L’ex-Premier ministre Nouri Maliki a apporté son soutien "à ces réformes qui sont nécessaires".
Le gouvernement irakien de Haider Al-Abadi a approuvé dimanche des réformes majeures prévoyant la suppression d'importants postes et de privilèges, à la suite d'une vague de manifestations contre la corruption et la mauvaise gouvernance.
Ces annonces visent à calmer le mécontentement populaire qui s'est exprimé dernièrement à Bagdad et dans le sud du pays lors de rassemblements contre la corruption et l'incompétence de la classe politique, sur fond de coupures quotidiennes d'électricité par des températures dépassant les 50° Celsius.
Même la plus haute autorité chiite d'Irak, l'ayatollah Ali al-Sistani, avait mis la pression sur le Premier ministre en l'appelant récemment à "être plus courageux et plus audacieux" dans la lutte contre la corruption et à dénoncer publiquement les politiciens hostiles aux réformes.
Après l'annonce des mesures envisagées par Abadi, un communiqué officiel est venu expliquer que le gouvernement avait "approuvé à l'unanimité lors d'une session extraordinaire le premier plan de réformes présenté par le Premier ministre".
La plus drastique est la suppression "immédiate" des postes des trois vice-Premier ministres et trois vice-présidents, dont Nouri al-Maliki, le prédécesseur de Abadi et son principal rival.
Maliki a apporté son soutien "à ces réformes qui sont nécessaires".
Celles qui doivent faire l'objet d'un amendement constitutionnel devront encore être soumises à l'approbation du Parlement, où la bataille risque d'être dure.
Le plan prévoit également l'abolition "des quotas confessionnels" et propose que les responsables soient choisis selon leurs compétences et non leur appartenance confessionnelle ou ethnique. Abadi souhaite ainsi que les candidats aux postes à haute responsabilité soient désormais sélectionnés selon "leurs compétences, honnêteté et expérience" par un comité désigné par le Premier ministre.
Le plan de réformes propose également la "réduction immédiate et globale" du nombre de gardes du corps, dans un pays où des officiels ont de véritables escouades de protection et d'autres en embauchent moins que permis pour empocher la différence de salaire.
La suppression des "provisions spéciales" allouées aux hauts responsables, en poste ou à la retraite, est également prévue.
Les salaires élevés, les voitures de fonction et les très généreuses retraites des hauts fonctionnaires ont été conspués dans les manifestations, alors que les finances du pays sont sévèrement touchées par la chute des prix du pétrole et les dépenses militaires.
Des mesures pour renforcer les pouvoirs des autorités anticorruption et d'autres visant à réduire le train de vie de l'Etat et améliorer la qualité des services publics sont également inclues dans le plan de réformes, en vertu duquel plusieurs dossiers de corruption, anciens ou récents, seront en outre rouverts sous la supervision d'une commission dédiée.
Le bureau du procureur général a d'ailleurs annoncé dimanche que la cour anticorruption avait reçu l'ordre d'ouvrir une enquête sur les allégations contre le vice-Premier ministre en charge de l'Energie, Bahaa al-Araji, très impopulaire et dont le poste doit être éliminé par les réformes.
Ce membre du parti de l'influent chef Moqtada al-Sadr a annoncé sa démission et s'est dit prêt à comparaître devant la justice pour se défendre.
Selon Zaid al-Ali, constitutionnaliste et auteur de "La lutte pour le futur de l'Irak", le système en Irak est "corrompu jusqu'à la moelle". "La Constitution est décrépite, le cadre législatif est inadapté et la classe politique totalement corrompue et incompétente", fustige aussi cet expert.
Manifestations populairesDimanche soir, des centaines de personnes qui manifestaient de nouveau dans le centre de Bagdad contre la corruption, ont exprimé leur soutien aux réformes en prévenant toutefois qu'il fallait qu'elles soient suivies d'effet.
"C'est un premier pas vers la libération de l'Irak de la corruption", a déclaré à l'AFP un participant, Samih Khalil.
"Il faudra suivre l'application de ces réformes de très près pour voir si elles sont sérieuses et crédibles", souligne Nabil Jassem, journaliste et un des principaux organisateurs du mouvement de contestation.
Avec AFP