25-11-2024 09:24 AM Jerusalem Timing

Une délégation française à la "reconquête" commerciale de l’Iran

Une délégation française à la

Autrichiens, Italiens, Britanniques et Allemands ont devancé les Français à Téhéran.

Quelque 150 entreprises françaises dont des poids lourds du CAC 40, un ministre, un secrétaire d'Etat... L'organisation patronale française Medef a mis les petits plats dans les grands pour son premier voyage en Iran depuis la conclusion de l'accord sur le nucléaire iranien.

De lundi à mercredi, le Medef emmène "la plus grosse délégation européenne" en Iran depuis des années, pour un voyage "de prospection", car ce marché de 80 millions d'habitants suscite les convoitises dans la perspective d'une lévée des sanctions économiques internationales imposées depuis 2006.

Ils seront accompagnés du ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement français Stéphane Le Foll, et du secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur Matthias Fekl, appui apprécié par le Medef, dans un pays où économie et politique sont "souvent très liées".

Sont prévus également un forum d'affaires franco-iranien, avec une table-ronde sur l'agriculture, l'inauguration d'un bureau de BusinessFrance et des rencontres avec la plupart des ministres chargés de dossiers économiques.

"Nous y allons dans un esprit de reconquête, dans le sens noble du terme, mais conscients qu'on a du travail à faire", a déclaré Yves-Thibault de Silguy, vice-président de Medef International et vice-président du groupe de construction et de concessions Vinci.

Partenaire traditionnel de l'Iran, la France a vu ses échanges avec ce pays s'effondrer sous l'effet des sanctions: de 4 milliards d'euros en 2004, ils sont tombés à 500 millions en 2013, et sa part de marché est passée de 7% à 1%.

Si les contacts seront sans doute "un peu plus opérationnels" que lors du précédent voyage en février 2014, "les entreprises sont conscientes qu'elles ne vont pas en Iran pour signer des contrats tout de suite", a reconnu un représentant du Medef interrogé par l'AFP. Pour lui, les premières signatures devraient intervenir "plutôt à la fin du premier semestre 2016".

Des annonces pourraient aussi avoir lieu lors de la visite en France du président iranien Hassan Rohani, en novembre, selon l'entourage de M. Le Foll. 

'Ne pas confondre vitesse et précipitation'

Autrichiens, Italiens, Britanniques et Allemands ont devancé les Français à Téhéran. Mais cela n'inquiète pas Yves-Thibault de Silguy: "la concurrence étrangère n'est pas en avance sur nous, elle est confrontée aux mêmes problèmes de financement, de +timing+ de levée des sanctions", a-t-il estimé.

"Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation", a renchéri Matthias Fekl, dans un entretien au quotidien économique iranien Financial Tribune Daily.

La France a "d'abord voulu que les choses soient bien préparées au niveau diplomatique", rappelle son cabinet, avec la visite du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius fin juillet.

Le Medef souligne que la délégation comprendra "un grand nombre des groupes du CAC 40" et que "toutes les grandes entreprises qui s'intéressent à l'Iran seront présentes".

Dans l'énergie, Total enverra un responsable, tout comme Engie (ex-GDF Suez). Un secteur stratégique car l'Iran, qui produit encore 2,81 millions de barils de pétrole par jour, compte les deuxièmes réserves mondiales de gaz et les troisièmes pour le pétrole.

Mais, avec son importante classe moyenne et des besoins d'équipements élevés, le marché iranien représente un intérêt majeur pour de nombreux autres secteurs de l'économie.

Agroalimentaire, médical, industrie, infrastructures, aéronautique, biens de consommation, automobile... "Dans tous ces domaines, il y a de vrais besoins en Iran et ce sont des secteurs où l'excellence française est reconnue", souligne-t-on chez M. Fekl.

Certains, comme Accor ont pris de l'avance. Il a annoncé lundi être le premier groupe hôtelier international à s'implanter en Iran, et le constructeur automobile PSA Peugeot Citroën a évoqué dès fin juillet un accord de distribution pour la marque DS et des discussions en cours pour d'autres partenariats.

Aux termes de l'accord du 14 juillet entre Téhéran et les principales puissances occidentales, qui doit encore être ratifié, l'Iran a assuré que son programme nucléaire restera pacifique, comme il l’a toujours réitéré, en échange de la fin de l'embargo économique à son encontre.

Selon la Banque mondiale, la levée des sanctions va "raviver" l'économie iranienne avec une croissance de 5% en 2016 contre 3% cette année, et un bond de 17 milliards de dollars de ses exportations.

Avec AFP