Ralliement de suffisamment de sénateurs en prévision du vote qui aura lieu dans les prochaines semaines.
Le suspense est terminé: le président américain Barack Obama devrait sortir victorieux de la bataille au Congrès sur l'accord nucléaire avec l'Iran, après le ralliement de suffisamment de sénateurs mercredi en prévision du vote qui aura lieu dans les prochaines semaines.
Depuis l'Alaska où Barack Obama est en déplacement, son porte-parole Josh Earnest s'est félicité que plus du tiers du Sénat soutienne désormais l'accord.
Il y a vu "une validation" de l'entreprise de persuasion du président et de son équipe auprès des parlementaires.
Depuis des semaines, l'administration américaine démocrate faisait le siège du Congrès, aux mains des républicains, pour convaincre les parlementaires de ne pas torpiller le texte de Vienne.
Le Congrès s'est en effet arrogé le pouvoir de passer en revue l'accord et d'en empêcher éventuellement l'application par Washington. Si les républicains avaient aussitôt annoncé leur opposition, le doute persistait sur la capacité de l'exécutif à rassembler assez d'élus démocrates pour leur faire barrage.
Avec le ralliement mercredi de la sénatrice démocrate Barbara Mikulski, et d'au moins 34 sénateurs sur 100 au total, tous démocrates, la Maison Blanche peut désormais compter sur une minorité suffisante pour lui assurer une victoire, certes courte.
Les chefs républicains du Congrès mettront aux voix, avant le 17 septembre, une "résolution de désapprobation" de l'accord nucléaire; la Chambre des représentants votera dès la semaine prochaine. Cette résolution interdirait à Washington de lever la plupart des sanctions contre Téhéran, tel que le prévoit l'accord de Vienne, en contrepartie de l'engagement de l'Iran à ne pas fabriquer d'arme nucléaire.
Cette résolution devrait être adoptée dans un premier temps, car les républicains disposent de la majorité absolue à la Chambre et au Sénat.
Le président des Etats-Unis opposera son veto à la résolution, forçant de nouveaux votes, mais cette fois une majorité des deux-tiers sera requise dans chacune des deux chambres.
Même si la Chambre des représentants votait in fine contre, l'échec prévisible des républicains au Sénat garantit que le Congrès ne sera pas capable de couler l'accord nucléaire.
Vote de conscience
"Les démocrates ont gagné, l'accord sur l'Iran est fait. Avec Mikulski, Obama a toutes les voix dont il a besoin", a reconnu le numéro deux des sénateurs républicains, John Cornyn.
Les démocrates disent n'avoir pris leur décision qu'après un été de réflexion et des dizaines de réunions avec l'administration, la communauté du renseignement et des ambassadeurs des autres pays signataires de l'accord.
Beaucoup soulignent les faiblesses du pacte et regrettent l'ambiguïté des protocoles d'inspection, ou la levée de l'embargo sur les armes après cinq ans.
Mais cet accord est jugé préférable à l'affrontement qu'un rejet du texte déclencherait. Sans compter un probable isolement diplomatique des Etats-Unis, alors qu'Européens, Chinois et Russes semblent peu enclins à retourner à la table des négociations.
"Aucun accord n'est parfait, surtout un accord négocié avec le régime iranien", a déclaré Barbara Mikulski.
Le vote, présenté comme le plus important vote de conscience de leur carrière, sera difficile pour les élus des circonscriptions où les électeurs juifs sont nombreux. Les sénateurs Chuck Schumer de New York et Robert Menendez du New Jersey ont déjà annoncé leur opposition, comme plusieurs élus de New York à la Chambre des représentants.
La date du scrutin pourrait être annoncée la semaine prochaine lorsque le Congrès rentrera de congés d'été, présageant deux semaines hyper-partisanes, sous pression des millions de dollars dépensés de part et d'autre par les lobbys.
Mais Barack Obama aura peu de temps, avant son départ de la Maison Blanche en janvier 2017, pour démontrer les bienfaits de l'accord aux Américains. Le candidat aux primaires républicaines Marco Rubio a immédiatement rappelé mercredi qu'en tant que président, il remettrait les sanctions contre l'Iran en place.
Avec AFP