Une délégation émiratie s’est rendue dernièrement dans la capitale syrienne.
Une rencontre syro saoudienne aurait bel et bien eu lieu. Le journal libanais al-Akhbar le confirme, sans préciser d’où il tient cette information. À Riad, entre le chef du bureau de la Sécurité nationale syrienne le général Ali Mamlouk et le deuxième prince héritier et fils du roi saoudien actuel, Mohammad Ibn Salmane.
Et la rencontre aurait eu lieu grâce à une médiation russe !
Sa décision aurait été prise le 19 juin dernier, lorsque le président russe avait accueilli le prince saoudien en question. Au calendrier des discussions figurait bien entendu la Syrie, ainsi que les négociations sur le nucléaire iranien et Daesh.
Selon al-Akhbar, Après avoir assuré pour son hôte saoudien que l’accord nucléaire est presque achevé, ce qui de devrait pas être « une bonne nouvelle » pour Riad, et que Daesh devenait de plus en plus incontrôlable, voire un danger mondial , pour l’Arabie pour son symbolisme religieux, et pour la Russie car un grand nombre de miliciens de ce groupuscule terroriste sont originaires de l’Asie centrale, Poutine a dressé sa vision de la situation en Syrie : « après quatre année de conflits, le changement fait partie de l’humeur internationale tangible. Ni Genève-3, ni Moscou 3 et 4 ne sont plus suggérées alors que le terrorisme s’approche de votre territoire. La situation de l’armée syrienne s’améliore sur le terrain. Personne n’est persuadé parvenir à renverser Assad, hormis l’Arabie saoudite et la Turquie. La collaboration avec lui est désormais inévitable pour lutter contre le terrorisme qui menace tous ».
Le prince héritier semblait être convaincu, malgré lui, que le régime allait rester. Ce qui a encouragé son hôte à lui proposer la rencontre d’un grand responsable syrien. Ce qu’il a accepté, sans engagement de sa part.
10 jours plus tard, le 29 juin, a eu lieu la visite du ministre syrien des AE Walid al-Mouallem, de son adjoint Fayçal al-Mekdad, et de la conseillère du président Boussayna Chaabane à la capitale russe. C’est à ce moment que le président russe a parlé de la mise au point d’une alliance contre le terrorisme quadri partite comprenant la Jordanie, l’Arabie saoudite, la Turquie et la Syrie. L’Iran avait été exclu pour ne pas irriter Riad. La délégation syrienne n’a pu cacher sa surprise. Ce qui a fait dire à Mouallem que ceci nécessite « un miracle ».
Mais Poutine a insisté pour que cette demande soit transmise à son homologue syrien. Seules trois personnes étaient au courant : Assad, Mouallem et Mamlouk.
Toujours selon al-Akhbar, les services de renseignements russes ont été chargés de communiquer avec Mamlouk pour faire murir l’idée. Un autre contact a eu lieu au cours duquel les Russes ont transmis la condition des Saoudiens : que la rencontre ait lieu à Riad. Ce que Damas n’a pas rejeté.
Au bout de quelques semaines, un avion russe transportait Mamoulk de Damas au bureau du prince Mohammad Ben Salmane, à Riad.
La rencontre a eu lieu en présence du président des renseignements saoudiens Saleh al-Hamidane.
Al-Akhbar affirme que c’est un responsable russe qui a ouvert la rencontre en prononçant une lecture sur la conjoncture de la région, le danger qui guette tout le monde et la nécessité de l’affronter.
Par la suite, responsble syrien puis saoudien se sont affrontés, avec une grande franchise.
Mamlouk qui semble avoir pris le premier la parole, et après avoir rappelé que son pays, l’Arabie et l’Egypte ont pendant longtemps formé « le poids lourd du régime arabe », et que leurs relations ont toujours été très bonnes, a lancé ses accusations contre le royaume.
Il lui imputé l’entière responsabilité de ce qui s’est passé en Syrie comme destruction, soutien au terrorisme et son financement , la accusé d’avoir acheté la loyauté de certaines tribus depuis bien longtemps et d’avoir incité aux défections au sein de l’armée syrienne.
La politique saoudienne « a toujours été très sage et rationnelle, comment se fait-il que vous ayez suivi le pas au Qatar dont le rôle a été dévastateur en Tunisie, en Egypte, en Libye et ailleurs. Qui est donc le Qatar pour mener la politique saoudienne et la politique arabe », a reproché Mamlouk.
Et de poursuivre : « notre collaboration s’est poursuivie même après les divergences qui ont éclaté au lendemain de la mort de Rafic Hariri. Le roi défunt (Abdallah) a même visite Damas et pris le président Assad avec lui à Beyrouth. Saad Hariri est par la suite venu en personne à Damas, et il a séjourné dans les palais des Mouhajirine, et nous lui avons accordé toutes les facilités pour qu’il devienne Premier ministre. Les choses avançaient. Vous investissiez en Syrie. Et puis tout d’un coup tout a change et vous avez changé votre politique en Syrie».
Mamlouk a poursuivi : « malgré votre responsabilité dans tout ce qui s’est passé en Syrie, jamais nous n’avons nui à l’Arabie en tant qu’Etat, ni dans notre comportement politique ni médiatique », avant de conclure en disant : « notre situation en Syrie est excellente. Les rapports devraient vous parvenir sur les avancées de l’armée syrienne dans beaucoup d’endroits », émettant l’espoir que l’Arabie change de position.
Quant à la réponse du prince saoudien, elle s’est faite de la sorte : « souvent, vous avez eu l’occasion de réparer les choses mais vous n’avez pas écouté la voix de votre peuple. Notre problème avec vous c’est que vous avez pendant longtemps marche derrière l’Iran contre lequel nous menons une grande confrontation au niveau de la région. Vous avez accepté de faire part de l’alliance iranienne que nous accusons d’avoir dans la région des convoitises qui menacent notre entité… Au Liban, vous avez suivi le Hezbollah qui gravite dans la sphère de l’Iran et qui veut contrôler le Liban pour qu’il devienne un protectorat iranien ».
Faisant allusion au rôle de l’ancien ministre saoudien des AE Saoud al-Fayçal et de Bandar Ben Sultane dans le changement de la politique saoudienne à l’égard de la Syrie, le prince saoudien a conclu : « que nous rencontre soit le prélude que nous nous écoutions les uns les autres ».
Les deux protagonistes se sont mis d’accord pour poursuivre leurs contacts, sans toutefois désigner de représentant pour le suivi, ni fixer de date.
Néanmoins, le directeur de la gestion générale des renseignements syrien le général Dib Zeytoune se trouve à Moscou Syrie pour le suivi des détails de cette rencontre, assure le journal al-Akhbar.
La semaine dernière, une délégation émiratie se trouvait à Damas, dans ce qui semble être une réactivation des canaux de contacts avec le gouvernement syrien, après une baisse accrue durant ces deux dernières années. Il semble selon al-Akhbar, que Mamlouk aussi se soit rendu à plusieurs fois durant cette durée à Abu Dhabi et avoir en même temps accueilli de nombreux visiteurs émiratis à Damas. De nombreux diplomates syriens ont même obtenu des visas d’entrée dans les Emirats, alors que ceux qui sont accrédités dans l’ambassade de Syrie ont vu la date de séjour prorogée.