L’élargissement de l’UE a joué un mauvais tour à cette organisation qui perdait sa popularité auprès de la population au fur et à mesure qu’elle devenait plus grande et hétérogène.
Selon un professeur en relations internationales de Harvard, l'Europe manque de dirigeants forts qui pourraient la sortir de la crise.
L'avenir de l'Union européenne est loin d'être brillant, elle risque de perdre son unité et influence, a déclaré le professeur en relations internationales de Harvard, Stephen Walt, au magazine Foreign Policy.
"Il est difficile d'être optimiste quant aux perspectives de l'UE (…). L'UE fait face à une montée de tensions et souffre de problèmes dont elle est la source. L'Union européenne vivra des crises répétitives et des divisions internes et on peut même s'attendre à un déclin irréversible de son influence", a indiqué M.Walt.
Selon le professeur, l'élargissement de l'UE a joué un mauvais tour à cette organisation qui perdait sa popularité auprès de la population au fur et à mesure qu'elle devenait plus grande et hétérogène.
Créer la zone euro sans mettre en place de mécanismes politiques et institutionnels garantissant le fonctionnement de l'union monétaire était "une grande erreur", estime l'expert. La crise de la zone euro a semé la discorde entre les pays membres de l'UE et certains Etats risquent même de saper l'ensemble du projet européen.
"Si la Grèce quitte la zone euro, son départ montrera que l'euro n'est pas irréversible et provoquera des doutes sur son avenir. Si la Grèce reste au sein de l'union monétaire mais n'arrive pas à réaliser les réformes exigées par ses créanciers, une autre crise est inévitable (…). Au lieu de montrer leur engagement pour l'unité européenne, les Etats membres cherchent à obtenir ce qu'ils veulent en menaçant de détruire l'ensemble du projet européen. La Grèce a évoqué le Grexit pour obtenir des concessions supplémentaires, la France a fait de même pour pousser l'Allemagne à diminuer ses exigences. Le premier ministre britannique David Cameron menacera de tenir un référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE pour obtenir des concessions des autres Etats membres. Ces démarches sont loin de renforcer" l'unité de l'Europe, a noté M.Walt.
Selon lui, les problèmes économiques, le chômage et l'afflux des réfugiés favorisent la hausse de la popularité des partis nationalistes qui sapent les fondements de l'UE. La croissance économique européenne restera lente et les partis au pouvoir feront l'objet de nouvelles critiques.
Seuls des dirigeants ambitieux et forts pourraient régler ces problèmes de l'UE, mais ce scénario optimiste est très peu probable, l'Europe manquant d'hommes politiques de grand calibre comme l'étaient Konrad Adenauer, Charles de Gaulle ou Margaret Thatcher, d'après l'expert.
Selon M.Walt, l'UE risque de perdre son influence politique sur fond d'absence d'une croissance économique durable.
Il y a également un autre scénario: la désintégration de l'Union européenne, estime le professeur. "La sortie grecque de la zone euro créera un précédent dangereux, provoquera la montée du nationalisme et l'arrivée au pouvoir de dirigeants plus autoritaires (comme c'est déjà le cas en Hongrie). La Grèce fera face à des mouvements sociaux importants. Certains Etats européens peuvent même demander de l'aide à la Russie", ajouté l'expert.
Les problèmes de l'Europe auront en outre un impact négatif sur l'économie des Etats-Unis. Une Europe affaiblie sera moins utile pour Washington qui essaie de faire face à la montée en puissance de la Chine et aux troubles au Proche-Orient, conclu M.Walt.