23-11-2024 01:44 PM Jerusalem Timing

Paul Craig Roberts: Le problème des USA avec l’Iran n’a jamais été le nucléaire

Paul Craig Roberts: Le problème des USA  avec l’Iran n’a jamais été le nucléaire

La fabrication d’armes nucléaires a toujours été un prétexte de couverture des intentions réelles de Washington

Le problème de Washington avec l’Iran n’a jamais été le programme d’énergie nucléaire iranien. La notion, poussée par les néo-conservateurs, que l’Iran n’avait un programme nucléaire énergétique (à 5% d’enrichissement de l’uranium) que pour cacher un programme nucléaire militaire (à 95% d’enrichissement de l’uranium), a toujours été une couverture pour Washington afin de masquer son véritable agenda et son opposition à l’Iran.

Du point de vue de la doctrine hégémonique américaine, le problème de l’Iran est son indépendance. Comme l’Irak, la Syrie, la Libye, le Venezuela, l’Équateur, la Bolivie, le Brésil, l’Argentine, Cuba, la Corée du Nord, la Russie et la Chine, l’Iran n’est pas un vassal de Washington.

Washington est simplement incapable d’admettre la vérité et de dire que l’Iran est sur sa liste des pays ciblés, parce que l’Iran n’a pas voulu se plier à sa volonté. Ainsi, Washington a décidé de créer une peur, une diabolisation de l’Iran chez les Américains et les Européens. Pour ce faire, l’Iran fut accusé de développer des armes nucléaires qu’il donnerait ensuite aux terroristes pour une utilisation contre Israël, l’Europe et les Etats-Unis. Quand Washington a positionné des missiles anti-balistiques à la frontière avec la Russie, il lui a menti en disant que le but était l’interception des missiles inter-continentaux nucléaires iraniens (non-existants).

La propagande de Washington au sujet de la menace des armes nucléaires iraniennes est maintenant vieille de plusieurs années et ce, malgré un rapport du renseignement national publié conjointement par les 16 agences de renseignement des Etats-Unis, disant que l’Iran avait abandonné son intérêt pour l’armement nucléaire il y a plus de dix ans.

La propagande washingtonnienne a aussi été aidée par les médias occidentaux et ce malgré le fait que les inspecteurs de terrain de l’AIEA aient régulièrement rapporté qu’il n’y avait aucune preuve d’une quelconque déviation du programme nucléaire civil iranien vers le militaire. En d’autres termes, les inspecteurs de l’AIEA peuvent savoir et comptabiliser tout l’uranium enrichi dans ce programme nucléaire énergétique parfaitement légal.

Mais quoi qu’il en soit, Washington affirme que l’Iran fabrique ou est sur le point de pouvoir fabriquer des armes nucléaires.

La fabrication d’armes nucléaires a toujours été un prétexte de couverture des intentions réelles de Washington, qui est en fait de parvenir à un changement de régime à Téhéran, que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur, afin de faire retourner l’Iran à son statut précédent de vassal des nations occidentales. Les impérialistes occidentaux n’oublient jamais ceux qui s’échappent du système ou ceux qui jettent leurs béquilles de tutelle.

Washington a orchestré la “menace nucléaire” iranienne afin de préparer les opinions publiques américaines et européennes à une attaque militaire sur l’Iran.

En masquant ses vraies intentions dans des problèmes fabriqués de toutes pièces, Washington a ouvert la porte à la Russie pour qu’elle résolve la crise par moyen diplomatique. Coincé dans sa propre fabrication, Washington est confronté à la Russie résolvant l’affaire au moyen d’accords qui pourront être mis en application et qui garantissent qu’il n’y aura aucun enrichissement d’uranium dans la catégorie d’armement nucléaire.

Frustrés, les néo-conservateurs enragés agissant par des politiciens de bas-étage de Washington, ont essayé de bloquer l’accord. Le parti républicain, maintenant totalement contrôlé par Israël, a même demandé au chef d’Israël de s’adresser au congrès des Etats-Unis afin de bloquer l’accord d’Obama sur le nucléaire iranien.

Bloquer l’accord à ce stade est un aveu évident que l’affaire du nucléaire iranien n’était rien d’autre qu’une couverture à l’objection de Washington sur l’indépendance iranienne.

Qu’Obama soit sincère, coincé par la diplomatie russe, ou se reposant sur un attentat/évènement faux-drapeau pour discréditer l’Iran et ainsi souffler l’accord, je n’en sais rien. Israël bien sûr, veut que Washington enlève tous les obstacles à son expansion impérialiste au Moyen-Orient. Ayant volé la Palestine, Israël veut le sud-Liban comme prochaine annexion/acquisition (NdT: Sud-Liban qu’ils occupaient en partie avant de s’être fait virer par le Hezbollah en 2000)

Ce que je sais est que l’accord sur le nucléaire iranien n’est en rien le fond de l’affaire, que cela soit couronné de succès ou échoue n’aura aucun impact, parce que l’objection de Washington à l’Iran est son indépendance vis à vis de l’empire. L’Iran est un obstacle pour Washington. La fumisterie de la menace nucléaire que Washington créée de toute pièce ne fut qu’un moyen de propagande pour amener les peuples américains et européens insouciants à accepter une attaque sur l’Iran.

L’Iran demeure en grand danger que l’accord sur son nucléaire soit un succès ou un échec.

Je suis toujours stupéfait de constater que les gouvernements qui sont directement menacés par Washington échouent toujours de voir la véritable affaire de derrière le rideau et acceptent toujours la définition, l’énoncé du problème faits par Washington.

L’affaire inventée du nucléaire iranien ne sert qu’à masquer l’intention de Washington de renverser l’indépendance de l’Iran ; et pourtant le gouvernement iranien et les médias suivent Washington et sa pressetituée en acceptant la fabrication comme étant le véritable problème.
Si l’Iran survit, ce sera un véritable miracle.

 

Par Paul Craig Roberts : Ancien Secrétaire Adjoint au Trésor pour la politique économique et rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal. Il était chroniqueur pour Business Week, Scripps Howard Nouvelles Service, et Creators Syndicate. Il a eu de nombreux postes universitaires.

Sources : Paul Craig Roberts blog ; traduit par Résistance 71