"Certains Etats membres ne pensent qu’à endiguer la vague de migrants tandis que d’autres veulent plus de solidarité en défendant ce qu’on appelle les quotas obligatoires" de répartition de réfugiés entre les 28 pays de l’UE.
Le président du Conseil européen Donald Tusk a mis en garde jeudi matin contre une "division entre l'Est et l'Ouest de l'Union européenne" sur l'accueil des réfugiés, juste avant de recevoir à Bruxelles le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dont le pays est devenu une plaque tournante pour les migrants.
"Pardonnez-moi pour la simplification, mais il y a comme une division entre l'Est et l'Ouest de l'Union européenne", s'est inquiété M. Tusk lors d'un discours devant les ambassadeurs de l'UE jeudi matin.
"Certains Etats membres ne pensent qu'à endiguer la vague de migrants, ce qui est symbolisé par la clôture controversée en Hongrie, tandis que d'autres veulent plus de solidarité en défendant (...) ce qu'on appelle les quotas obligatoires" de répartition de réfugiés entre les 28 pays de l'Union, a expliqué le président du Conseil.
"C'est un défi clé que de trouver un dénominateur commun, mais ambitieux", a-t-il plaidé, alors que l'Allemagne n'a pas mâché ses mots contre certains pays d'Europe de l'Est qui refusent d'accueillir des réfugiés par le biais de ce système.
M. Orban sera également reçu jeudi à Bruxelles par le président du Parlement européen Martin Schulz et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
A Budapest, la principale gare de la capitale hongroise, d'où des centaines de migrants avaient été évacués mardi, a rouvert ses portes jeudi matin, mais les liaisons pour l'Europe occidentale restaient suspendues.
La Hongrie est devenue une plaque tournante pour les migrants, dont 50.000 ont afflué dans le pays pour le seul mois d'août, dans l'espoir de poursuivre leur périple vers l'Allemagne et d'autres pays d'Europe occidentale.
Tusk appelle à la répartition d'au moins 100.000 réfugiés au sein de l'UE
Tusk a en outre appelé les Etats membres de l'Union européenne à "redoubler leurs efforts de solidarité" avec les pays en première ligne dans la crise migratoire en se répartissant l'accueil d'"au moins 100.000 réfugiés".
"J'appelle tous les dirigeants de l'UE à faire preuve de solidarité avec les Etats membres qui font face à une vague migratoire sans précédent", a déclaré M. Tusk.
Il a appelé à "une répartition équitable d'au moins 100.000 réfugiés" alors que les 28 pays de l'Union ont jusqu'ici résisté à un système de redistribution des demandeurs d'asile proposé par Bruxelles, n'offrant que 32.256 places, contre les 40.000 demandées.
"C'est un vrai paradoxe que les plus grands pays en Europe comme l'Allemagne et l'Italie aient besoin de notre solidarité, tout comme la Hongrie", a souligné M. Tusk, aux côtés du Premier ministre hongrois Viktor Orban en visite à Bruxelles.
"Si nos dirigeants ne montrent pas leur bonne volonté, la solidarité deviendra un slogan creux et sera remplacée par du chantage politique, des divisions et un nouveau jeu d'accusations mutuelles", a mis en garde le président du Conseil européen, qui représente les 28 Etats membres de l'UE.
M. Tusk s'est également inquiété de la division entre Européens sur la question de l'accueil des réfugiés. "Il serait impardonnable si l'Europe se déchirait entre les avocats de l'endiguement symbolisé par le mur hongrois et les avocats d'une pleine ouverture demandée par certains hommes politiques", a estimé M. Tusk.
Il a aussi été dans le sens de M. Orban, qui défend la construction de la clôture de barbelés comme la seule façon de pouvoir appliquer les règles européennes sur le contrôle des frontières extérieures de l'espace Schengen et l'obligation d'enregistrer tout demandeur d'asile à son arrivée.
"Nous devons aussi nous occuper sérieusement de la façon de savoir comment contenir la vague migratoire (...) et reprendre les clés de l'Europe des mains des trafiquants et des meurtriers", a ainsi souligné M. Tusk.