Les forces de l’ordre ont interdit l’entrée dans Cizre à une délégation d’élus kurdes emmenée par M. Demirtas pour "des raisons de sécurité".
Le chef du principal parti prokurde de Turquie a encore dénoncé vendredi le couvre-feu imposé par les autorités aux habitants de Cizre (sud-est), en proie à des combats meurtriers entre l'armée et les rebelles kurdes, le comparant à "la peine de mort".
"Normalement, ceux qui violent un couvre-feu sont passibles d'une amende de 100 livres turques (30 euros). A Cizre, ils risquent la peine de mort et les exécutions", a déclaré à la presse le coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas.
Les forces de sécurité turques ont instauré depuis huit jours un strict couvre-feu à Cizre, frontalière de l'Irak dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, en raison des combats qu'elles y livrent aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le ministre de l'Intérieur Selami Altinok a indiqué jeudi que 30 à 32 combattants du PKK et un civil avaient été tués à Cizre.
Le HDP a pour sa part affirmé jeudi que ces affrontements avaient déjà causé la mort de 21 civils, dont des enfants, et dénonce, à grand renfort de photos diffusées sur les réseaux sociaux, le "blocus" imposé par les autorités aux 120.000 habitants de la ville.
Ces bilans n'ont pas été confirmés de source indépendante.
Les forces de l'ordre ont interdit jeudi l'entrée dans Cizre à une délégation d'élus kurdes emmenée par M. Demirtas pour "des raisons de sécurité".
"Ceux qui s'aventurent dans les rues sont tués par des tireurs embusqués", a insisté M. Demirtas, ajoutant que le ministre de l'Intérieur et le gouverneur local devaient rendre des comptes devant la justice. "Vous pourrez expliquer au tribunal comment vous avez donné l'ordre de ces exécutions", leur a-t-il lancé.
Selon l'agence de presse kurde Firat News, deux mineurs qui avaient violé le couvre-feu ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi.
Le commissaire du Conseil de l'Europe aux droits de l'Homme, Nils Muiznieks, a demandé vendredi à la Turquie de laisser entrer à Cizre des observateurs, dénonçant des "interférences avec les droits de l'Homme" et le "black-out" imposé à la ville.
Depuis la fin juillet, les affrontements meurtriers ont repris entre l'armée et le PKK dans le sud-est de la Turquie.