Allan, un avocat de la ville de Naplouse au nord de la Cisjordanie sous occupation, est en grève de la faim illimitée pour protester contre sa détention sans inculpation.
Muhammad Allan était à son 54e jour de grève de la faim le lundi, trois jours après que les services pénitentiaires israéliens aient annoncé à son avocat qu’ils avaient l’intention de solliciter l’autorisation du tribunal pour alimenter le prisonnier de force.
Allan, un avocat de la ville de Naplouse au nord de la Cisjordanie sous occupation, est en grève de la faim illimitée pour protester contre sa détention sans inculpation ni procès depuis son arrestation au début de novembre de l’année dernière.
Allan a été transféré lundi matin de l’unité de soins intensifs du centre médical de Soroka, à l’hôpital Barzilai au sud de ce qui est aujourd’hui appelé Israël.
Les médecins à Soroka ont refusé de nourrir de force Allan, mais le comité d’éthique de l’hôpital a autorisé des examens forcés sur lui, ont déclaré les groupes de défense des droits humains, Addameer et Physicians for Human Rights-Israel.
« Une forme de torture »
Ce lundi, les médecins de l’hôpital Barzilai n’avaient pas encore soumis Allan au gavage, mais le directeur de l’hôpital a déclaré lundi que si l’état du gréviste de la faim se détériore gravement, le centre peut intervenir « pour sauver sa vie. »
Le directeur de l’hôpital, le Dr Hezi Levy, a déclaré à la radio de l’armée israélienne - comme cela est rapporté par le quotidien Haaretz - que « Nous allons travailler en fonction de la loi sur les droits des patients israéliens, et de ce que notre éthique nous permet. »
La loi sur les droits des patients interdit le gavage et l’Association médicale israélienne a protesté contre la loi adoptée le mois dernier qui autorise cette méthode avec une ordonnance du tribunal.
Haaretz a ajouté que le président de la division de l’éthique de l’association a déclaré à la radio de l’armée lundi : « Le gavage est une action brutale, énergique et invasive qui peut tuer le prisonnier », ajoutant : « Vous pouvez déchirer l’œsophage ou à tort introduire des aliments dans les poumons et le faire mourir. ... Le gavage est une forme de torture, et c’est interdit ».
L’Association Médicale Mondiale a condamné la pratique dans une lettre au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, la qualifiant de « traitements inhumains dégradants, assimilables à la torture. »
Menotté sur son lit d’hôpital
Jawad Boulos, directeur de l’unité juridique du Club des prisonniers palestiniens, a visité Allan. Il a déclaré au site internet en langue arabe al-Qods, que le prisonnier est détenu dans l’unité de soins intensifs, entouré de six gardes, et qu’il est menotté à sa jambe droite et à sa main gauche au lit d’hôpital.
Boulos a déclaré qu’il avait rencontré le chef de l’unité de soins intensifs et responsable du personnel médical de l’hôpital, et qu’il avait été informé que le personnel n’était pas prêt à gaver Allan.
Bien que la santé de Allan se soit grandement détériorée, Addameer et Physicians for Human Rights-Israel ont déclaré aujourd’hui : « Il n’y a aucune justification pour tout traitement forcé ou gavage, car [Allan] est toujours bien conscient ; il comprend tout à fait sa condition et les conséquences de son action ; il est capable de participer à une discussion et il a exprimé clairement sa volonté de ne pas se faire examiner ni traiter ».
Les groupes de défense des droits de l’homme ont ajouté : « Toute contrainte médicale sur Allan, malgré son refus, peut entraîner l’effet inverse et provoquer des problèmes de santé graves et même potentiellement mettre en péril sa vie, comme il ressort de précédentes tentatives par Israël de nourrir de force des grévistes de la faim palestiniens au cours des années 1980, ce qui avait fait plusieurs morts ».
Une révolte qui s’étend
Pendant ce temps, une rébellion plus large dans les prisons israéliennes s’est poursuivie lundi avec trois organisations palestiniennes - le Hamas, le Front Populaire pour la Libération de la Palestine, et le Jihad islamique - jurant d’intensifier une campagne de désobéissance dans les prisons israéliennes de Rimon et Nafha.
« La campagne de désobéissance survient après plusieurs jours de chaos à l’intérieur des prisons israéliennes du sud, où près de 200 Palestiniens prisonniers se sont mis en grève de la faim pour protester contre leur traitement aux mains des services pénitentiaires israéliens, » a rapporté l’agence Ma’an News.
« Ce lundi, après six jours de refus de s’alimenter, environ 120 [prisonniers] affiliés au Fatah ont accepté de suspendre leur grève de la faim pour une période de deux semaines après des entretiens avec les services pénitentiaires israéliens, » a ajouté l’agence.
Au début du mois de juillet, Israël avait dans ses prisons 5442 prisonniers et détenus politiques palestiniens, ainsi que près de 1000 Palestiniens détenus pour être entrés en Israël « illégalement », selon les statistiques recueillies par B’Tselem, l’association israélienne de défense des droits de l’homme israélienne.
Info-Palestine