22-11-2024 10:15 PM Jerusalem Timing

Un traitement expérimental contre Alzheimer donne des résultats prometteurs

Un traitement expérimental contre Alzheimer donne des résultats prometteurs

Le solanezumab a permis un ralentissement marqué de 34% du déclin mental de ces malades.

Un traitement expérimental des laboratoires américains Eli Lilly a ralenti les effets d'Alzheimer sur des patients souffrant d'une forme modérément avancée de la maladie, ce qui pourrait constituer la première avancée médicale significative contre cette dégénérescence incurable.

Des patients dans les premiers stades d'Alzheimer traités avec le solanezumab ont préservé la plupart de leurs capacités cognitives, par rapport à des groupes ayant pris un placebo, a indiqué le groupe pharmaceutique en présentant ses résultats mercredi à l'Alzheimer's Association International Conference (AAIC), réunie cette semaine à Washington.

Les premiers résultats de deux essais cliniques avec cette molécule menés avec environ 2.000 patients pendant 18 mois et dévoilés en 2012 n'avaient pourtant pas été probants.

Mais une analyse des résultats de ces essais cliniques pour les patients qui étaient à un stade précoce de la maladie montraient que le solanezumab a permis un ralentissement marqué de 34% du déclin mental de ces malades, et de 18% de leur perte de capacités à exécuter leurs tâches quotidiennes.

A la suite de cette découverte, Eli Lilly a décidé de poursuivre les essais cliniques pendant deux ans avec seulement des malades atteints d'une forme modérée d'Alzheimer, permettant aussi à ceux qui prenaient un placebo d'être traités avec le solanezumab.

Le laboratoire avait déjà indiqué qu'après six mois, les patients traités avec cette molécule continuaient à montrer des effets positifs par rapport à ceux qui avaient commencé à prendre ce traitement plus tard.

Eli Lilly a indiqué mercredi que cette différence importante entre ces deux groupes a subsisté un an après la prolongation de l'essai clinique et un peu moins après deux ans.

Mais les différences dans les fonctions cognitives entre deux groupes après deux ans restent "statistiquement significative".

Si le solanezumab, un anticorps, continue à montrer de tels résultats au cours des prochaines années chez les 2.100 patients de ces études atteints d'une forme modérément avancée de la maladie, il pourrait devenir le premier médicament jugé efficace pour ralentir les symptômes de cette dégénérescence neurologique irréversible liée à l'âge qui affecte cinq millions d'Américains, selon les responsables de Lilly.  

Les experts restent prudents

Les prochains résultats sont attendus dans dix-huit mois.

Pour le Dr Doug Brown, directeur de recherche à l'Alzheimer's Society au Royaume-Uni, "ces données suggèrent fortement que le fait de cibler les malades aux premiers stades de la maladie avec ces anticorps est la meilleure façon de ralentir Alzheimer".

"Ce type de traitement comme le solanezumab réduit les plaques de la protéine bêta amyloïde dans le cerveau, qui se forment avec l'âge. Avec ces essais cliniques nous avons la première preuve que le fait d'agir suffisamment tôt pourrait ralentir ce phénomène et la progression d'Alzheimer", a-t-il dit dans un communiqué.

Ces essais cliniques semblent ainsi valider l'hypothèse du rôle joué par l'accumulation de bêta amyloïde dans Alzheimer, soulignent aussi d'autres chercheurs.

Mais les experts se sont montrés généralement très prudents.

"Il faudra du temps pour déterminer si le solanezumab s'avérera efficace ou non pour traiter Alzheimer", a jugé Peter Roberts, professeur retraité de pharmacologie de l'Université britannique de Bristol.

Selon lui les données publiées jusqu'à présent "montrent seulement un petit effet statistiquement significatif dans un sous-groupe de malades atteints d'une forme modérément avancée de la maladie".

Le nombre de personnes souffrant d'Alzheimer pourraient dépasser les 28 millions d'ici 2050 aux Etats-Unis alors que toute la génération des baby-boomers aura dépassé les 80 ans, selon de nouvelles projections présentées à l'AAIC.

Cette forte augmentation des cas se traduirait par une explosion des dépenses de santé qui représenteraient 25% du budget de l'assurance médicale des retraités américains, le Medicare, contre 2,1% aujourd'hui.

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, plus de 36 millions de personnes dans le monde sont atteintes de démence, dont une majorité de la maladie d'Alzheimer. Ce nombre devrait doubler d'ici 2030 pour passer à 65,7 millions, et tripler d'ici 2050 à 115,4 millions si aucun traitement efficace n'est découvert dans les prochaines années.