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La Russie plus que jamais dans le viseur de l’empire

La Russie plus que jamais dans le viseur de l’empire

Le Pentagone publie ses objectifs stratégiques pour 2015 : sa seule menace est l’existence d’États souverains et independants

Le Pentagone a publié sa « Stratégie militaire nationale des États-Unis d’Amérique 2015 ». Le document annonce un déplacement de l’accent, jusque-là focalisé sur les terroristes, vers les acteurs étatiques qui contestent les normes internationales [US, évidemment, NdT]. Il est important de comprendre ce que ces mots signifient.

Les gouvernements qui contestent les normes internationales sont des États souverains qui mènent des politiques indépendantes de celles de Washington. Ces États révisionnistes [1] sont des menaces, non parce qu’ils projettent d’attaquer les États-Unis – le Pentagone admet que ni la Russie ni la Chine n’en ont l’intention –, mais parce qu’ils sont indépendants. En d’autres termes, la norme c’est la dépendance à l’égard de Washington.

Assurez-vous de bien comprendre ce point : la menace est l’existence d’États souverains, dont l’indépendance d’action fait d’eux des États révisionnistes. Autrement dit, leur indépendance n’est pas en phase avec la doctrine néoconservatrice de la puissance unique qui déclare que Washington seul a droit à l’indépendance. L’hégémonie conférée à Washington par l’Histoire exclut qu’aucun autre pays ne soit indépendant dans ses actions.

Le rapport du Pentagone établit que les principaux États révisionnistes sont la Russie, la Chine et l’Iran.
L’accent est mis prioritairement sur la Russie.
Washington espère amadouer la Chine, malgré la tension à propos de la région Asie-Pacifique provoquée par celle-ci en défendant ses intérêts dans sa sphère d’influence, une défense incompatible avec le droit international (cela vu de Washington, le grand violeur du droit international), en tournant vers elle ce qui reste du marché des consommateurs américains.
Il n’est pas encore certain que l’Iran ait échappé au destin imposé à l’Irak, à l’Afghanistan, à la Libye, à la Syrie, à la Somalie, au Yémen, au Pakistan, à l’Ukraine et, en étant complice, à la Palestine.

Le rapport du Pentagone est assez audacieux dans son hypocrisie, puisque toutes les déclarations, qui émanent de Washington, affirment que Washington et ses vassaux « soutiennent les institutions et les processus établis dont le but est de prévenir les conflits, respecter la souveraineté et promouvoir les droits de l’homme ». Cela de la part de l’armée d’un gouvernement qui a envahi, bombardé et renversé onze gouvernements depuis le régime Clinton, et qui travaille actuellement à renverser les gouvernements de l’Arménie, du Kirghizstan, de l’Équateur, du Venezuela, de la Bolivie, du Brésil et de l’Argentine.

Dans le document du Pentagone, la Russie est dans le collimateur pour ne pas agir conformément au droit international, ce qui veut dire que la Russie ne suit pas le leadership de Washington.

Autrement dit, c’est un rapport de m--e écrit par des néocons dans le but de provoquer la guerre avec la Russie.

On ne peut rien dire d’autre sur le rapport du Pentagone, qui n’est qu’une justification de la guerre, encore et toujours plus de guerre. Sans guerre et sans conquêtes, les Américains ne sont pas en sécurité.

Le point de vue de Washington sur la Russie est le même que celui de Caton l’Ancien sur Carthage. Caton l’Ancien concluait chacun de ses discours au Sénat romain, sur n’importe quel sujet, en déclarant « Il faut détruire Carthage ».

Ce rapport nous dit que la guerre avec la Russie est notre avenir, à moins que la Russie n’accepte de devenir un État vassal comme tous les pays d’Europe, le Canada, l’Australie, l’Ukraine et le Japon. Sinon, les néoconservateurs ont décidé qu’il est impossible pour les Américains de tolérer de vivre avec un pays qui prend ses décisions indépendamment de Washington. Si l’Amérique ne peut pas être la puissance unique qui dicte sa loi au monde, mieux vaut tuer tout le monde. Au moins cela donnera une bonne leçon aux Russes.


Par Paul Craig Roberts: Ancien Secrétaire Adjoint au Trésor pour la politique économique et rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal. Il était chroniqueur pour Business Week, Scripps Howard Nouvelles Service, et Creators Syndicate. Il a eu de nombreux postes universitaires.

Source: Blog de Paul Craig Roberts ; Traduit par le Saker francophone