"Si nous ne respectons pas cet accord, non seulement nous abandonnerons nos alliés, mais nous perdrons aussi notre impératif moral".
Si les Etats-Unis rompaient l'accord historique scellé avec l'Iran sur son programme nucléaire, notamment en cas de rejet par le Congrès, le dollar en pâtirait en tant que monnaie de réserve internationale, a mis en garde mardi le secrétaire d'Etat John Kerry.
Si "nous nous retournons et rejetons l'accord (...) c'est une recette très rapide, mes amis, pour que le dollar américain cesse d'être la monnaie de réserve mondiale", a prévenu M. Kerry lors d'une conférence à New York organisée par l'agence de presse Thomson Reuters.
Il a reconnu qu'une éventuelle atteinte au billet vert "ne se déroulerait pas du jour au lendemain".
"Mais les complications (...) seraient énormes, avec l'idée qu'il devrait y avoir une monnaie de réserve différente parce que les Etats-Unis se seraient mal comportés" en ne respectant pas le texte signé à Vienne le 14 juillet entre l'Iran et les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne).
En cas de rejet de cet accord, John Kerry a dit encore craindre "un profond impact négatif sur l'idée que les gens se font du leadership et de la crédibilité de l'Amérique".
Et "si nous ne respectons pas cet accord, non seulement nous abandonnerons nos alliés -- Grande-Bretagne, France, Allemagne -- et les parties prenantes -- Russie et Chine -- (mais) nous perdrons (aussi) notre impératif moral", a encore argumenté le secrétaire d'Etat.
"Si les Etats-Unis agissaient de la sorte, nous perdrions non seulement le soutien (de certains partenaires de Washington) en matière de sanctions mais également leur appui si nous devions avoir recours à la force militaire", a-t-il dit.
L’accord de Vienne doit garantir que l'Iran n'aura jamais la bombe atomique en échange d'une levée progressive et conditionnelle des sanctions internationales.
Le secrétaire d'Etat défend avec force depuis des semaines ce règlement historique en matière de non prolifération nucléaire: un message destiné à la fois au Congrès des Etats-Unis mais aussi aux monarchies du Golfe et à « Israël » sceptiques voire carrément hostiles à tout compromis avec l'Iran.
A Washington, les opposants, dont la majorité républicaine dans les deux chambres au Congrès mais aussi des élus démocrates, qui ont pris le parti des critiques de l'accord notamment en raison de la farouche opposition d' « Israël », ne devraient pas être en mesure de bloquer l'accord.
Un premier texte s'opposant au règlement de Vienne devrait être adopté au Congrès en septembre. Le président Barack Obama y opposerait son veto et il faudrait alors une majorité des deux tiers -- peu probable -- aux opposants pour l'emporter.
Avec AFP