéliens d’origine éthiopienne sont confrontés à toutes sortes de discriminations : professionnelle, résidentielle, des logements séparés mais non égaux. Peu de temps après les émeutes Freddie Gray à Baltimore en avril, des milliers d’Israéliens noirs descendirent dans la rue pour protester contre la violence policière à l’encontre d’un soldat israélien noir. Les manifestants ont affronté la police anti-émeute avec des bouteilles et des pierres. D’après Al Jazeera le « centre de Tel Aviv ressemblait à un champ de bataille » avec des blessés dans les deux camps.
Quant aux Palestiniens, un article intitulé « Jim Crow en Palestine : similitudes entre racismes israélien et américain » affirme que bien qu’il y ait de grandes différences physiques entre Birmingham en Alabama et Gaza, les deux villes souffrent toutes deux de l’absence de services municipaux élémentaires comme le ramassage des ordures ménagères, des égouts, des rues goudronnées, et des trottoirs. Dans les états du sud de l’Amérique sous les lois Jim Crow les noirs devaient s’effacer devant les blancs dans la rue et leur céder le passage lorsqu’ils se rencontraient. En Israël la liberté de circuler des Palestiniens est restreinte, toutes les rues ne leur sont pas autorisées.
Les crimes de guerre israéliens sont pléthores. Noam Chomsky, linguiste et commentateur politique, a dit sur Press TV que même l’apartheid en Afrique du Sud n’était pas aussi brutal que l’occupation dont sont victimes les Palestiniens. « Des hôpitaux ont été attaqués à maintes reprises. Chaque attaque est un crime de guerre. En fait, à chaque fois qu’Israël fait feu de l’autre côté de la frontière, il commet un crime de guerre. Seuls les vaincus sont passibles des tribunaux pour crime de guerre. »
L’occupation que subissent les Palestiniens depuis 49 ans est l’occupation militaire la plus longue au monde. Les Palestiniens de Gaza qualifient leur colonisation clôturée de « plus grande prison du monde. »
Mais les violations des droits de l’homme commises par Israël ne passent pas inaperçues. Quinze leaders religieux ont adressé une lettre au Congrès demandant que les trois milliards de dollars d’aide consentis à Israël soient soumis au respect des droits de l’homme par Israël. Ils ont cité le U.S. Foreign Assistance Act et le U.S. Arms Export Control Activ qui stipulent que les pays qui violent les droits de l’homme élémentaires ne peuvent bénéficier des largesses Américaines. En d’autres termes, les Etats-Unis violent leurs propres lois.
Prise de position d’Amnesty International :
Le 21 juillet, (2014) Amnesty International USA a fait une déclaration sur la question intitulée « Des attaques d’établissements médicaux et de civils viennent s’ajouter aux allégations de crimes de guerre », affirmant entre autre, que « les bombardements continus d’habitations civiles dans différents quartiers de la Bande de Gaza, ainsi que l’attaque israélienne d’un hôpital, complètent la liste des crimes de guerre éventuels qui rendent nécessaire une enquête internationale indépendante de toute urgence. »
Bien que le conte de fée médiatique du « droit d’exister » d’Israël sur la terre de quelqu’un d’autre n’emporte pas l’adhésion de tout le monde, la plupart des gens sont prêts à avaler cette couleuvre. Un sondage Gallup sur les questions internationales montre que 7 Américains sur 10 soutiennent Israël. 17% seulement compatissent avec les Palestiniens. Cependant, comme la vérité est la première victime de guerre, je dirais que la plupart des gens ne connaissent pas toute la vérité.
L’accord de paix offert en 2000 à Yasser Arafat, Président de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) par le Président Clinton, que la presse américaine gratifia de « généreux » et de « sans précédent » illustre bien comment les médias déforment les faits. Arafat fut éreinté pour ne pas l’avoir accepté. Le rabbin Michael Lerner, fondateur et rédacteur en chef du magazine Tikkun, EU en a dit que c’était un « accord impossible. » Sam Husseini de l’Institute for Public Accuracy (5) fut plus explicite :
C’est comme si les Palestiniens avaient été relégués dans le sous-sol de leur maison avec l’autorisation d’utiliser la plupart des pièces, mais que c’était Israël qui avait le contrôle de tous les couloirs et de certaines des pièces, donc si vous voulez aller de votre salon à votre chambre, il faut passer par un poste de contrôle israélien. Si vous voulez aller de la cuisine à la salle de bain vous devez passer par un poste de contrôle israélien. Dans ces circonstances êtes-vous maître chez vous ?
Dire que l’offre était « sans précédent » pourrait éventuellement être une vérité approximative, mais dire qu’elle était « généreuse » était pure fiction.
Avec ce genre de propagande médiatique, il n’est guère surprenant qu’antisionisme et qu’antisémitisme soient frères siamois. Donc, il se peut que je sois qualifiée d’antisémite. Bien que j’aie cité de nombreux juifs pro-palestiniens dans cet article, ils sont, d’après une enquête du Pew Research Center (6) « une minorité …si faible qu’elle est statistiquement insignifiante. » Néanmoins, je suis en bonne compagnie même si je prône une position très impopulaire.
Le pasteur protestant de renom, Martin Niemoller (1892-1984) a dénoncé Adolph Hitler. Il est connu pour avoir prononcé ces paroles puissantes, « D’abord ils sont venus chercher les socialistes, et je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas socialiste. Puis, ils sont venus chercher les syndicalistes, et je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas syndicaliste. Puis, ils sont venus chercher les juifs, et je n’ai rien dit, parce que je n’étais pas juif. Puis, ils sont venus me chercher, et il ne restait personne pour protester. »
Eh bien, ils sont venus chercher les Palestiniens et moi, Noire américaine je me demande : après, à qui le tour ?
Info-Palestine