07-05-2024 07:06 AM Jerusalem Timing

Garder la Grèce ou non dans l’euro: les Européens s’affrontent à Bruxelles

Garder la Grèce ou non dans l’euro: les Européens s’affrontent à Bruxelles

Pour la chancelière allemande Angela Merkel, il n’est pas question d’un accord "à n’importe quel prix".

Les dirigeants de la zone euro s'affrontaient dimanche à Bruxelles pour décider du sort de la Grèce: aller vers un nouveau plan d'aide et arrimer le pays dans l'euro, ou le laisser dériver hors de la monnaie unique.

  "Je me battrai jusqu'à la dernière milliseconde pour avoir un accord (...)
je suis dans un esprit combatif", a lancé à son arrivée au sommet le président
de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, très impliqué dans ces
négociations de la dernière chance.

   Mais la réunion des 19 chefs d'Etat et de gouvernement a pris d'entrée
l'allure d'un pugilat au plus haut niveau, l'Allemagne, inflexible, et la
France, qui prône une ligne plus souple, affichant leur profonde fracture
autour du maintien ou non de la Grèce dans l'euro.

   La France "va tout faire" pour garder la Grèce dans la zone euro, a assuré
le président François Hollande, affirmant aussi que "l'enjeu, c'est de savoir
si la Grèce sera demain dans la zone euro et l'enjeu c'est l'Europe".

   Pour la chancelière allemande Angela Merkel, au contraire, il n'est pas
question d'un accord "à n'importe quel prix".

   "La valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, a été
perdue" avec Athènes, a ajouté Angela Merkel, promettant des "négociations
ardues".

Avant ce sommet, les clivages entre Européens, tout comme le fossé qui
sépare la Grèce du reste de ses partenaires, ont fait piétiner pendant deux
jours une réunion marathon des ministres des Finances de la zone euro.

   Après 14 heures de discussions laborieuses, ceux-ci ont finalement élaboré
une première feuille de route avant de passer le relais aux chefs d'Etat.

   L'enjeu étant de parvenir à un accord sur un nouveau plan d'aide à la
Grèce, le troisième depuis 2010, pour un montant d'au moins 74 milliards
d'euros sur trois ans, en échange de la mise en oeuvre par le gouvernement
d'Alexis Tsipras d'un plan de réformes très impopulaires, incluant une hausse
de la TVA, une réforme des retraites et des privatisations.

   "Beaucoup de progrès ont été faits", a assuré dans un tweet le ministre des
Finances finlandais, Alexander Stubb, à l'issue de l'Eurogroupe.

   Il reste un certain nombre de questions ouvertes, environ 5 à 10 "entre
parenthèses", sur lesquelles les dirigeants vont devoir trancher, a précisé à
l'AFP une source proche des négociations.

   Parmi les nouveaux engagements réclamés à Athènes, figure le vote "d'ici le
15 juillet" par le Parlement grec d'un premier volet des mesures promises.
   Le gouvernement grec de gauche radicale devra aussi accepter "de dures
conditions" en ce qui concerne "la réforme du marché du travail et du système
de retraites, la taxation et la TVA", a ajouté le ministre finlandais.

   Après six mois de négociations tumultueuses, cette échéance de dimanche
était présentée comme l'ultime chance de sauver la Grèce de l'effondrement
financier.

   Mais dans un climat délétère et de confiance brisée entre Athènes et le
reste des Européens, il était difficile d'imaginer, comme l'assurait le Premier
ministre grec Alexis Tsipras, qu'un accord était à portée de main dès ce
dimanche "si toutes les parties le veulent".

   Les pays les plus durs, l'Allemagne en tête, qui doutent de la sincérité
d'Athènes et pour qui l'éjection de la Grèce de la zone euro n'est plus du tout
tabou, avaient multiplié depuis samedi les demandes, exigeant chaque fois plus
du gouvernement Tsipras.

   Une fois de plus, la chancelière allemande aura la clé: si l'Europe ne
s'entend pas, la Grèce, exsangue, qui ne tient plus que grâce aux aides
d'urgence de la Banque centrale européenne, pourrait rapidement être poussée
hors de l'euro, une situation inédite aux répercussions économiques et
politiques inconnues.

   "Aujourd'hui est le jour le plus important du mandat d'Angela Merkel. Ce
n'est pas moins que l'avenir de l'Union européenne qui est en jeu", a commenté
le quotidien allemand Der Spiegel.

   L'enjeu est tel que le Président du Conseil européen Donald Tusk a affirmé
que le sommet des chefs d'Etat, qui a débuté vers 14H00 GMT, se prolongerait
jusqu'à conclure les négociations.
   

Champ de mines

  En Grèce, l'inquiétude était palpable alors que le pays, au bord du gouffre
financier, attend un dénouement.
   "Un accord dans un champ de mines", titrait le quotidien To Vima,
remarquant que "l'avenir du pays se décide maintenant au sommet des chefs
d'Etat".

   Le journal Eleftheros Typos évoquait "l'avenir de la Grèce sur le fil du
rasoir" en s'inquiétant: "Que va-t-il se passer en cas de cauchemar d'un
Grexit?"

   "Obtenir un accord sera très difficile, je ne vois pas les partenaires
européens prêts à faire des cadeaux aux Grecs", jugeait Angelos Panolas, un
jeune chômeur.

   Yannis Theodoridis, un retraité, remarque que "ces derniers jours sont très
durs", "on ne dort plus, tout le monde s'inquiète, ils n'y a plus d'argent, les
banques sont fermées".

   Depuis la fermeture des banques le 29 juin, et la mise en place de contrôle
de capitaux pour les empêcher d'imploser sous l'effet des retraits des Grecs
anxieux, l'économie héllène est pratiquement à l'arrêt.

   Actuellement, seule la BCE maintient en vie les banques grecques et toute
l'économie du pays grâce à des prêts d'urgence qui ne pourront pas durer
éternellement, d'autant qu'Athènes doit verser plus de 4 milliards d'euros à la
BCE le 20 juillet, un paiement que la Grèce ne peut pas honorer.

   Pour contourner cette difficulté, les créanciers pourraient envisager une
solution transitoire, "un pont" financier qui permettrait à la Grèce de
rembourser ce qu'elle doit à court terme.