L’Autorité palestinienne a dit préparer un dossier urgent pour le déposer devant la Cour pénale internationale.
C’est la mort qui pourchasse inlassablement les enfants palestiniens, même dans leur sommeil. Pas un jour ne passe sans qu’une nouvelle victime ne vienne s’ajouter à la liste des martyrs, dont la vie est fauchée par la main criminelle sioniste.
Ce jeudi matin, le village de Doma près de Naplouse (Cisjordanie occupée) s’est réveillé sur une horrible nouvelle : un bébé d'un an et demi est mort et ses parents ont été blessés lors d'un incendie de leur maison provoqué par des colons israéliens.
Le bébé Ali Dawabcheh, un an et demi, a été brûlé vif. Quatre de ses proches, dont sa mère Riham, 26 ans, son père Saad et son frère Ahmed, quatre ans, ont été blessés et transférés à un hôpital proche.
La mère, avec des brûlures au troisième degré sur 90% du corps, le père, sur 80% du corps et leur fils Ahmed, quatre ans, à 60%, sont désormais tous trois "en danger de mort", selon les médecins. Un quatrième blessé, une fillette selon certaines sources, était également hospitalisée.
"Ils sont sortis de la maison, suffocant, dans un état déplorable", a affirmé un témoin à la télévision palestinienne.
Funérailles et manifestations
Suite à la prière en commun de vendredi, des centaines de Palestiniens ont manifesté à Ramallah, en Cisjordanie, et à Gaza à la sortie des mosquées. Plusieurs milliers d'autres personnes ont défilé dans le village de Douma lors des funérailles du bébé martyr, son petit corps enveloppé dans un drapeau palestinien porté à bout de bras.
En prévision de manifestations, la police israélienne était déployée en masse dans la Vieille ville de Jérusalem (al-Qods), notamment aux abords de l'Esplanade des mosquées dont l'accès était de nouveau interdit aux hommes de moins de 50 ans.
Des heurts ont éclaté entre les participants aux funérailles et la police israélienne, cette dernière ayant interdit d’accès à Douma aux Palestiniens voulant y prendre part.
Récit des faits
Selon des responsables de sécurité palestiniens et israéliens, des colons ont jeté des cocktails Molotov par les fenêtres, ouvertes en raison de la chaleur estivale, de deux maisons de Douma près de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie.
D’après les informations fournies par les services de sécurité palestiniens, quatre colons, infiltrés d’une colonie voisine, ont pénétré à Doma et ont mis le feu à une des maisons située à l'entrée de ce village palestinien et inscrit des slogans sur un mur avant de s'enfuir.
Comme d’habitude, des crimes pareils restent impunis. Certes, les autorités sionistes ne sont pas la partie compétente pour punir cette atrocité, leur armée étant la main exécutive de tous les massacres commis depuis plusieurs décennies contre le peuple palestinien.
Israël condamne un acte « terroriste » !
Toutefois, ceci n’a pas empêché les dirigeants sionistes de prendre distance avec cette attaque, pour se mettre à l’abri des critiques internationales grandissantes face aux agissements israéliens sur tous les plans.
"C'est un acte de terrorisme en tout point", a dénoncé le Premier ministre Benjamin Netanyahu, son ministre de la Guerre Moshé Yaalon condamnant des "terroristes juifs".
Selon un communiqué officiel, Netanyahu a donné ordre aux "forces de sécurité d'utiliser tous les moyens pour arrêter les meurtriers et les traduire en justice".
Rappelons qu’aucune condamnation à la prison n’a jamais été enregistrée contre les colons sionistes auteurs d’attaques meurtrières anti-palestiniennes. L’appel de Netanyahu vise à calmer les choses et toute arrestation de colons impliqués ne durera que quelques jours.
De l’aveu d’une ONG israélienne opposée à la colonisation des territoires palestiniens « La Paix Maintenant », ce genre "d'agressions de la part des colons est devenue une véritable épidémie", notamment du fait de "l'indulgence dont fait preuve le gouvernement envers les violences antipalestiniennes et les discours de haine".
En mai, l'organisation israélienne Yesh Din estimait que 85,3% des plaintes de Palestiniens après des attaques de colons étaient classées sans suite et seules 7,4% des plaintes conduisent à des actes d'accusation et seulement un tiers des poursuites à une condamnation.
L'OLP tient Israël "entièrement responsable"
L’Autorité palestinienne, comme d’habitude encore, se contente de condamner ces attaques. Elle a dit tenir le gouvernement israélien pour "entièrement responsable" de la mort du bébé, y voyant la "conséquence directe de l'impunité accordée par les autorités israéliennes aux colons ».
Qualifiant ce qui a eu lieu de crime de guerre, le président Mahmoud Abbas a annoncé qu’il « préparait immédiatement un dossier qui sera soumis à la Cour pénale internationale (CPI) », ajoutant qu’ « Israël devra répondre de ce nouveau crime de guerre devant cette cour ».
Abbas a accusé les autorités et l’armée israélienne d’assurer une couverture aux exactions des colons. « Si le gouvernement israélien voulait interdire ces crimes, il aurait pu le faire. Ne dites point que ces colons agissent librement».
Et de dénoncer le mutisme américain, appelant les autorités US à s'exprimer sur l'affaire.
Saëb Erakat, numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a indiqué qu’ "on ne peut dissocier cette attaque barbare" d'un" gouvernement qui représente une coalition pour la colonisation et l'apartheid".
Le Hamas promet de riposter
Le mouvement Hamas a promis "une punition à la hauteur de ce crime" qui "fait des soldats de l'occupant et des colons des cibles légitimes partout".
Le Hamas a appelé à un soulèvement populaire d'envergure en Cisjordanie occupée pour riposter à ce nouveau crime et défendre la mosquée sainte d'al-Aqsa.
Le porte-parole du Hamas en Cisjordanie, Houssam Badrane, a assuré que la résistance saura infliger une sévère leçon dissuasive à l'occupant et aux colons.
UE: "tolérance zéro" pour les violences des colons
Du côté de l'Union européenne, les mêmes condamnations verbales.
Elle a appelé à la "tolérance zéro" pour les violences commises par des colons israéliens.
"Nous appelons à la pleine responsabilité, l'application efficace de la loi et à la tolérance zéro pour les violences des colons", a réagi une porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, dans un communiqué.
"Une enquête complète et rapide est nécessaire pour traduire les auteurs de ce crime effroyable devant la justice. Les autorités israéliennes doivent également prendre des mesures déterminées pour protéger la population locale", a indiqué la porte-parole, tout en rappelant la "forte opposition" de l'UE à la politique de colonisation qui menace la possibilité d'une solution avec deux Etats.
"De tels actes peuvent facilement conduire à une spirale de violence" et éloigner les deux parties "d'une solution négociée. Retenue et calme sont nécessaires de toutes parts pour que la situation, déjà tendue sur le terrain, ne s'aggrave pas", ajoute-t-elle.
Dans son communiqué, l'UE a également présenté ses condoléances à la famille.
L'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov, s'est dit "outré" par cette attaque, et la Jordanie a condamné un "crime odieux qui aurait pu être évité si le gouvernement israélien n'avait pas (...) tourné le dos à la paix".
Source: AFP, Manar, Assafir, Al-Akhbar, sites palestiniens