Face au laxisme de l’Etat et à la politique « sympathique » du ministre de la défense à l’époque Marwan Charbel, al-Assir a osé se comporter à sa guise, se croyant au-dessus de la loi.
Depuis 2011, l’imam de la mosquée Bilal Ben Rabah à Saïda, le radical Ahmad al-Assir, se bat contre des moulins à vent !
Premièrement, il s’est présenté au public comme étant un défenseur ardent du peuple syrien contre le pouvoir du président Bachar el-Assad. Se servant du discours de la lutte contre l’oppression et pour les droits du peuple syrien, al-Assir a rapidement gagné en popularité sur la scène libanaise.
Ses partisans se sont multipliés autour de lui, et le jeune cheikh a commencé à se gonfler.
Se contentant des discours solennels et des rassemblements show-off, que ce soit au centre-ville de Beyrouth ou à Saïda, le porteur de la flamme de la liberté a changé de cap.
Ebloui par les caméras qui le traquent partout, al-Assir a cherché à refléter une image différente de tous les autres hommes de religion : un cheikh fortement narcissique qui se comporte comme bon lui semble pour attirer tous les regards!
On le voit ainsi s’amuser et jouer avec de la neige avec des partisans longuement barbus et leurs femmes toutes en noir, affligés par les maux qui frappent le peuple syrien !
Et il se fait filmer en train de conduire un vélo au centre de Saïda, après avoir fermé les accès à la ville et perturbé la vie quotidienne de la population. Ce défenseur des droits des pauvres qui interdit aux pauvres de travailler pendant 35 jours de suite!
Et il continue de se gonfler.
Face au laxisme de l’Etat et à la politique « sympathique » du ministre de la défense à l’époque Marwan Charbel, al-Assir a osé se comporter à sa guise, se croyant au-dessus de la loi.
De la guerre en Syrie, les discours d’al-Assir se sont concentrés ensuite sur les armes du Hezbollah. Il a lancé toute une campagne, médiatique évidemment, contre le parti de la résistance qui « monopolise la décision de l’Etat, crée un mini-Etat dans le pays, et terrorise les sunnites ».
La seconde bataille d’al-Assir n’était point fortuite. Elle s’inscrit dans le cadre de la guerre médiatique organisée pour délégitimer la résistance et porter un coup fatal à ses exploits. Les bailleurs de fonds arabes et étrangers sont certes connus.
Taper sur le nerf sunnite-chiite
Et pour augmenter sa popularité sur la scène libanaise, al-Assir a cherché à taper sur le nerf sunnite-chiite. Il s’est montré comme un grand défenseur de la communauté sunnite « déshéritée » du Liban.
« Prétendre être sunnite et défendre les droits des sunnites n’est pas aussi simples. Qui a délégué al-Assir pour porter la bannière des sunnites ? Son concept du sunnisme est erroné et son objectif a dévié de la bonne voie. Il s’est fixé un objectif illusoire », confie l’imam de la mosquée al-Qods à Saïda, cheikh Maher Hammoud, au site d’al-Manar.
« Supposons que les sunnites ont été maltraités. Est-ce le blocage des routes et la campagne d’insultes contre l’institution militaire sont le moyen convenable pour restituer les droits des sunnites ? », a-t-il demandé, réitérant que son action a été entachée de multiples illusions et d’erreurs de principe.
Dans son dernier discours, le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a indiqué que toutes les communautés du pays se sentent frustrées à cause de l’absence de l’Etat et de ses services vitaux essentiels. Il a appelé à un Etat de partenariat qui représente tout le monde et satisfait les besoins de la population sans discrimination aucune.
Le projet d'al-Assir: Loin du nationalisme
A la question de savoir si le mouvement d’Ahmad al-Assir a reflété la position de la communauté sunnite, cheikh Maher Hammoud a répondu :
« A un certain moment, les slogans défendus par al-Assir ont reflété l’état d’âme des gens, mais lorsqu’il a coupé les routes en juin 2012, et qu’il s’est lancé dans une guerre contre l’Etat, sa popularité a été entamée. Sachez que jamais les sunnites ne se sont sentis satisfaits au Liban. Seuls des projets nationalistes arabes tels que le projet du leader Jamal Abdel Nasser ou de Yasser Arafat représentaient le point de vue des sunnites », a-t-il expliqué.
Mais le projet d’Ahmad al-Assir n’a jamais été nationaliste. Lui qui est parti combattre auprès des miliciens terroristes en Syrie d’après les photos qui ont circulé sur la toile, lui qui a commandé une bataille sans merci à Abra contre les soldats de l’armée, faisant 18 martyrs parmi eux. Lui qui s’est accroché dans les quartiers de Saïda et provoqué des morts à cause d’une banderole sur l’Achoura, la cérémonie funèbre qui commémore le martyre du petit-fils du prophète de l’Islam, l’Imam Hussein ben Ali.
Cheikh Maher Hammoud dévoile clairement les intentions d’Ahmad al-Assir.
« Il a cherché à m’assassiner parce que nous avons contribué à dénoncer au grand public son projet, parce que nous soutenons la résistance. C’était une entrave pour le bon déroulement de son projet ».
Dans ses premiers aveux faits après son arrestation par la sureté générale à l’aéroport international de Beyrouth, al-Assir a admis qu’il projetait d’assassiner cheikh Maher Hammoud et le responsable du Hezbollah à Saïda cheikh Zeid Daher.
De la lutte en faveur du peuple syrien, passant par le combat pour la restitution des droits des sunnites, arrivant à la planification d’attentats terroristes, et son arrestation à l’aéroport international de Beyrouth : tel est le parcours d’Ahmad al-Assir, la grenouille qui n’a pas tardé à se dégonfler, lui qui a voulu se faire aussi gros que le bœuf !