Près de 10% des spécialistes s’occupant de l’analyse de données visuelles pour le Pentagone sont embauchés via des sites d’offre d’emploi...
Les autorités US confient des opérations militaires à des prestataires privés.
Près de 10% des spécialistes s'occupant de l'analyse de données visuelles pour le Pentagone sont embauchés via des sites d'offre d'emploi, a rapporté l'envoyé spécial de la chaîne RT Gayane Tchitchakyan.
Les prestataires de services décrivent ouvertement leurs compétences sur des sites comme Linkedin tout en soulignant leurs expériences acquises lors d'opérations antiterroristes.
Dans le contexte de l'opération militaire menée contre le groupe Etat islamique et du renforcement général de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement US envisage de recourir à encore plus d'employés sous contrat.
Pourtant, cela pose la question des capacités des autorités à contrôler le travail de ce genre de personnel, a fait remarquer Gayane Tchitchakyan.
Les opérations militaires déployées afin de lutter contre les groupes terroristes exigent une attention toute particulière de la part des spécialistes. Les employés sous contrat sont censés analyser les données visuelles récoltées par les drones ou autres sources et signaler toutes activités suspectes à leurs supérieurs.
Or, sur le terrain les unités militaires privées américaines ont mauvaise réputation. Ainsi, l'exécution de civils en Irak par des employés de la société militaire privée Blackwater en 2007 a eu de nombreux retentissements négatifs partout à travers le monde.
Certes, dans la situation actuelle, les autorités n'ont rien à craindre car les employés sous contrat se trouvent loin des opérations militaires et ne prennent pas la décision finale, a fait remarquer l'envoyée spéciale de RT. Néanmoins, compte tenu du fait que même des militaires qualifiés et expérimentés prenaient assez fréquemment des civils pour des terroristes, le travail des analystes des données visuelles devient extrêmement important.
"C'est comme un jeu de hasard, mon objectif est de faire de mon mieux, car je ne veux pas qu'une personne bien soit tuée", a raconté un analyste des données visuelles désirant conserver l'anonymat au Bureau of Investigative Journalism (BIJ), organisation non gouvernementale britannique consacrée à la production d'articles d'investigation.
"Il est très important de réaliser que tout ce qu'on fait se passe dans la vie réelle. Si on confond quelque chose, des gens meurent", a rajouté un autre analyste désirant conserver l'anonymat également.
Pourtant, les craintes concernant la pertinence d'embaucher des employés privés aux postes occupés traditionnellement par des militaires, ne sont pas sans fondement.
Selon un rapport rendu public par le BIJ, près de 6.000 civils ont été tués suite à des attaques effectuées par des drones après une analyse de données visuelles.
Le Pentagone s'est abstenu de commenter le rapport élaboré suite à une analyse de huit millions d'enregistrements de ses transactions effectuées entre 2009 et 2014. Pourtant, un représentant des forces aériennes des Etats-Unis a annoncé au BIJ que l'opération ISR (Intelligence, surveillance and reconnaissance) avait "une importance vitale pour la sécurité nationale des Etats-Unis et de ses alliés" en soulignant que le recours aux services des prestataires privés "était un processus normal pour les opérations militaires".