Faut-il faire quelque chose pour l’empêcher?
Les médias sociaux ont échoué à empêcher leurs sites de fournir un support à la propagande terroriste, et ils doivent y remédier, a déclaré Mark Wallace, un ancien ambassadeur américain des Nations Unis, lors d'un symposium sur l'abus des médias sociaux par les terroristes.
Le « Counter Extremism Project Europe » (CEP Europe) est une organisation lancée en septembre de l’année dernière, dont le but est de lutter contre l’utilisation d’internet par le groupe terroriste de l'État islamique (EI) pour recruter et radicaliser des jeunes musulmans.
Pour ce faire, il exploite des plateformes telles que Facebook, Twitter et YouTube pour exhorter des candidats au djihad à se rendre en Syrie ou en Irak pour combattre, mais aussi pour mener des actions terroristes en Tunisie, et France et au Koweït. Le CEP Europe a donc invité les sociétés qui exploitent ces plateformes à intensifier leurs efforts pour entraver ces publications.
Ils pointent en particulier Twitter, qu’il accuse de ne pas en faire assez dans ce domaine. Selon Mark Wallace, chaque jour, l’Etat Islamique poste entre 90.000 et 100.000 tweets.
« Quelques compagnies [qui gèrent des plateformes de médias sociaux] ont mis des procédures en place pour limiter l’utilisation pernicieuse d’internet, mais d’autres résistent toujours, et pourraient en faire bien plus », affirme le diplomate, qui ajoute que les gouvernements occidentaux sont en retard dans le domaine de la surveillance du cyberespace, et qu’ils rendent ainsi des jeunes musulmans plus vulnérables à l’influence négative de l’EI.
Wallace note que Twitter supprime bien des messages à connotation terroriste, mais bien trop peu. Il dit que fermer les comptes Twitter d’utilisateurs liés à l’EI n’est pas absurde, même s’ils réapparaissent en général quasiment immédiatement, parce que leurs nouveaux avatars recueillent moins d’adeptes.
Mais selon Carolien Roelants du journal hollandais NRC Handelsblad, cette proposition pose un énorme risque. Elle cite l'Arabie saoudite, où le gouvernement a mis en place une loi anti-terroriste qui lui a permis de faire mettre en prison toute une série de détracteurs du régime sans réel rapport avec le terrorisme, y compris des athées, des libéraux et des opposants à la guerre au Yémen. En Egypte, on observe une tendance similaire.
La journaliste affirme que cette tentation ne s’observe pas seulement dans les pays avec une liberté d'expression limitée, mais également dans des pays réputés pour leur respect des droits humains, comme le Royaume Uni. Elle rappelle que le gouvernement britannique veut interdire l’expression des « points de vue extrémistes » pour saper les efforts de l’EI. « Mais qui détermine ce qui est extrémiste? Les défenseurs du monde animal et les créationnistes pourraient aussi être pris dans cette tourmente ».
Elle conclut : « Les abus des médias sociaux par toutes sortes de groupes extrémistes sont en effet un gros problème, je ne le nie pas. Mais n’est-on pas en train de jeter le bébé avec l’eau du bain ? ».
Source: Express.be