Le décès du père du nourrisson vient relancer des tensions déjà vives en Cisjordanie occupée.
Des milliers de Palestiniens ont assisté ce samedi aux funérailles du père du bébé palestinien brûlé vif dans l'incendie de leur maison par des colons extrémistes, un nouveau décès qui risque de relancer les tensions dans les Territoires palestiniens.
Dans son village de Douma entouré de colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, le corps de Saad Dawabcheh, 32 ans, le visage pudiquement enroulé dans un foulard pour cacher les brûlures qui lui ont coûté la vie, a été porté à bout de bras par une foule émue qui a salué un nouveau "martyr" et réclamé protection face aux colons israéliens qu'ils accusent de cette attaque.
Sous une nuée de drapeaux palestiniens, toutes générations confondues, la foule venue du village ou des alentours et parsemée d'officiels et de journalistes, brandissait des photographies de Saad Dawabcheh et de son fils Ali, 18 mois.
La mort du petit Ali, brûlé vif lorsque des hommes masqués ont incendié le 31 juillet leur petite maison aujourd'hui encore recouverte des mots "Vengeance" et "Prix à payer" tagués par des colons avait provoqué plusieurs jours de violences à travers la Cisjordanie entre Palestiniens, soldats et colons.
Le décès du père du nourrisson vient relancer des tensions déjà vives en Cisjordanie occupée. Les Palestiniens attendent par ailleurs anxieusement des nouvelles de l'état de santé de la mère, Riham, 26 ans, le corps quasiment entièrement brûlé au troisième degré et du frère du bébé, Ahmed, quatre ans, qui entame sa convalescence.
"Il est conscient et communique avec ses proches", a indiqué le docteur Marina Rubinstein à la radio israélienne. "Mais son état est toujours grave, il va devoir encore subir de nombreuses opérations et une très longue hospitalisation".
La résistance, un devoir
Le mouvement Hamas, au pouvoir à Gaza, a estimé qu'après ces morts, "la résistance" était devenue "un droit" mais aussi "un devoir" en Cisjordanie où la colonisation, le premier obstacle à la paix pour la communauté internationale, gagne chaque jour du terrain. De son côté, l'Autorité palestinienne a décidé de porter l'attaque de Douma à l'attention de la justice internationale.
Samedi, elle a fait autopsier le corps de Saad Dawabcheh afin d'apporter de nouvelles preuves à la Cour pénale internationale (CPI) qu'elle souhaiterait voir poursuivre les dirigeants israéliens qui "soutiennent les crimes des colons", selon le porte-parole du gouvernement Ehab Bseiso.
Protéger les villages
Pour Anouar Dawabcheh, un proche des victimes, "c'est un crime commis par les colons mais avec l'accord des autorités de l'occupation". "Ce n'est pas possible qu'Israël, avec son armée et ses services de renseignement, n'ait toujours aucune information", dit-il à l'AFP.
A Douma, comme dans d'autres villages, les habitants disent vivre dans la peur de nouvelles attaques, sans espoir d'obtenir protection des forces israéliennes, ni palestiniennes puisque ces dernières ne sont pas autorisées à se rendre dans plus de 60% de la Cisjordanie et ne peuvent accéder à la plupart des zones restantes qu'avec le feu vert d'Israël.
L'Autorité palestinienne a annoncé la création de "comités populaires" de protection mais pour Hossam Badran, un porte-parole du Hamas, il ne reste désormais plus "qu'un choix" aux Palestiniens, celui de l'"affrontement ouvert et global contre l'occupant".
De son côté, l'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient Nickolay Mladenov a appelé à juger "les auteurs de cet acte terroriste" car il ne faut pas "que les extrémistes (...) prennent le contrôle de l'ordre du jour politique".