Un fils Kadhafi assure que sa famille a conclu un pacte avec les islamiques.
Des acteurs clés de la révolte contre Mouammar Kadhafi ont appelé mercredi au "limogeage" de plusieurs responsables de la rébellion libyenne après l'assassinat du chef d'état-major rebelle, ravivant les craintes de division au sein des rebelles.
L'influente Coalition du 17 février, groupement d'associations impliquées dans le soulèvement populaire puis la mise en place des institutions rebelles à Benghazi (est), a exigé le départ de trois membres du Conseil national de transition (CNT, organe politique des rebelles) suite à la mort du général Abdel Fatah Younès.
La Coalition du 17 février a dénoncé l'action du responsable chargé des Affaires internationales, Ali al-Essaoui, qui a paraphé la demande de "l'arrestation illégale et humiliante" de l'officier supérieur.
Elle a sévèrement critiqué la gestion de l'affaire par Jalal al-Digheily, chargé de la Défense, et son adjoint Fauzi Aboukatif, tous deux ayant "choisi de voyager en dehors du pays" après avoir été informés de l'arrestation de leur chef d'état-major.
Pour la Coalition du 17 février, le leadership du CNT ne doit "pas permettre la mise en place d'une armée parallèle, sous quelque nom que ce soit, aux côtés des institutions légitimes".
Rallié à la rébellion après avoir été un pilier du régime de Mouammar Kadhafi, le général Younès avait été tué vendredi dans de mystérieuses circonstances après avoir été rappelé du front pour un interrogatoire à Benghazi, la "capitale" du mouvement rebelle.
Le corps criblé de balles et partiellement brûlé du général Younès avait été retrouvé en périphérie de la ville. Deux colonels ont trouvé la mort en même temps que lui.
L'assassinat a suscité d'intenses spéculations sur l'identité des meurtriers, les divisions au sein de la rébellion, l'influence croissante des islamiques, ou l'existence d'une possible "cinquième colonne" derrière les lignes rebelles.
Des signes de tensions sont depuis lors perceptibles dans Benghazi, quadrillée par des hommes en armes et où une cellule dormante d'éléments pro-Kadhafi agissant sous la couverture d'une brigade rebelle a été démantelée ces derniers jours.
Contribuant à ce malaise, la puissante tribu des Al-Obeïdi, à laquelle appartenait le général Younès, a menacé de se faire justice elle-même si le CNT ne donne pas au plus vite une version crédible des faits et n'arrête pas les coupables présumés.
Organisées chaque soir au domicile du défunt, les condoléances à la famille sont l'occasion pour les chefs de cette tribu d'exprimer leur colère et leur suspicion contre certains hauts responsables de l'exécutif rebelle.
Zliten entre les mains du régime pro-Kadhafi
Sur le plan militaire, le gouvernement Kadhafi à Tripoli a démenti les informations faisant état d'une avancée des rebelles dans Zliten, verrou stratégique en direction de la capitale, et théâtre mardi de violents combats.
"Zliten est une ville libre sous notre contrôle total", a affirmé le porte-parole du gouvernement Moussa Ibrahim, selon qui les rebelles ont été repoussés après avoir subi de lourdes pertes.
Un porte-parole rebelle dans la ville voisine de Misrata a pour sa part assuré que, si les rebelles n'étaient pas présents dans le centre de Zliten, ils contrôlaient plusieurs quartiers de la ville.
Un fils Kadhafi assure que sa famille a conclu un pacte avec les islamiques
Seif al-Islam Kadhafi, l'un des fils du dirigeant libyen, a déclaré mercredi dans la presse américaine que sa famille avait scellé une alliance avec les islamiques du pays pour en finir avec l'opposition qui réclame le départ de son père.
Seif al-Islam Kadhafi, qui comme son père a longtemps clamé que l'opposition était menée par les islamistes, a assuré dans une interview accordée à Tripoli au New York Times que les rebelles "vont tous s'enfuir ou être tués (...) Nous y veillerons". Et de lancer que son pays allait alors "ressembler à l'Arabie saoudite ou à l'Iran. Et alors?".
Seif al-Islam a assuré au New York Times avoir négocié un pacte avec Ali Sallabi, l'un des chefs islamiques de l'est du pays aux mains des rebelles.
Ce dernier a confirmé au quotidien avoir eu des conversations avec le fils Kadhafi, sans toutefois dire que les islamiques avaient rejoint le camp du dirigeant en place depuis 42 ans.
Dans son interview, Seif al-Islam rapporte que les islamiques sont "les véritables forces sur le terrain" et que les pays occidentaux devront venir négocier avec eux. "Je sais que ce sont des terroristes. Ils sont sanguinaires.
Ils ne sont pas bons. Mais vous devez les accepter", a-t-il lancé.
Par cette interview, Seif al-Islam pourrait tenter d'exploiter les récentes divisions apparues dans le camp des rebelles depuis la mort du commandant militaire du Conseil national de transition (CNT), le général Abdel Fatah Younès.