24-11-2024 08:58 PM Jerusalem Timing

USA: les "néocons" réapparaissent dans la course à la Maison Blanche

USA: les

Les candidats à la primaire républicaine adoptent de nouveau un discours plus robuste et sollicitent l’aide des anciens néocons de l’administration Busch

On les croyait morts et enterrés sur le champ de bataille irakien. Mais l'approche musclée et belliqueuse de la politique étrangère américaine des "néoconservateurs" ressurgit à la faveur de la course républicaine à la présidentielle de 2016.
   
Incarnés par l'ancien vice-président américain Dick Cheney et le chef du Pentagone Donald Rumsfeld, les "néocons" ont fait profil bas pendant près d'une décennie, discrédités par le désastre de la guerre en Irak.
 
Mais dans la course à la Maison Blanche, les candidats à la primaire républicaine adoptent de nouveau un discours plus robuste, les 17 prétendants jouant la surenchère pour dénoncer la "faiblesse" des politiques étrangères du président démocrate Barack Obama.
 
"Nous avons besoin d'un commandant en chef (des armées) qui saura tenir tête à nos ennemis", a déclaré l'un d'eux, Ted Cruz, lors du premier débat républicain le 6 août, les candidats clamant en chœur que la tiédeur de l'administration Obama a laissé un vide où se sont engouffrés la Russie, l'Iran, la Chine et les groupes jihadistes.
   
Des noms disparus depuis la présidence de George W. Bush (2001-2009) refont surface.
Son frère, Jeb Bush, candidat à son tour à la Maison Blanche, a ainsi sollicité les conseils de Paul Wolfowitz, ancien numéro deux du Pentagone (2001-2005) et à l'époque l'un des plus fervents avocats d'une intervention armée en Irak.
   
Touchant à un héritage que certains pensaient pourtant toxique pour sa candidature, Jeb Bush a déclaré publiquement mardi que "faire chuter Saddam Hussein s'est finalement révélé être une assez bonne affaire".
   
Le candidat Lindsey Graham est lui devenu le chantre d'une intervention terrestre en Irak et en Syrie pour combattre le groupe Etat islamique (EI).
   
Et le sénateur Marco Rubio, un autre aspirant républicain, a de son côté recruté Jamie Fly, ancien de l'équipe chargée de la sécurité nationale sous George W. Bush. Jamie Fly estimait en 2012 dans un livre que les Etats-Unis devraient agir pour un changement de régime en Iran en s'appuyant sur une campagne de bombardements visant des cibles gouvernementales.
   
 

Certifiés cinglés
   
Les candidats "constatent qu'ils ne peuvent pas gagner la Maison Blanche sans les 11 à 12% d'Américains qui sont certifiés cinglés", assure Lawrence Wilkerson, un républicain qui avait eu à en découdre avec les "néocons" lorsqu'il travaillait comme chef de cabinet pour l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell.
   
Un mélange de stratégie politique, de racisme et la difficulté d'accepter un certain déclin du pouvoir des Etats-Unis ont poussé les candidats à se ressaisir de ces idées pour attirer ces électeurs, selon lui.  
"Les républicains ont besoin de leur vote, et ils votent", explique Lawrence Wilkerson à l'AFP. "Ils détestent aussi profondément le président. Certains sont juste profondément racistes."
 "+Nous sommes la nation indispensable, nous sommes la nation exceptionnelle, nous devons remonter au sommet+, disent ces candidats républicains et +oh, au fait le type à la Maison Blanche qui en plus est Noir a le plus contribué (à ce déclin)+, oubliant complètement que George W. Bush et Dick Cheney ont le plus concouru à l'accélérer", assure Lawrence Wilkerson.
   
Chercheur à l'institut de recherches Foreign Policy Research Institute, orienté à droite, Mark Moyar dénonce ainsi la politique étrangère de Barack Obama, conçue selon lui au coup par coup comme un "exercice ad hoc de gestion de crise".
"Les mois de pouvoir qui restent à Obama donneront aux ennemis de l'Amérique assez de temps et d'espace pour accumuler des forces. Rester passifs et faire des gestes purement symboliques pourraient même pousser nos ennemis à lancer des provocations audacieuses, en espérant voler plus de moutons avant qu'un berger plus vigilant n'arrive."
   
S'ils arrivaient au pouvoir, veut pourtant croire Lawrence Wilkerson, des prétendants comme Jeb Bush ou Marco Rubio ne mettraient probablement pas en pratique la rhétorique "néocon" qui marque leurs campagnes.
"Une fois qu'ils se heurteront à la réalité, recevront leur premier briefing et s'installeront dans le Bureau ovale je crois, j'espère, qu'ils reviendront à une ligne de direction responsable", estime M. Wilkerson.