24-11-2024 10:42 AM Jerusalem Timing

Syrie: cheikh druze tué au sud..Que cache cet assassinat?

Syrie: cheikh druze tué au sud..Que cache cet assassinat?

Des Combats au nord de la Syrie entre Daesh et les autres milice, autour de Marea.

Les combats entre les milices battent leur plein autour de la localité stratégique de Marea, au nord de la Syrie, aux confins avec la Turquie. Alors que dans le sud syrien, un religieux druze hostile au pouvoir syrien a été tué dans un attentat dans la province de Souweïda aux confins avec le Golan occupé.
Souweïda

Cheikh Wahid al-Balous a péri ainsi que son assistant dans un premier attentat à la voiture piégée, alors qu'il conduisait dans la périphérie de la ville de Souweïda. Selon le journal libanais assafir, ses deux fils et son frère ont également péri avec lui.

A peine les blessés ont-ils été évacués qu’une deuxième voiture piégée a explosé près de l'hôpital, dans le quartier de Dahr al-Jabal.

Selon l’agence officielle Sana, 4 personnes ont péri dans le premier attentat et 4 autres dans le second, alors que l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), instance de l’opposition armée soutenue par l’Occident a fait état de 26 tués et d’une cinquantaine de blessés.

Selon le correspondant du journal libanais al-Akhbar, la voiture du religieux druze faisait partie d’un convoi de 11 véhicules et l’une des plus influentes références religieuses druzes en faisait partie, Cheikh Rakan al-Atrache qui en est sorti indemne.    

Un projet de sédition interne

Cheikh Al-Balous  était connu pour ses positions hostiles au pouvoir syrien. Il s'était opposé à ce que les recrues de l'armée syrienne originaires de Souweïda soient envoyées combattre hors de la province.

Il dirigeait aussi un groupe, 'Les cheikhs de la dignité', qui s'est donné pour mission de protéger les zones druzes en Syrie".

Selon Assafir, il était considéré par de nombreux de ses compères de la communauté druze comme étant « un projet de sédition interne » d’autant qu’il disposait d’une milice de plusieurs centaines d’hommes armés.

Celle-ci ne fait partie des 150 groupes comptant quelques 7.000 combattants druzes qui ont été formés, pour suppléer à l’armée syrienne dans cette zone, dans le cadre du « Bouclier de la patrie ».

Proche de Joumblatt, loin du pouvoir syrien...Positions libanaises

Balous était également proche du dirigeant libanais druze Walid Joumblatt,  très hostile au président syrien Bachar al-Assad. Sa mort a été l’occasion pour ce dernier de lancer de nouveau sa diatribe contre le pouvoir syrien, l’accusant d’être derrière le meurtre.
 
"Mes condoléances à Cheikh Wahid al-Balous et ses compagnons, qui ont été assassinés par le régime de Bachar al-Assad", a-t-il écrit dans un message posté sur Twitter.

Le journal libanais al-Akhbar soupçonne Joumblatt de sauter sur l’occasion pour inciter les habitants de cette province à s’insurger contre l’Etat syrien. « L’heure du tri a sonné. Toutes mes salutations à tous les martyrs et prisonniers du peuple syrien fier. Cette occasion doit être propice pour la rébellion de la montagne, la montagne fière de la Syrie face au régime », lui a  rapporté al-Anba’, le journal de son parti, en allusion à la Montage al-Arab habitée par les druzes de Syrie.

Or, la position du deuxième dirigeant druze libanais, Talal Arslane est diamétralement opposée. Il a appelé les religieux druzes et tous les frères   de la montagne al-Arab à faire preuve de sagesse, de raison pour endiguer la zizanie», mettant en garde contre « une conspiration qui vise à assujettir cette région car elle refuse tous les complots tissés contre la Syrie ».


Même suspicion chez le troisième dirigeant druze libanais Wiam Wahhab , lequel jouit d'une popularité importante dans la région syrienne druze. Il a estimé que la mort de Balous ne peut en aucun cas être attribuée au pouvoir syrien, accusant en revanche la branche d'a-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra d'avoir voulu le tuer pour semer la sédition dans cette province et l'investir.

Le chef des druzes syriens, Cheikh Youssef Jarboua, a de son côté accusé "les ennemis de la nation" de l'attaque.


Emeutes contrôlés, les forces syriennes sur leurs gardes

Selon l’AFP, la mort du religieux druze a effectivement provoqué des émeutes à Souweida, où des manifestants ont détruit dans la nuit de vendredi à samedi une statue de Hafez al-Assad, précédent président syrien et père défunt de l'actuel dirigeant, selon l'OSDH.

"Des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant des institutions gouvernementales (...) Ils ont brûlé des voitures et des coups de feu ont été entendus dans la ville", précise l’OSDH, décrivant des troubles nocturnes "considérables" dans une ville jusque-là largement épargnée les violences de la guerre syrienne.

Les autorités syriennes, pour leur part se sont comportées avec délicatesse avec ces émeutes, évitant toute friction. Selon al-Akhbar, Toutes les patrouilles sécuritaires se sont retirées des rues  et les forces de l’ordre ont riposté aux sources des tirs de feu en s’efforçant de ne tuer personne parmi leurs auteurs.
   
Le Conseil des ministres syriens a quant à lui condamné les "explosions terroristes ayant visé Souweida, tuant et blessant des citoyens innocents", a rapporté l'agence officielle Sana. "Le peuple syrien ne cèdera pas devant ces actes lâches et continuera à combattre avec courage le terrorisme", selon un communiqué officiel.

 

6 militaires syriens tués, un mensonge


Ce samedi, l’OSDH a diffusé la rumeur selon laquelle au moins six membres des forces de sécurité syrienne ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi, ce que les forces de sécurité syriennes ont catégoriquement démenti.
   
"Six membres des forces de sécurité du régime ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi lors de manifestations à Souweïda", a indiqué l'OSDH.

"Les informations diffusées par des agences de presse et des télévisions sur des attaques contre des membres de la sécurité à l'intérieur de Souweïda, ne sont pas exactes", a assuré le chef de la police de Souweïda, Mohammad Samra, cité par l'agence nationale syrienne Sana.  Il a estimé que ces "mensonges (...) visent à porter atteinte à la résistance des habitants de Souweïda".
   
Selon des habitants, le calme était revenu samedi à Souweïda, et la sortie de la ville conduisant à Damas était bloquée par un barrage de l'armée.

   

 Bataille autour de Marea : Daesh contre les autres

Dans le nord syrien, la milice Wahhabite Daesh d’un côté et les autres milices s’entretuent sans répit, autour de la localité stratégique de Marea, aux confins avec la Turquie.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), instance de l’opposition armée soutenue par l’Occident, au moins 47 miliciens des deux bords ont péri. Dans un départage à prendre avec précaution, l’OSDH fait état de 20 rebelles tués et 27 jihadistes takfiristes.
 
Marea est considérée comme le plus important réservoir de combattants et d'armes dans la province d'Alep pour les insurgés,  car elle se trouve sur une route d'approvisionnement entre la frontière turque et les positions rebelles au nord d'Alep.

Depuis quelques mois, elle est dans le collimateur de Daesh qui cherche à étendre sa présence dans la province.

La semaine dernière, la milice wahhabite takfiriste a avancé dans la région, prenant aux autres insurgés cinq villages autour de Marea, après des accusations selon lesquelles elle a utilisé un agent chimique, probablement du gaz moutarde selon l’AFP, dans ses attaques.
   
Pourtant, ces derniers jours, la coalition internationale anti EI conduite par les Etats-Unis a mené des raids contre ses positions près de Marea, selon le Pentagone.