251 arrestations dans l’opération contre Daesh et le PKK. Ankara étend sa coopération avec Washington, ouvre ses bases.
Trois chasseurs F16 de l'armée de l'air turque ont bombardé tôt vendredi matin plusieurs objectifs tenus par le groupe takfiriste Daesh (EI) en territoire syrien, au lendemain d'un accrochage entre l'armée turque et les takfiristes à la frontière, ont annoncé les services du Premier ministre turc.
Les avions turcs ont frappé entre 03h40 et 03h53 locales (00h40 et 00h53 GMT) "deux quartiers généraux et un point de ralliement" des miliciens de Daesh avec des missiles avant de regagner leur base de Diyarbakir (sud-est), ajoute le communiqué publié par les services d'Ahmet Davutoglu.
Selon l'agence de presse Dogan, les cibles étaient localisées autour du village de Havar, face à la province turque de Kilis (sud).
"La République de Turquie est déterminée à prendre toutes les précautions pour défendre la sécurité nationale", est-il assuré dans le communiqué, précisant que ces frappes avaient été décidées lors d'une réunion de sécurité qui s'est tenue jeudi soir autour du chef du gouvernement.
Jeudi, des miliciens ont ouvert le feu depuis la Syrie sur un poste frontalier de l'armée turque dans la région de Kilis, tuant un sous-officier et blessant deux autres soldats, selon l'état-major.
Des chars turcs ont immédiatement riposté en ouvrant le feu sur une position takfiriste, tuant un de ses combattants et endommageant trois de ses véhicules.
Lundi à la mi-journée, un attentat suicide perpétré par Daesh, a visé des militants prokurdes à Suruç (sud), près de la frontière syrienne, faisant 32 morts et une centaine de blessés.
Le PKK a de son côté revendiqué l'exécution mercredi de deux policiers, accusés d'avoir coopéré avec Daesh, en représailles à l'attentat de Suruç.
251 arrestations dans l'opération contre Daesh et le PKK
Entre-temps, la police turque a interpellé et placé en garde à vue 251 personnes dans le cadre d'une opération antiterroriste lancée vendredi dans tout le pays contre contre Daesh et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé le gouvernement.
Ce coup de filet, qui continuait à mobiliser quelque 5.000 policiers et des hélicoptères dans la seule ville d'Istanbul, a été mené dans 13 provinces du pays, ont ajouté les services du Premier ministre Ahmet Davutoglu dans une déclaration.
Ankara étend sa coopération avec Washington, ouvre ses bases
De plus, la Turquie a accepté d'étendre sa coopération avec les Etats-Unis contre Daesh, en autorisant notamment Washington à utiliser plusieurs de ses bases aériennes dont celle d'Incirlik, dans le sud du pays, selon des responsables américains jeudi.
"L'accès aux bases turques comme la base aérienne d'Incirlik augmentera l'efficacité opérationnelle de la coalition" contre Daesh, a déclaré un responsable militaire américain sous couvert d'anonymat.
Washington demandait depuis plusieurs mois à Ankara le droit d'utiliser cette base.
Cet accord conclut plusieurs mois de négociations et intervient au lendemain d'un entretien téléphonique entre le président américain Barack Obama et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.
Les deux dirigeants ont évoqué mercredi une "coopération qui se poursuit et s'intensifie dans le combat contre Daesh, leurs efforts communs pour ramener la sécurité et la stabilité en Irak, ainsi qu'une résolution politique du conflit en Syrie", avait rapporté la Maison Blanche dans un communiqué mercredi.
Les Etats-Unis et la Turquie "restent unis dans leur combat contre le terrorisme", avait ajouté l'exécutif américain.
Dans un communiqué jeudi, une porte-parole du Pentagone a estimé que la Turquie est "un partenaire clé" dans la formation de rebelles syriens et a pris "des mesures importantes" pour endiguer le flot de combattants étrangers désireux de rejoindre Daesh en passant par sa frontière avec la Syrie ou l'Irak.
Laura Seal, a ajouté que les Etats-Unis "suivent de près la situation. En tant qu'alliés, nous prenons très au sérieux les menaces à la frontière de la Turquie".