La bataille se fait aussi bien en territoire yéménite que saoudien.
Sol saoudien, contre sol yéménite : telle est l’équation bien établie sur le terrain, en dépit du grand déséquilibre des forces militaires entre l’armée yéménite et les comités populaires d’Ansarullah d’une part, et la Coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite de l’autre.
Assir : soldats saoudiens faits prisonniers
Pour les combattants Houthis et leurs alliés, les soldats proches de l’ancien président Saleh, le terrain de bataille ne s’est jamais limité au territoire yéménite. Grand nombre de leurs opérations visent le sol saoudien, au nord du pays, bien avant que la Coalition arabe n'entame depuis dimanche son offensive en direction de la capitale yéménite Sanaa.
En plus de deux provinces limitrophes Najrane et Jizane, Assir se trouve dans leur colimateur.
Dimanche, ils y ont libéré quatre positions saoudiennes : Kachba, Hosn, Faya et Sahawa, rapporte le journal libanais al-Akhbar. Elles se trouvent dans la région Raboaa qui est désormais totalement entre leurs mains. Sachant que celle-ci se situe dans une région montagneuse que le Yémen et l’Arabie se partagent.
Un nombre indéterminé de soldats saoudiens ont été faits prisonniers durant l’opération, et 17 véhicules ont été détruits ou brûlés. Des sources militaires ont indiqué pour al-Akhbar que la région avait auparavant fait l’objet d’un bombardement intensif qui a détruit les dépôts d’armements et les militaires saoudiens ont été vus en train de fuir.
Jizane : de positions en positions: 5 soldats saoudiens tués
A Jizane, l’armée et les comités poursuivent leur avancée en vue de la libérer entièrement et de contrôler la totalité des positions saoudiennes qui s’y trouvent, comme c’est désormais le cas d’Amdoh, alRamih, alDoukhane et Dar al-Nacer.
Dans l'après-midi de ce lundi, une cinquième position est tombée entre les mains d'Ansarullah et de l'armée, Fardat al-Jabiri, et 6 véhicules y ont été détruits, selon le correspondant d'al-Manar. Auparavant, il a été question d’une fuite des soldats saoudiens d’une sixième position, Kanboul, toujours à Jizane.
Alors que trois positions encore sous contrôle saoudien, Khobarat, al-Jabiri et alMousaffek ont fait l’objet de tirs de missiles Grad.
Citant les sources de la Coalition arabe, l’AFP a pour sa part rendu compte de la mort de cinq soldats saoudiens tués à Jizane dans la nuit de dimanche à lundi.
Comme d’habitude, le communiqué de la coalition ne précise pas quand, ni dans quelles conditions les militaires - un soldat du rang et quatre garde-frontières - ont péri, indiquant simplement qu'ils sont morts "dans l'exercice de leurs fonctions en protégeant les frontières de la nation".
AFP : les plus lourdes pertes
Selon l’AFP, il s'agit des plus lourdes pertes dans un incident frontalier annoncées par la coalition depuis le 26 mars, début de la campagne de frappes aériennes contre le Yémen. Citant les sources de la coalition arabes, l’agence signale qu’au moins 60 personnes, la plupart des militaires, ont été tuées en Arabie saoudite par des bombardements et des affrontements sur la frontière yéménite depuis les premières attaques de la coalition.
Dix autres soldats saoudiens ont été tués au Yémen ce mois-ci. Ils faisaient partie d'un groupe de 60 soldats de la coalition tués lorsque leur base a été frappée par un missile, dans la province de Marib (centre).
Des sources saoudiennes et yéménites démentent ce dernier chiffre et font état de 300 militaires saoudiens, émiratis et bahreinis tués dans cette attaque.
Offensive vers Sanaa : 24 véhicules détruits ou brûlés
Sur le sol yéménite, rapporte l’AFP, des forces yéménites pro-Hadi (le président démissionnaire contesté), appuyées par la coalition, ont lancé dimanche une grande offensive terrestre et tentaient lundi d’occuper la capitale Sanaa qui est aux mains de l’armée yéménite et des comités d’Ansarullah.
A peine lancée dimanche dans Marib, cette province pétrolière située dans le centre du Yémen, l’offensive terrestre fait l’objet d’une résistance farouche : 24 de ses véhicules blindés ont été détruits dans une opération spéciale à Hamat-alMassariyah. Des sources militaires yéménites ont rendu compte de plusieurs dizaines de tués et de blessés dans les rangs des soldats saoudiens, émiratis, qataris et Bahreinis qui font part à l’offensive.
« L’offensive n’a pu réaliser aucun résultat, depuis que l’armée et les comités populaires ont brisé sa tête de lance et assiégé les assaillants, leur infligeant un nombre important de tués », a assuré une source yémenite de Mareb, pour notre site.
Objectifs de la Coalition
Selon l’AFP, citant des sources militaires pro-Hadi , l'offensive s’est mis comme objectif de se développer sur trois axes situés dans le nord-ouest de cette région désertique, et d'avancer à partir d'Al-Aber, localité située non loin de la frontière avec l'Arabie saoudite, vers quatre zones situées dans le nord-ouest de la province de Marib, en direction de Sanaa.
Il s'agit des zones de Sarwah, de Jadaane, du croisement d'Al-Jouf et de Harit, selon des sources militaires.
Pour sa part, l’AFP a écrit que cette progression se heurte à une certaine résistance, comme en témoigne la mort d'un soldat émirati dans les opérations, dans la nuit de dimanche à lundi et rapporte par l'agence officielle émiratie WAM en citant le commandement de l'armée.
Nouveaux raids aériens
Parallèlement à l'offensive terrestre, l'aviation de la coalition a concentré ses raids sur la partie sud de la province de Marib.
Selon l’AFP, trois zones d'implantation des rebelles ont été prises pour cible dimanche soir, selon les sources militaires yéménites.
Les environs d'Al-Aïn et de Bayhan, à la limite de la province méridionale de Chabwa, reprise aux rebelles en juillet, ont été particulièrement visés, selon ces sources.
Les raids aériens sont destinés à préparer l'arrivée dans ces zones de forces terrestres de la coalition qui auront pour tâche de "nettoyer" la région de toute présence rebelle, ont poursuivi les mêmes sources, pour l'AFP.
Pour sa part, l'agence yéménite Khabar Agency a rendu compte ce lundi de la mort de 7 personnes, dont le gardien et ses 6 proches dont des enfants, et ce dans le bombardement du batiment de l'Association agricole dans la région al-Ros, dans la province de Sanaa.
Hadi pose des conditions
Sur le plan politique, une position du président contesté a compromis les négociations de paix annoncées par l'ONU pour cette semaine.
Samedi soir, il a annoncé sa décision de ne participer à aucune négociation tant que les Houthis n'auront pas commencé à se retirer des territoires conquis depuis un an et à remettre les armes saisies depuis leur coup de force. Une condition qui semble difficilement acceptable pour les rebelles.