Kerry a évoqué +la capacité des Etats-Unis d’utiliser la force militaire+" contre l’Iran en cas de non respect de l’accord nucléaire du 14 juillet.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a regretté vendredi des déclarations attribuées au secrétaire d'Etat américain John Kerry sur un "usage de la force militaire" contre l'Iran en cas de non respect de l'accord nucléaire du 14 juillet.
"Malheureusement, le secrétaire d'Etat a une fois encore utilisé cette vieille corde usée sur +la capacité des Etats-Unis d'utiliser la force militaire+", écrit M. Zarif dans un communiqué transmis vendredi soir aux medias à Téhéran.
Il a souligné "l'inutilité de telles menaces vides contre la nation d'Iran" et rappelé que M. Kerry lui-même "et d'autres responsables américains ont admis à plusieurs reprises que ces menaces n'ont pas d'effet sur la volonté du peuple d'Iran et qu'elles pourraient se retourner contre ceux qui les profèrent".
"Il serait par conséquent préférable que les Américains abandonnent leurs vieilles habitudes et mettent de côté une fois pour toutes leur langage menaçant et les sanctions contre ce grand peuple" d'Iran, a-t-il ajouté.
Plusieurs responsables américains ont dit qu'en cas de non-respect de l'accord nucléaire par l'Iran, l'usage de la force n'était pas à exclure.
Intervenant jeudi devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, M. Kerry a répondu "oui" à la question d'un sénateur démocrate, Tim Kaine, qui lui demandait si l'existence de l'accord permettrait aux Etats-Unis d'obtenir plus facilement un soutien international pour une action militaire contre l'Iran si celui-ci ne respectait pas ses engagements.
L'accord, validé lundi par le Conseil de sécurité de l'ONU, a été conclu le 14 juillet au terme d'intenses négociations entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité - France, Royaume-Uni, Chine, Russie, Etats-Unis - plus l'Allemagne.
Il prévoit une levée progressive des sanctions internationales imposées depuis 2006 à l'Iran, en échange de garanties que Téhéran ne se dotera pas de l'arme atomique.
Kerry met en garde le Congrès contre un rejet de l’accord
Par ailleurs, Kerry a déclaré vendredi qu'il serait personnellement gêné et que ce serait un coup pour la crédibilité des Etats-Unis sur la scène internationale si le Congrès américain rejetait l'accord nucléaire avec l'Iran.
"Pensez-vous que l'ayatollah va revenir à la table des négociations si le Congrès le rejette"? a-t-il demandé, lors d'une rencontre au siège du think tank "Council of Foreign Relations" à New York.
Depuis plusieurs jours, M. Kerry s'emploie à convaincre des Américains sceptiques et une majorité républicaine au Congrès résolument critique.
Les parlementaires américains ont 60 jours pour éventuellement bloquer la levée des sanctions contre l'Iran, promise par Washington, en vertu de l’accord. Mais le président Barack Obama a déjà fait savoir qu'il utiliserait son veto dans ce cas. Pour outrepasser ce veto, il faut deux tiers des votes tant à la Chambre des représentants qu'au Sénat.
"Pensez-vous qu'ils vont pouvoir s'asseoir et que les autres gens dans le monde vont se dire +Négocions avec les Etats-Unis, ils ont 535 secrétaires d'Etat+ ?", a ironisé M. Kerry. 535 est le nombre des élus votant à la Chambre des représentants (435) et au Sénat (100).
"Je serais gêné, même d'essayer de sortir. Qu'est-ce que je pourrais dire aux gens en tant que secrétaire d'Etat ? +Venez négocier avec nous+. +Oh, pouvez-vous tenir votre engagement?+".
M. Kerry a essuyé de vives critiques jeudi au Congrès, où il était venu défendre l'accord devant la commission des Affaires étrangères du Sénat. Il a été accusé par les républicains d'avoir été "plumé" et "embobiné" par Téhéran, pendant une audition de quatre heures et demi.